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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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quelqu’un l’aider.
     
    Comme Yusuf approchait de sa tente-infirmerie, il vit Gueralt de Robau nonchalamment appuyé contre un arbre.
    — Yusuf, appela-t-il doucement. Un mot, je vous prie.
    — Oui, señor ?
    — Mon ami ici présent a une question qu’il souhaiterait vous poser. Don Manuel, voici Yusuf, le pupille de Sa Majesté.
    L’ami en question était mince, pâle, l’air léthargique. Un soldat peu convaincant, songea Yusuf, même si les apparences sont parfois trompeuses.
    — S’il n’y a là rien de confidentiel, demanda Don Manuel à voix basse, puis-je demander s’il est vrai que mon ami Pere Boyll se meurt ?
    — La réponse est entre les mains de Dieu, Don Manuel, dit prudemment Yusuf. Je l’ignore.
    Don Manuel s’assit sur un rocher plat. Il avait l’air abattu.
    — C’est ce que je craignais. J’avais entendu dire qu’il était très malade.
    — Vous étiez très proche de lui, señor ?
    — Avez-vous jamais été seul et privé de compagnie quand vous étiez enfant, Yusuf ? dit-il, les yeux fixés sur une touffe de mauvaises herbes. Je l’ai été. On m’a arraché des bras de ma nourrice, pour ainsi dire, pour servir comme page au château de son père.
    — À Valence ?
    — Oui. Le seigneur Pere est plus âgé que moi, mais il s’est montré bon envers un petit garçon malheureux. Je doute qu’il se souvienne de moi, mais je ne l’oublierai jamais. Jamais.
     
    Quand Yusuf regagna sa tente, ce fut pour remplir pleinement son rôle. En compagnie de Marc, il se rendit auprès de chaque patient, administrant des décoctions contre la fièvre, épongeant des fronts et des bras brûlants qu’il baignait ensuite d’une eau fraîche où il avait jeté des herbes écrasées ramassées dans la journée.
    — À quoi servent-elles ? demanda Marc. Quelle est leur nature ?
    — Parfois ma mère broyait ces herbes et les ajoutait à l’eau de notre bain. Elles ont une odeur plaisante, et je crois qu’elles adoucissent la peau.
    — Elles servent aussi à repousser les mouches et les insectes qui piquent, dit Marc. J’y ai déjà eu recours pour ça.
    — Dans ce cas, les malades dormiront mieux s’ils ne se font pas piquer.
    Quand ils eurent fini, Yusuf s’installa près de la couche affectée au seigneur Pere Boyll et sortit de sa tunique un petit livre relié.
    Marc lui apporta une bougie.
    — Si vous voulez étudier, il vous faudra de la lumière. Personnellement, je ne vois pas à quoi servent les livres quand on est soldat, mais je suppose qu’un médecin a besoin de ces choses.
    Mais le jour avait commencé tôt, et Yusuf avait travaillé dur. Il déchiffra cinq lignes d’un passage manuscrit du livre que lui avait donné le père Crispiá, puis les mots s’embrouillèrent. Il dodelina de la tête et s’affaissa sur le lit de son patient.
    Quand il se réveilla, quelqu’un l’observait. Il se redressa d’un seul coup et découvrit un visage proche du sien.
    — Qu’étudies-tu avec tant d’assiduité ? lui demanda son patient d’une voix faible.
    — J’apprends à lire dans ma propre langue, dit Yusuf, mais c’est difficile quand il n’y a personne pour vous aider. Je dois écrire chaque jour, c’est le père Crispiá qui me l’a recommandé, mais je cherchais d’autres mots.
    — De quels mots as-tu besoin ? demanda le seigneur Pere.
    — Ceux qui ont trait à la maladie. Mais ce livre ne parle que d’amour, de guerre, de combat et de chasse. Rien de ce qui touche à la vie ordinaire.
    — Peut-être pourrais-je t’aider. Moi aussi, je sais lire et parler ta langue.
    — Ce soir, Votre Seigneurie doit se contenter de boire la tisane que je lui ai préparée puis de dormir. Aider autrui attendra bien demain.

CHAPITRE XIII
    Clara et Mundina avaient été abordées sur la grève par un petit contingent de la garde de Sa Majesté.
    — Attendez ici, je vous prie, dit l’un des soldats quand elles se trouvèrent à proximité d’une tente surmontée des bannières de la maison royale de Sicile ainsi que celles d’Aragon, de Catalogne et de Valence. Je vais annoncer votre arrivée. Sa Majesté la reine daignera peut-être vous recevoir.
    Les deux femmes remirent de l’ordre dans leurs habits.
    Des hommes gardaient le périmètre du secteur où elles venaient d’arriver, mais elles avaient laissé derrière les hordes de soldats oisifs. Clara écarta son voile afin de laisser la brise caresser son visage.
    — Je ne me

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