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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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être lié à la politique.
    — En effet, monseigneur. »
    Gardant une dernière seconde ses secrets, l’archevêque respira profondément puis lâcha : « Votre ami n’est pas le premier à avoir été assassiné de cette atroce façon. »
    Je restai bouche bée. « Il y en a eu un autre ? De la même manière ?
    — Dans le moindre horrible détail. On a gardé le secret à cause de l’identité de la victime. Gregory, mettez-le au courant.
    — Il y a un mois, un matin de la fin de février, me dit Harsnet, un manouvrier longeait le fleuve pour se rendre à son travail, passant devant la laisse boueuse de la rive de Lambeth… Il y avait de la neige sur les berges et une couche de glace d’une aune d’épaisseur sur le fleuve, mais le mascaret continuait à se déverser dans les mares le long de la rive sud. Or le manouvrier a constaté que l’une des mares était rouge et que quelque chose y flottait. » J’écarquillai les yeux. Harsnet fit d’un air grave : « Oui. Il y a découvert un homme qui gisait dans l’eau, la gorge tranchée. Exactement comme Elliard dans la fontaine. Et on l’avait laissé dans un endroit public de manière à ce qu’il soit tôt ou tard découvert.
    — Grand Dieu !
    — Notre manouvrier a alerté le sergent, qui est allé chercher le coroner, m’expliqua Harsnet en plantant sur moi un regard perçant. Mon collègue, le coroner du Surrey, est un bon réformateur qui se tient au courant des nouvelles de la Cour. Quand il a découvert l’identité de l’homme, connaissant mon lien avec l’archevêque, il est venu me voir.
    — A-t-on diligenté une enquête ? demandai-je.
    — Non, répondit lord Hertford, ses yeux protubérants fixés sur moi. Il était essentiel que l’affaire reste secrète. Et elle l’est toujours. »
    Harsnet reprit la parole. « La victime était médecin. Il s’agit du Dr Paul Gurney, un éminent praticien… Et c’était le médecin de lord Latimer, le défunt mari de lady Catherine Parr, reprit-il après un bref silence. Le Dr Gurney avait soigné lord Latimer depuis qu’il était tombé malade, l’automne dernier, et lui rendait constamment visite chez lui, près de la chartreuse. »
    Voilà donc le rapport, pensai-je. « Il paraît que le roi fait sa cour à lady Latimer, hasardai-je.
    — C’est la vérité, fit Cranmer.
    — On ne peut pas tout lui révéler ! s’exclama Thomas Seymour. Des fuites risqueraient de mettre en péril la gente dame.
    — Matthew ne trahira jamais notre confiance, rétorqua Cranmer. S’il me jure de garder le secret sur tout ce que nous lui disons, il ne violera pas sa parole. Et je pense qu’il sera plutôt favorable à notre attitude. Acceptez-vous de jurer, Matthew, de ne rien révéler sur cette affaire, sauf à nous ? Rappelez-vous : cela signifie que, si le tueur estarrêté, il est possible que vous n’ayez pas le droit de révéler à la veuve de votre ami les tenants et les aboutissants de cette affaire.
    — Pourrai-je lui annoncer que l’assassin a été arrêté et qu’on s’occupe de lui ? demandai-je après un instant d’hésitation.
    — Bien sûr. Et c’est ce qui se passera », répondit Édouard Seymour d’un ton lugubre. Je perçus la force et le caractère impitoyable de cet homme austère.
    « Alors, je le jure, monseigneur. »
    Cranmer s’appuya au dossier de son siège, l’air satisfait. « Par conséquent, vous pouvez poursuivre, Gregory. Dites-lui tout. Absolument tout !
    — J’ai fait mon enquête, discrètement, déclara Harsnet. Mais je n’ai relevé aucun indice. Comme dans le cas de messire Elliard, le Dr Gurney était un homme respecté dans sa profession et qui avait de nombreux amis et aucun ennemi. C’était un veuf sans enfant. On a raconté à ses amis qu’il était mort subitement dans son sommeil. D’immédiates investigations n’ont rien révélé quant à l’identité du meurtrier ou au mobile du crime. Absolument rien. Fort tard, la veille au soir, il avait quitté la demeure de lord Latimer, où il séjournait, car Latimer, qui souffrait d’une énorme tumeur dans le dos, se trouvait à l’article de la mort. Il avait indiqué au majordome qu’il devait accomplir une “œuvre de charité” quelque part en ville.
    — Lui avait-on envoyé une missive, comme dans le cas de Roger ?
    — Pas que je sache. Mais ce n’est pas impossible. Le Dr Gurney aidait lui aussi des pauvres qui avaient besoin de

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