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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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chercha un vent capable de la conduire à Valence.
    Le vicomte était en trop piteux état pour bavarder. Yusuf prépara une grande cruche de décoction, leur seule arme contre les fièvres, l’adoucit en puisant modérément dans leur précieuse réserve de sucre et demanda à son serviteur de le faire boire, de gré ou de force. Il les quitta pour voir comment allaient les autres passagers. À l’exception de Ramón de Ruisech, les nobles étaient en voie de guérison, et leurs suivants avec eux.
    Près de vingt-cinq chevaliers étaient couchés dans l’entrepont, dans des hamacs pour la plupart. Plusieurs dormaient. Il n’en connaissait que quelques-uns et passait systématiquement de l’un à l’autre pour voir qui étaient les plus atteints. Quand il eut fini sa tournée, il tira son livre de sa tunique et sortit sur le pont.
    Là, le seigneur Pere Boyll, emmitouflé dans sa cape, était en grande conversation avec un homme qui tournait le dos à Yusuf.
    — Tout est calme dans la cabine, mon garçon, lui dit le seigneur Pere. J’en avais assez de tous ces malades.
    Son interlocuteur se retourna et ébaucha un sourire.
    — Ah, voilà notre page. Je suis enchanté de vous voir sur cette galée.
    — Señor Gueralt, dit Yusuf. Êtes-vous tombé malade, vous aussi ?
    — Il semble que Don Gueralt de Robau ait d’autres raisons de nous accompagner, expliqua le seigneur Pere.
    — C’est vrai, mais pourquoi vous rendre à Valence, Yusuf ? Est-ce votre terre natale ?
    — J’y ai été envoyé par Sa Majesté. Quant à votre question, la réponse est non. Je ne suis pas allé à Valence depuis…
    — Depuis quand, Yusuf ? voulut savoir le seigneur Pere.
    — Depuis la guerre, s’empressa-t-il de répondre.
    — Je vois. Il est temps que tu y retournes. Je te montrerai la ville si tu veux bien me le permettre.
     
    Une semaine après son départ de Gérone, Oliver revint dans cette cité, plus couvert de poussière et plus assoiffé que jamais.
    — Votre Excellence, dit-il en s’effondrant sur un siège, il faut éviter la route de Lleida à cette époque de l’année. Mon cheval et moi-même avons pris la couleur du chemin, qui est aussi celle des champs que nous avons traversés. Cette fois-ci, je ne refuserai pas un pichet d’eau et un tonnelet de vin.
    — Ils seront là dans un instant, répondit Berenguer Mais qu’avez-vous découvert, en dehors du fait que la route de l’ouest est chaude et poussiéreuse au mois d’août ?
    — J’ai trouvé non loin d’ici une auberge où un certain Martín, originaire de Tudela – un farceur féru de bons mots, si l’on en croit la chambrière –, a séjourné en compagnie de son maître, un dénommé Geraldo.
    Bernat et un page entrèrent en silence. Sur la table, ils déposèrent de l’eau et du vin, du pain, un plateau de fruits et un autre de viande froide, puis le page disparut.
    — Voilà qui est le bienvenu, dit Oliver en se versant du vin et de l’eau. Nous parlions de l’auberge où Martín et son maître ont séjourné. Une nuit – un vendredi, peut-être, la chambrière n’en est pas certaine –, les deux hommes sont sortis. Une heure plus tard, Geraldo est revenu, apparemment très perturbé, a rassemblé tout ce qu’il pouvait et est parti. Quelques heures plus tard, Martín est revenu à son tour, a découvert que son maître avait pris la majeure partie de ses biens, demandé un bandage pour son bras blessé ainsi qu’une miche de pain, puis est parti également. Elle espère que Martín va bien. Je ne lui ai pas révélé sa mort. En revanche, je l’ai mise en garde contre les grands seigneurs…
    — Ils se sont battus…
    — Avec Pasqual, Votre Excellence. C’est la nuit de sa disparition.
    — Dès que l’affrontement a commencé, ce mystérieux Geraldo a disparu, laissant son homme tout seul avec Pasqual.
    — Celui-ci a peut-être recueilli des informations intéressantes auprès de Martín, dit Oliver. Il aura décidé de les rapporter…
    — Sans vous prévenir, seigneur Oliver ?
    — Effectivement.
    Il pela une poire et mordit dedans.
    — Peut-être est-il aussi allé voir son épouse. Cela expliquerait son absence. Il faut absolument la retrouver.
    — Comment allons-nous nous y prendre ? demanda l’évêque.
    — Nous cherchons une certaine Doña…
    — Précisément, mais Doña qui ?
    — Nous allons suivre l’excellente suggestion de votre médecin et rechercher un

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