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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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d’accéder à la tente royale.
    Pedro d’Aragon avait pris place sur son siège à l’extrémité de la table et écoutait avec attention l’un de ses généraux. Il était pâle et quelques gouttes de transpiration luisaient sur son front bien qu’un air frais pénétrât dans la tente.
    — Voilà qui ne nous aide pas, dit-il, irrité. Nous devons décider rapidement – ce soir même, si possible – s’il convient de renvoyer les malades à Valence. Une poignée de chevaliers qui se plaignent de leurs maux et de leur inactivité ne perturberont pas les décisions que nous avons prises à leur égard. Es-tu au courant ? dit le roi en se tournant soudain vers Yusuf. Tu es au milieu des malades.
    — Les chevaliers que j’ai entendus se plaindre ne sont pas ceux placés sous ma responsabilité, ils sont en effet trop atteints pour s’inquiéter de ce genre de chose. Non, ce sont les oisifs qui s’ennuient.
    — Précisément. Et nombre d’entre eux feignent la maladie. Qui leur a suggéré cette attitude ? Est-ce pour nous créer délibérément des problèmes ? Et dans ce cas, pourquoi ? Comment va le seigneur Pere ?
    — Il est très malade, Votre Majesté, mais il lutte ardemment.
    — Pourrait-il voyager ?
    Yusuf remarqua que la voix du roi s’était faite plus rauque et que son front était trempé de sueur.
    — Oui, Votre Majesté, si quelqu’un est là pour veiller sur lui. Et s’il dispose d’une quantité suffisante de remèdes. Il lui faudrait une cabine aérée et confortable. Je le crois en pire état que la plupart de ceux qui demandent à partir.
    — Ce garçon a-t-il raison ? demanda le roi.
    La question s’adressait de toute évidence au médecin, car c’est lui qui répondit.
    — Oui, Votre Majesté. Et ces chevaliers peuvent voyager. Mais serait-ce néfaste à notre cause s’ils devaient ne pas revenir ?
    — Est-ce possible ?
    — Oui, Votre Majesté. Dans certains cas. J’hésite à dire que c’est probable.
    — Si nous n’apprenons rien de nouveau qui puisse nous faire changer d’avis, ce bateau appareillera demain avec ses malades. Ceux que nous avons remarqués partiront, mais aussi tous ceux que vous voudrez ajouter.
    Il leva la main et son serviteur s’approcha.
    — Notre cape, dit-il. Le vent est frais.
    Yusuf regarda le roi le cœur serré. Puis il se tourna vers le médecin et comprit qu’il n’était pas le seul à remarquer que Sa Majesté, elle aussi, était tombée malade.
     
    Il avait regagné sa tente en courant, comme si la maladie du roi lui avait rappelé qu’il devait s’occuper d’un certain nombre de patients. Le seigneur Pere dormait, plus paisiblement que la veille, et son front semblait plus frais. Marc avait quitté la tente dès l’arrivée de Yusuf en lui assurant que tout allait bien. Yusuf déambulait à présent entre les lits et examinait chacun des hommes alités.
    — Mon garçon, lui dit un vétéran couvert de cicatrices qui n’avait pu prononcer un seul mot jusque-là, peux-tu m’apporter à boire ? Je meurs de soif.
    Yusuf lui donna un peu de vin coupé de beaucoup d’eau.
    — J’en avais besoin, fit-il en guise de remerciement. On dit que c’est dans cette tente qu’on a les meilleurs soins de tout le camp. Si c’est vrai, ce n’est pas étonnant que tant de malades veuillent rentrer chez eux.
    — Lesquels souhaiteraient rentrer ? dit Yusuf en regardant autour de lui. Nul n’en a parlé, sauf dans leurs délires où ils m’ont pris pour leur mère ou leur nourrice.
    — C’est ce qui se dit dans tout le camp sauf ici. Mais l’on sait que tu es l’oreille du roi.
    — Ceux qui le prétendent savent peu de choses. Je suis l’oreille du roi au même titre que sa mule.
    Il se pencha pour remettre de l’ordre dans les draps froissés du soldat.
    — Ceux qui le croient ne m’adresseront certainement pas la parole. Si j’avais le temps de me promener dans le campement, je recueillerais toutes sortes de commérages, mais j’ai d’autres soucis, voyez-vous.
    — Je préférerais être chez moi, dit l’homme. Je ne suis pas venu ici pour mourir des fièvres tandis que mes compagnons voient l’ennemi se rire de nous derrière ses murailles. Non, je suis venu me battre, me couvrir de gloire et m’enrichir un peu. Il y a dans ma famille plus de rejetons que de sacs d’or, dit-il tristement. Et nos terres sont plus riches en rochers et en cailloux qu’en vergers ou en

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