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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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épouserait la cousine éloignée d’une personne qu’elle ne connaissait même pas. Elle était trop lasse et trop préoccupée pour sourire ou même approuver d’un mouvement de tête.
    C’est alors que Tomasa s’approcha d’elle et lui effleura le genou. Clara sursauta comme touchée par la pointe d’une épée.
    — Ma chère Clara, lui dit Doña Tomasa, calmez-vous. Tout ira bien, je vous l’assure. Maintenant que Sa Majesté est revenue parmi nous, vos difficultés vont bien vite s’arranger. Quand la reine était absente, ajouta-t-elle, aucun changement ne pouvait survenir. Je ne m’étonne pas que vous fussiez si tendue.
    — Tomasa, Sa Majesté va prendre des décisions à mon propos. Qui sait ce qu’il adviendra de moi ? Cet îlot de calme pourrait m’être arraché.
    — Un îlot de calme ? La cour, réunie en lisière d’un champ de bataille ? Vous êtes une jeune fille étrange et charmante, mais venir dans un pays en guerre pour y trouver la paix, voilà qui est encore plus étrange !
    Tomasa versa dans une coupe une boisson fraîche à la menthe et la tendit à Clara.
    — Buvez ceci, et nous reprendrons notre ouvrage. Je reviens dans un instant.
    Sur quoi, elle entra sous la tente.
    Clara ne pouvait se résoudre à l’imiter. Elle marcha jusqu’au chemin qui ceignait les quartiers provisoires de Sa Majesté : de là, elle apercevait la mer. Elle la contempla fixement et fit un effort de réflexion. Son esprit était empli d’images privées de sens qui refusaient de former un tout cohérent. Que pouvait-il lui arriver de pire ? Être renvoyée à Barcelone ? Si telle était la décision de la reine, qu’adviendrait-il alors ? Elle n’imaginait rien hormis le chaos et, paniquée, revint vers la tente.
    Quand elle se pencha pour ramasser son ouvrage, celui-ci avait disparu. La robe de Tomasa n’était plus là. Angoissée, elle regarda autour d’elle. Une soie aussi belle, on l’accuserait de l’avoir volée.
    — Je ne trouve plus la robe, dit-elle, désespérée.
    — Tomasa l’a emportée, la rassura Doña Elvira. Elle voulait la montrer à Doña López. Elle en est si fière qu’elle a déclaré vouloir la porter à la cour avec rien d’autre que des chaussures, des bas et des bijoux !
    Les femmes éclatèrent de rire et reprirent leurs occupations. Clara ramassa le livre tant négligé et, d’une voix douce, hésitant parfois sur un mot, se mit à lire.
    Soudain, Doña Maria fut à côté d’elle.
    — Sa Majesté la reine désire vous voir, si ces dames peuvent se passer de vous un instant.
    Il n’y avait qu’une réponse possible à une telle convocation. Clara reposa le livre et se leva. Elle salua Doña Maria et la suivit en direction de la tente royale.
     
    — Ma très chère Tomasa m’a apporté une pièce de soie brodée par vos soins, Clara.
    Sa Majesté avait en face d’elle une tête inclinée, un corps à demi penché, car Clara n’était pas encore parvenue à se redresser. Elle leva un instant les yeux et reprit une position normale.
    — Oui, Votre Majesté, murmura-t-elle.
    — C’est à la fois adroit et charmant. De quelle tête a pu jaillir une telle idée ?
    — De la mienne, Votre Majesté, dit Clara avec une nouvelle révérence.
    — Puisqu’il en est ainsi, je serais enchantée de vous voir exercer vos talents sur la robe que Tomasa et vous-même étiez en train de reprendre. Nous avons avec nous quantité de fils d’or et d’argent. Doña Maria veillera à vous les confier.
     
    Le seigneur Pere Boyll et le vicomte de Cardona avaient été installés dans la cabine du capitaine, par droit de rang ; à leurs côtés, dans des hamacs, Yusuf, le serviteur du vicomte et celui du seigneur Pere qui, vu son état, était plutôt là en tant que malade. Où le maître du bateau allait-il dormir ? Yusuf l’ignorait et s’en moquait d’ailleurs. Cinq autres seigneurs et leurs serviteurs occupaient trois cabines du château. L’un d’eux, le noble Ramón de Ruisech, partait organiser une flottille de galées à Valence avant de s’en revenir avec elle. Il lui fallait partager la plus petite cabine avec le capitaine, mais en le voyant monter péniblement à bord, chacun s’accordait à dire que son valet et lui-même devaient la garder pour eux. Il était en effet très malade.
    Les chevaliers souffrants disposaient de hamacs, dans l’entrepont.
    Ce fut une bien sinistre compagnie qui quitta le port d’Alghero et

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