Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
il ne s’agitpas d’un meurtre banal, commis pour de l’argent ou par désir sexuel. Le tueur a assommé Roger avant de le transporter jusqu’à Lincoln’s Inn pour le jeter dans la fontaine. Il était toujours vivant quand on lui a tranché la gorge, autrement il n’aurait pas saigné. Il a dû le frapper assez fort pour qu’il reste inconscient un bon bout de temps, mais pas assez fort pour le tuer. Il a pris des risques, car que se serait-il passé si la victime s’était réveillée et s’était débattue ? Ç’a toute l’apparence d’une atroce vengeance.
    — Roger n’avait pas un seul ennemi au monde. Est-ce l’œuvre d’un autre avocat ? Seul un membre de Lincoln’s Inn possède la clef de ce portail.
    — Il faut agir maintenant, monsieur. Si vous devez prévenir la dame. »
    J’opinai du chef en me mordant la lèvre. Il me serra le bras – geste inaccoutumé de sa part – avant de filer vers Gatehouse Court. Je le suivis plus lentement. Au moment où je tournai le coin j’entendis une femme hurler. Un violent frisson me parcourut et je me mis à courir.
    Trop tard. Au milieu de la foule qui grossissait autour de la fontaine, encore en chemise de nuit, Dorothy était agenouillée sur le sol trempé près du corps de son mari, gémissant à fendre l’âme, poussant des cris déchirants. On avait enlevé mon manteau de la tête de Roger. Elle avait donc vu cet atroce visage. Elle émit de nouvelles lamentations.
     
     
    Je me précipitai vers elle, m’agenouillai et la saisis par les épaules. Sous le mince tissu sa peau était glaciale. Elle leva son visage vers moi. Vivante image du désespoir, elle avait les yeux exorbités, la mâchoire pendante, la chevelure brune en désordre.
    « Matthew ? hoqueta-t-elle.
    — Oui, Dorothy. Ah ! tu n’aurais pas dû sortir. On n’aurait pas dû te laisser voir… » Je jetai un coup d’œil accusateur à la foule. Certains se dandinèrent d’un pied sur l’autre, l’air gêné.
    « Je n’ai pas pu l’en empêcher, déclara l’intendant Rowland d’un ton guindé.
    — Vous n’avez pas dû faire beaucoup d’efforts !
    — Ne me parlez pas sur ce ton !
    — Taisez-vous ! » lançai-je, la colère s’emparant de moi à nouveau. L’intendant resta coi de stupéfaction. Je soulevai Dorothy. Dès qu’elle se releva, elle fut secouée de tremblements. « Rentrons, Dorothy, viens donc…
    — Non ! » Elle se démena, tentant de se dégager. « Je ne peux pas laisser Roger couché par terre ! s’écria-t-elle d’une voix aiguë.
    — Il le faut, lui dis-je d’un ton rassurant. Pour le coroner.
    — Qui l’a… Qui l’a tué ? me demanda-t-elle, le regard fixé sur moi, cherchant à comprendre le sens de l’atroce spectacle.
    — On le découvrira. Rentrons maintenant. L’intendant Rowland va s’assurer que personne ne manque de respect à Roger. N’est-ce pas, monsieur ?
    — Oui. Bien sûr. » Le vieil homme avait l’air penaud, en fait. Dorothy me laissa la conduire à l’intérieur du bâtiment, où Bartlett se tenait sur le seuil du cabinet, l’air désemparé. Homme d’âge mûr, très consciencieux, il avait accompagné Roger quand celui-ci avait quitté Bristol.
    « Que… que s’est-il passé, monsieur ? chuchota-t-il. Il paraît que mon maître a été assassiné.
    — Je le crains, en effet. Écoutez, je redescendrai tout à l’heure pour voir ce que l’on peut faire de ses dossiers.
    — D’accord, monsieur. »
    Dorothy le dévisageait comme si elle ne l’avait jamais vu. Je lui pris à nouveau les bras pour lui faire délicatement gravir le grand escalier menant à leur appartement. À demi vêtu, ses cheveux blancs hirsutes, le vieil Elias se dressait dans l’encadrement de la porte. Une jeune femme de chambre en tablier blanc et coiffée d’un bonnet se tenait à côté de lui.
    « Oh, milady ! » soupira-t-elle avec un accent irlandais. Puis elle tourna vers moi son visage baigné de larmes. « Madame venait de se lever, monsieur. Elle a dû aller dans les pièces de devant et regarder par la fenêtre. Elle a hurlé et s’est précipitée dehors en courant et…
    — D’accord. » Brune, potelée, elle avait l’air raisonnable et sincèrement bouleversée par ce qui arrivait à sa maîtresse. Durant les jours à venir Dorothy allait devoir beaucoup compter sur elle. « Comment vous appelez-vous ? lui demandai-je.
    — Margaret, monsieur.
    — Auriez-vous

Weitere Kostenlose Bücher