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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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la même chose de nous. Mais le seigneur Pere n’a pas trépassé. Et nous non plus. Un homme d’expérience ne compte pas sur ce que Dieu seul connaît. As-tu entendu autre chose des lèvres de son ami, Gueralt de Robau ? En plus de ce qui a été dit la nuit dernière ?
    — Non, Votre Majesté. Parfois, il m’aide en prétextant l’ennui, mais je sais qu’il ment. Je serais bouleversé d’apprendre que deux des chevaliers de Votre Majesté sont devenus des traîtres.
    — Il est peut-être aussi loyal que nos chiens de chasse, dit le roi. Je penserais que le père et le frère aîné de Gueralt ont plus de qualités pour faire de loyaux chevaliers. La déloyauté, jeune Yusuf, est engendrée par la rapacité, et elle est le plus souvent l’apanage des cadets.
    Le roi fit plusieurs pas en silence.
    — Loyal ou pas, il part pour Valence avec un coffret plein de messages à porter. Le problème ici sera donc éliminé.
    — Pour Valence, Votre Majesté ? s’étonna Yusuf.
    — La meilleure manière d’éliminer un problème éventuel, c’est de tenir occupé ailleurs celui qui pourrait en être la source. Ah, j’ai appris à accepter de telles choses. Car un homme est heureux quand il a déjà un ou deux loyaux camarades. Des hommes à qui il peut confier sa vie ou, plus difficile encore, ses pensées. J’ai été le plus heureux des princes, poursuivit Pedro. Dans ma jeunesse, Dieu m’a entouré d’ennemis qui m’ont beaucoup appris, puis Il m’a donné quelques hommes à qui j’ai pu confier les secrets de mon cœur. Dans Sa grande bonté, Il m’a accordé depuis une reine loyale dont la science de l’État dépasse celle de la plupart des princes, plus quelques hommes dont l’avis vaut d’être entendu.
    Le roi s’arrêta et contempla le camp endormi.
    — Ton navire m’a apporté la dure nouvelle qu’un des loyaux compagnons de ma jeunesse avait été tué à mon service.
    — Peut-être, un jour, serai-je digne de votre confiance, murmura Yusuf.
    — Je le crois, répondit le roi. Puisse Dieu te protéger pendant cette traversée.
     
    Marc attendait devant la tente avec le paquetage de Yusuf quand ce dernier revint.
    — Quelqu’un a fouillé dans les remèdes, dit-il doucement.
    — Quand ? fit Yusuf. Et comment ?
    Car au moins l’un des deux avait dormi chaque nuit dans l’entrée du petit entrepôt.
    — La nuit où nous étions tous les deux dehors, certainement. Le garçon qu’ils nous ont envoyé dormait à poings fermés à mon retour. Les trompettes du Jugement dernier ne l’auraient même pas réveillé.
    — Quelque chose a disparu ?
    — Votre flacon cacheté, répondit Marc. Il était plein ?
    — Oui.
    — Il ne l’est plus. J’ai dit qu’il serait bien tentant.
    — Mais nul n’était au courant de son existence. Hormis toi et moi.
    — Nous en avons parlé, dit Marc. Quand vous êtes arrivé…
    — Allons, ils étaient tous trop malades…
    — Pas les deux qui ont eu l’autorisation de sortir le lendemain matin.
    — Je ne sais même pas qui ils étaient, fit Yusuf d’un air misérable. Je ne les ai pas remarqués.
    — L’un d’eux était le bon ami du seigneur Pere Boyll, Don Manuel. Mais vous feriez mieux de partir, jeune maître, votre bateau va appareiller.
     
    Quand les gardes arrivèrent pour conduire Don Manuel auprès de Sa Majesté, ils le trouvèrent effondré sur un siège. Une coupe à vin en argent était tombée de sa main. Un des hommes se pencha pour lui toucher la joue.
    — Je crois qu’il est trop tard, messire, dit-il à son capitaine. Il est froid comme une grenouille et raide comme un tronc. Mort depuis la nuit dernière, à mon avis.
    — Voilà qui nous évitera des ennuis.
    Quand le roi apprit la nouvelle, il se contenta de soulever un sourcil.
    — Bien. Où se trouve son ami ?
    — Il a pris le bateau pour Valence, Votre Majesté, l’informa le capitaine. Comme vous l’aviez demandé.
    — Parfait.

CHAPITRE XIV
    Cinq nuits s’écoulèrent avant que Sa Majesté la reine ne regagne son campement sur la colline. La robe était alors dépouillée de toute hermine. La fourrure avait été soigneusement rangée – le nombre de peaux, la taille et l’état de chacune d’elles étaient inscrits dans des registres –, et la robe remise aux responsables de la garde-robe royale.
    Presque aussitôt, Doña Tomasa disparut dans sa propre tente et en revint avec une brassée d’étoffe fine. Elle

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