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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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posée sur mon épaule me fit sursauter. Je levai le regard vers le grand étudiant qui m’avait aidé. « Monsieur, je vous en prie, fit-il d’une voix tremblante. Qu’allons-nous faire ? Des gens vont bientôt arriver. »
    Je me remis sur pied tant bien que mal et pris une profonde inspiration. « Allez dire au portier qu’il avertisse le sergent, qui doit aller quérir le coroner. Pouvez-vous faire cela, mon garçon ?
    — Oui, monsieur », répondit le jeune gars avant de filer vers la loge. Je regardai à nouveau ce vaste bassin de pierre plein d’eau d’un rouge éclatant. Il faisait presque grand jour et, si le soleil réchauffait davantage l’atmosphère que les jours précédents, il illuminait également l’atroce spectacle du cadavre et de la fontaine. Appuyé contre la margelle, tournant le dos à cette effroyable eau vermillon, l’autre étudiant était secoué de tremblements. « Courez à mon cabinet, de l’autre côté de la cour, vous voyez, là où il y a déjà une lumière ? Mon assistant s’y trouve. Demandez-lui de venir sur-le-champ. Il s’appelle Barak. »
    Il eut un hoquet, hocha la tête et s’en alla d’un pas chancelant. Jelevai les yeux vers l’appartement des Elliard. Aucune lumière n’y brillait. Pourvu que Dorothy soit toujours couchée, priai-je. Mon cœur défaillit à la pensée que j’allais devoir lui annoncer la mort de son mari, puisqu’il était hors de question de laisser cette tâche à un inconnu. À mon grand soulagement, quelques instants plus tard, je vis Barak accourir, l’étudiant suivant d’un pas plus lent. Il resta bouche bée en apercevant le corps gisant près de la fontaine.
    « Qu’est qui s’est passé, mordieu ? » Il avait les yeux cernés et puait l’alcool. Sans doute avait-il, une fois de plus, passé la nuit dehors. Malgré tout, en pareilles circonstances, c’était la personne que je souhaitais le plus avoir à mes côtés. « Roger Elliard est mort, dis-je d’une voix tremblante. On l’a assassiné.
    — Ici ? fit-il, incrédule.
    — Pendant la nuit. On lui a tranché la gorge et on l’a jeté dans la fontaine.
    — Bon sang ! » Il se pencha lentement, souleva un peu le coin du manteau et fixa le visage d’albâtre, avant de s’empresser de le recouvrir. « On a dû lui trancher la gorge dedans, déclara-t-il en jetant un coup d’œil à la fontaine. Il n’y a pas de sang sur le sol. Et aucun signe d’une lutte dans la neige. À moins que…, ajouta-t-il en fronçant les sourcils, l’air perplexe.
    — À moins que quoi ?
    — À moins qu’il n’ait lui-même mis fin à ses jours. N’aviez-vous pas dit qu’il craignait d’être malade ?
    — Il n’était pas malade. Pas gravement, en tout cas. Jeudi, je l’avais emmené consulter Guy. Crois-tu que quelqu’un se tuerait comme ça, au milieu de Gatehouse Court ? Ne sois pas ridicule ! lançai-je en haussant le ton. Roger était l’homme le plus heureux du monde. Il avait toutes les raisons de vivre ! Il avait le projet de collecter des fonds pour la construction d’un hôpital, il était marié à la meilleure des femmes… » Me rendant compte que je hurlais, je me tus, portai une main à mon front humide et levai l’autre dans un geste d’excuse.
    « Désolé, Jack.
    — Y a pas de mal, dit-il d’un ton serein. Vous avez subi un choc.
    — Non, répliquai-je d’une voix frémissante. Je suis absolument furieux. Il s’agit d’une macabre mise en scène.
    — En effet, acquiesça-t-il, après réflexion. Si ces étudiants n’étaient pas passés par là, le corps n’aurait été découvert que lorsque les avocats résidants auraient quitté les bâtiments pour assister aux offices pascals. »
    Regardant à nouveau le corps, je serrai les poings. « Qui a pu infliger un traitement aussi monstrueux à cet homme bon et paisible ? Luitrancher la gorge et le laisser perdre tout son sang dans la fontaine ? Le jour de Pâques… Et pourquoi ? »
    J’entendis un bruit de voix. Trois ou quatre avocats avaient émergé de leur résidence et s’approchaient de nous. Peut-être m’avaient-ils entendu crier. « Sainte Mère de Dieu ! » s’exclama l’un d’eux en apercevant le corps.
    Vêtu d’une robe de soie, un vieil homme de haute taille se fraya un passage parmi le petit attroupement. Je fus soulagé de voir Rowland, l’intendant de Lincoln’s Inn. Ses cheveux blancs dépeignés se dressaient sur son

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