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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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dit le père Crispiá, même si les autorités ne sont pas promptes à le reconnaître. Vos soins seront très appréciés sur le champ de bataille. Sa Majesté dispose de suffisamment de chevaliers et d’arbalétriers.
    — Venez-vous également à Alghero pour soigner les malades, mon père ?
    — Hélas, non, rien de si noble. Ou de si utile. Le fondateur de notre ordre voulait que nous nous consacrions à l’étude et à la prédication. Je suis plutôt à l’aise avec l’étude, même avec l’enseignement de ce que j’ai appris, mais je n’ai rien d’un orateur. Peu d’hommes veulent entendre des arguments philosophiques quand ils sont sur leur lit de mort. Ce qu’ils attendent, ce sont des exhortations, du réconfort, un aperçu du ciel, toutes choses que je porte en mon cœur mais ne puis énoncer avec ma langue.
    — Vos parents auraient peut-être dû vous envoyer en un lieu où la prédication a une moindre importance, fit remarquer Yusuf.
    — Mes parents… commença-t-il. Je n’étais plus sous l’autorité de mes parents depuis longtemps quand j’ai rejoint mon ordre, dit-il après un instant d’hésitation. Mais mes supérieurs ont reconnu mes points forts et pardonné mes faiblesses… c’est pourquoi, sur un vaisseau dont les passagers partent à la guerre, je me rends dans une certaine bibliothèque où se trouve un ouvrage que je désire consulter.
    — Un livre de philosophie ?
    — D’une certaine manière, oui. C’est un livre écrit par un grand astronome à propos de la mécanique des corps célestes.
    — Personne ici ne peut vous dire ce qu’il contient ? s’étonna Yusuf avec son pragmatisme habituel. Tout ce voyage me semble une perte de temps.
    — En premier lieu, il vaut mieux que je le lise moi-même. Et puis, il s’agit d’une petite bibliothèque, dans un monastère encore plus petit. Pour l’heure, aucun des frères qui y vivent ne sait lire ou écrire l’arabe. Pour les remercier de leur hospitalité, je traduirai cet ouvrage en une langue qu’ils peuvent comprendre, et pour me récompenser de mes efforts, ils me permettront d’en rédiger une copie destinée à la bibliothèque de mon ordre.
    — Vous savez lire l’arabe ? Et l’écrire ?
    — Oh oui ! fit le père Crispiá
    — Voudrez-vous me l’apprendre, mon père ? Je connais les lettres ainsi que de nombreux mots, mais il y a tant de choses que j’ai oubliées et plus encore que je n’ai jamais apprises ! dit Yusuf avec une telle passion qu’il en oublia sa résolution de dissimuler son passé à cet homme au regard si perçant.
     
    Le premier jour et le matin du deuxième, les hommes d’équipage tirèrent sur les avirons. Dès que le rythme en fut régulier, le père Crispiá et Yusuf empruntèrent l’escalier menant au pont. Partout sur la galée, l’on travaillait intensément, mais les autres passagers – Clara, Mundina, le représentant du trésorier et Gueralt de Robau – étaient introuvables.
    — Où sont-ils ? demanda Yusuf.
    — Dans leurs cabines, répondit le père Crispiá en désignant le pont arrière.
    — Même ce Gueralt ?
    — Je suppose qu’il a réussi à se trouver une place dans le château. Je savais qu’il y avait une couchette de libre, mais j’ai eu le sentiment que, si les autres devaient séjourner dans l’entrepont, je ne pouvais faire autrement, dit-il d’un ton contrit, comme si son manque d’assurance était un défaut qu’il devait expier. Mais j’ai apporté un livre ainsi que du papier, si vous voulez commencer à travailler l’arabe.
     
    Alors que Yusuf se colletait avec des éléments d’arabe, le représentant de Don Bernat de Relat vint se présenter aux femmes placées sous sa protection.
    — Je m’appelle Eximeno, maîtresse Clara, dit-il avec un regard appuyé. Si vous deviez manquer de quoi que ce soit pendant cette traversée, envoyez votre compagne dans ma cabine et je ferai de mon mieux pour vous apporter ce dont vous avez besoin.
    — Merci, Don Eximeno, murmura-t-elle, mais notre cabine comporte tout ce que l’on peut désirer.
    — J’en suis heureux. Si vous souhaitez prendre l’air, le pont situé devant le château vous est ouvert. Mais pour votre sécurité, maîtresse, je vous implore d’y conserver votre voile et de vous tenir à l’écart des autres. Sinon, demeurez dans votre cabine, aussi exiguë soit-elle. Si je ne peux rien pour vous pour l’instant, alors je vous souhaite une

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