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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sens pas très bien, dit-elle.
    — Pendant tout le temps que vous avez passé sur le navire, avec toutes ces vagues, vous n’avez rien eu, dit Mundina. Et maintenant que nous sommes en sécurité, loin du danger, ça ne va pas. Je n’y comprends rien.
    — Et si elle ne m’aimait pas ? Que se passerait-il ?
    — Je doute qu’elle vous fasse trancher la tête parce qu’elle n’apprécie pas votre couleur de cheveux. Son pire ennemi ne l’a jamais accusée d’un tel comportement. Et pour ce qui est de votre vie, vous avez connu pire situation, non ?
    — Je n’avais pas le temps de penser à ce qui m’arrivait. Maintenant, je ne cesse de songer à tout ce qui aurait pu se passer. Je ne suis pas assez sotte pour croire le danger écarté.
    — Sa Majesté ne va pas non plus vous vendre comme esclave. Une jeune dame comme vous ? Impossible.
    — Je ne suis pas une jeune dame, Mundina, dit Clara en regardant ses mains. Je suis une fille de cuisine.
    — Le seigneur Oliver a précisé que vous ne deviez jamais utiliser le mot cuisine tant que vous êtes ici.
    — C’est la même chose que mentir.
    — Peut-être. Je vous répète seulement ses instructions. Quant à moi, j’ai faim, ajouta Mundina. Je me demande si on va nous donner à manger ou s’il va falloir quêter un quignon de pain auprès des soldats.
    — Ils ne nous obligeraient certainement pas à ça ! s’écria Clara, horrifiée.
    — Non, ma petite, ils n’en feront rien. Vous voyez, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.
    Le soldat ressortit de la tente et leur fit signe d’entrer.
    — Sa Majesté souhaite vous voir sur-le-champ.
    Mundina examina Clara, lissa sa robe et en chassa toute trace de poussière.
    — Allez, courage, dit-elle en poussant Clara vers la tente.
    Clara entrevit Eleanora de Sicile, reine des vastes domaines d’Aragon, assise très droite sur un siège imposant, avant de s’abîmer en une profonde révérence.
    — On m’a dit que tu t’appelais Clara, dit Doña Eleanora, dont le regard était attiré par la chevelure sombre, étrangement coupée de la jeune fille.
    — Oui, Votre Majesté, dit Clara toujours inclinée.
    — Et il semble que tu ne prétendes à aucun autre nom, mais nous en reparlerons plus tard. Tu peux te relever, Clara.
    Elle le fit de manière assez gracieuse malgré ses jambes qui flageolaient, mais elle garda les yeux baissés.
    — J’ai reçu une lettre des plus mystérieuses te concernant, mon enfant, dit la reine en portant sur elle un regard interrogateur. Mais l’homme qui l’a rédigée est un fidèle serviteur à qui nous devons beaucoup. Il nous supplie de prendre soin de toi et, par égard pour lui, nous le ferons. Ta suivante et toi-même devez être épuisées et affamées après une telle traversée.
    Clara était en proie à une telle confusion qu’elle ne put répondre et se contenta d’une nouvelle révérence.
    La reine se leva et fit un pas comme pour inspecter de plus près sa nouvelle recrue. Doña Eleanora était grande et mince comme un lévrier et portait une ample robe de soie chatoyante. Quand elle était perdue dans ses pensées, comme en cet instant, son visage était grave, serein, très beau, tel celui de la statue de marbre d’une sainte qui vous contemple pendant la messe, songea Clara.
    — Si tu es l’espionne ou l’assassin que l’on prétend, envoyée ici pour aider les Sardes ou détruire Sa Majesté le roi, tu m’as l’air trop petite et mal nourrie pour un tel rôle. C’est la raison pour laquelle les gens porteront sur toi un regard suspicieux, Clara, ma nouvelle dame de compagnie. Ta réputation t’a précédée.
    Blême, Clara regarda la reine pendant un temps qui lui parut infini.
    Sa Majesté se mit à rire et s’installa sur une couche moelleuse.
    — Tu as un visage très éloquent, mon enfant. Je trouve cela rassurant.
    Une jeune fille aux grands yeux sombres et au teint basané du Sud vint arranger les plis de sa robe et placer auprès d’elle une petite table.
    — Que l’on m’apporte une boisson fraîche, dit la reine, et la petite esclave disparut derrière un rideau. Maria, vous prendrez soin de cette pauvre enfant.
    Une femme belle et élégante s’approcha et fit la révérence.
    — Certainement, Votre Majesté, dit-elle avant de tendre la main à Clara.
     
    — Est-ce vrai ? demanda Clara à Doña Maria López de Heredia alors qu’elles s’approchaient de la seconde tente.
    — Que l’on

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