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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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ait raconté que vous pourriez être un assassin ? dit Doña Maria. Oui. Je ne pense pas que Sa Majesté la reine le croie, mais ces rumeurs l’intriguent et l’intéressent. C’est une femme intelligente, très au fait des affaires de l’État. On ne la trompe pas aisément, ajouta-t-elle.
    — Mais on m’a dit que j’étais là pour coudre, dit Clara quand elles pénétrèrent sous la tente.
    — À quoi d’autre pourriez-vous vous occuper ? demanda Doña Maria avant d’éclater d’un rire sonore. Croyiez-vous réellement que l’on vous avait envoyée ici pour ravauder ? Pauvre enfant. Que devez-vous penser de Sa Majesté, pour imaginer qu’elle puisse transformer une jeune dame en une couturière ? Pourquoi pas laver les écuelles à la cuisine ? Vous avez envie de faire un brin de toilette, je pense, ajouta-t-elle en recouvrant son sérieux, et de souper. Nous aurons le temps demain de parler de vos devoirs.
    Le lendemain, la suivante de Doña Maria conduisit de nouveau Clara vers la seconde tente, où plusieurs dames de compagnie de la reine étaient occupées à broder en bavardant librement. Clara prit place près de l’entrée. Il y avait là six femmes d’âges divers assises sur des bancs ou des chaises et trois ou quatre autres, debout ou affairées à table. Elles étaient toutes élégamment vêtues de robes d’été légères, et il était difficile de distinguer les maîtresses des suivantes. Elle suscita des regards curieux, des hochements de tête et des sourires, mais personne ne parla.
    Apparemment, Doña Eleanora n’était pas encline à poursuivre son enquête sur la situation de Clara. La seule personne que la jeune fille connût, Doña Maria, se trouvait auprès de la reine. Elle s’assit donc, oisive malgré elle, et regarda les autres bavarder et rire tout en brodant. Finalement, n’y tenant plus, elle se tourna vers la dame assise le plus près d’elle.
    — Permettez-moi de démêler ces fils de soie, dit-elle avec timidité.
    La dame parut surprise.
    — Je ne vois pas pourquoi vous feriez cela.
    — Mais je n’ai pas d’autre occupation… Je n’ai pas d’ouvrage avec moi. Et quand les fils de soie de ma mère étaient emmêlés…
    — Blanquina, Doña Clara a un œil d’aigle, fit en riant une des autres femmes. J’ai entendu dire que vous n’avez pu apporter grand-chose avec vous, Doña Clara.
    — Mon départ a été un peu précipité.
    — Et la robe ? demanda une femme aux yeux vifs et aux cheveux abondamment bouclés. En attendant que l’on trouve pour Doña Clara de l’étoffe lui permettant de constituer sa propre toilette… Sancha, apporte-moi la robe ! lança-t-elle par-dessus son épaule.
    Une suivante entra, porteuse d’une lourde robe de soie dont l’encolure, les manches et le corsage étaient brodés d’hermine. L’ourlet était doublé de vair, et la soie était de la douce couleur verte de l’eau d’une crique paisible. Doña Eleanora portait la même couleur quand Clara l’avait entrevue pour la première fois, plusieurs années auparavant.
    — Puisque vous voulez vous rendre utile, dit la dame de compagnie aux cheveux bouclés. Sa Majesté désire que l’on change la bordure de cette robe. Vous pourrez m’y aider. Venez vous asseoir auprès de moi.
    — Que faut-il faire ? demanda Clara en s’installant sur le siège qu’on lui avançait.
    Sancha disposa la robe sur les genoux des deux femmes et disparut.
    — Il faut la débarrasser de son hermine, Doña Clara, et mettre plus de vair sur l’ourlet.
    — Cela ne devrait pas être trop difficile. Mais puis-je demander à qui j’ai l’honneur de m’adresser ? ajouta-t-elle d’une voix si basse que l’on eût dit un chuchotement.
    — Bien entendu, fit la femme bouclée en prenant la main de Clara. Pauvre enfant. Nous oublions les manières dans ce campement. Personne ne vous a présentée. Mais voyez-vous, nous connaissons votre nom, vous devez par conséquent apprendre le nôtre. Je m’appelle Tomasa, Doña Clara, Tomasa de Sant Climent.
    — Climent ? répéta Clara.
    — Oui. Vous connaissez un membre de notre famille ?
    — Non, répondit-elle vivement, je ne le pense pas.
    — Cela ne me surprend pas. J’ai un demi-frère et une demi-sœur, mais leur nom n’est pas Climent. Et je ne vois pas pourquoi vous auriez entendu parler d’eux. La dame à côté de qui vous étiez assise s’appelle Blanquina. Celle-ci s’appelle Antonia. À

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