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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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autour de sa tête, et ses yeux sombres reflétaient l’éclat de la soierie. Un instant, il crut s’être trompé de cabine.
    — Vous paraissez différente. En robe, veux-je dire.
    — N’est-elle pas élégante ? fit-elle, les yeux éclatants. Elle a jadis appartenu à Sa Majesté la reine avant d’être reprise pour l’une de ses dames, et voici aujourd’hui sa troisième incarnation.
    Elle tourna sur elle-même pour montrer ses jupons.
    — Je vois que vous êtes bien installée, dit-il enfin.
    Clara regarda autour d’elle, amusée.
    — C’est plus petit que mon réduit dans la cuisine de Barcelone.
    Il retrouvait la Clara qu’il connaissait. Effectivement, elle n’avait pas tort. Il y avait un filet pour ranger les effets, une couchette étroite et pas grand-chose d’autre.
    — Vous avez probablement chassé de ses quartiers le capitaine ou l’un de ses lieutenants, dit Oliver, mais il y a assez de place pour suspendre un hamac. Vous n’aurez pas à vous tasser toutes les deux sur une seule couchette.
    — Je prendrai le hamac, décida Clara. Je suis plus petite. Et vous le lit, dit-elle à Mundina. Yusuf et vous-même, où dormirez-vous ?
    — Yusuf fera la traversée avec les sous-officiers et les hommes d’équipage. Dans l’entrepont. Je ne vous accompagnerai pas : j’ai d’autres occupations pour l’instant.
    Clara s’assit sur la couchette. Tout l’éclat de la soie avait quitté son regard.
    — Je croyais que vous veniez en Sardaigne, dit-elle sur un ton de reproche, comme s’il l’avait frappée.
    — Je ne puis, répondit-il en s’accroupissant devant elle. J’ai rédigé un long rapport qui sera transmis à Sa Majesté. Une fois en Sardaigne, vous serez en sécurité.
    — Et jusque-là ?
    — Vous le serez aussi. Cette galée ne redoute pas les orages d’hiver ni les grains estivaux. Elle peut aussi filer à toute allure en cas d’attaque. Rares sont les navires qui pourraient rivaliser avec elle.
    Clara contempla ses mains.
    — Pourquoi ne m’avez-vous pas laissée rejoindre ma famille à Gérone ? Pourquoi me recueillir comme un chien perdu et m’envoyer de l’autre côté des mers vivre ma vie parmi des étrangers ?
    — Parce que vous n’aviez aucune chance d’y arriver, Clara. Même sous les traits d’un garçon. C’est un miracle que vous soyez allée aussi loin. Vous ignorez le nom de vos parents et ne savez même pas s’ils sont encore vivants. La Peste noire ne s’est pas arrêtée à Barcelone. Elle a également frappé Gérone. Et puis, je savais aussi pourquoi je vous aidais.
    — Vraiment ? s’étonna Clara. Sincèrement, vos raisons m’échappent encore, seigneur Oliver. Vous arrêtez-vous pour secourir tous les enfants en haillons que vous voyez au bord du chemin ?
    — Non. En toute honnêteté, je ne fais rien de tel.
    — Alors, quelles sont vos raisons ? Dites-le-moi. Quelles sont-elles ?
    — Je puis en tout cas dire que mes raisons n’étaient pas mauvaises.
    — Oui, mais vous ne direz pas ce qu’elles étaient.
    — Comment le puis-je si je n’en suis pas certain moi-même ? Me croirez-vous quand je prétends que vous pourriez être l’enfant d’un seigneur à qui j’ai prêté serment d’allégeance ? Je ne suis pas sûr de cela, mais c’est chose possible.
    — Et si vous découvrez que ce n’est pas le cas ? Que se passera-t-il ? Me dépouillerez-vous de cette robe, la renverrez-vous à Sa Majesté et me rejetterez-vous à la rue ?
    — Croyez-vous donc que je sois un tel monstre ? Si c’est ainsi que vous me voyez, je ne suis pas surpris que vous vous interrogiez sur mes mobiles, maîtresse Clara !
    Il s’inclina.
    — Je vous souhaite une traversée rapide et paisible jusqu’en Sardaigne. Bonjour.
    Avant même qu’elle pût répondre, il avait disparu.
     
    La majeure partie du pont supérieur de l’embarcation était occupée par les bancs des rameurs, vingt-cinq de chaque côté, séparés par une allée. Quand Yusuf monta à bord après avoir quitté la barque qui amenait les passagers, on le conduisit vers une partie relativement spacieuse de l’entrepont aménagée spécialement pour eux et pour les officiers. Comparé à sa chambre chez maître Isaac, c’était plutôt exigu et spartiate. Quatre hublots assuraient l’aération : c’était décidément étouffant. Clara et Mundina avaient été emmenées par le seigneur Oliver. Gueralt de Robau avait également disparu,

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