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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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d’une série de trois crises cardiaques successives qui prennent tout le monde par surprise, d’abord sur le court, puis en sortant de son bain.

    Comment meurt-on à quarante-quatre ans, quand on ne se défonce pas, qu’on ne boit qu’un minimum de vin, qu’on fume à peine malgré une recrudescence, qu’on fait de la salle et qu’on joue au tennis pour s’entretenir ?
    Chacun, bien sûr, a son avis, sa théorie, sa conviction. « On ne va pas se faire de cinoche tous les deux, me dit Bernard de Bosson, encore ému aujourd’hui. Au moment du dernier album, j’ai tout entendu et son contraire. Ils étaient en séparation de fait avec France. Mais moi, je vis dans le déni total de ça. C’est ce que je me suis imposé. Ils trompaient l’ennemi génialement, notamment lors du showcase au New Morning. Michel était épuisé par ce disque, France le critiquait beaucoup, lui faisait tout changer tout le temps. Elle lui a fait refaire toutes les chansons. Ils ont tout jeté. Elle n’aimait pas ce qu’il faisait àce moment-là. Il était très anxieux, l’enregistrement a été dramatique. Mais je ne veux pas savoir, je m’en fous. Luc Plamondon me dit qu’elle serait avec Jean-Marie Périer ou avec Rotcage, je ne sais même plus. J’ai un respect total pour l’image de ces deux êtres qui ne fonctionnaient peut-être plus ensemble comme avant. Michel m’avait prévenu de son mal, qui n’est pas du tout étranger à sa fin. Il est mort de stress. C’est le stress qui lui a fait fabriquer ce cholestérol mortel. Tous les médecins le disent. Stress permanent que générait chez lui dans des moments plus exacerbés que d’autres cette notion insupportable de l’inexorabilité parce qu’il a eu ces ruptures de manière presque programmée, presque métronomique, dans sa vie tous les cinq ans. Ils avaient eu un mal fou à avoir leurs enfants. Imagine ce que ça fait qu’on t’apprenne que ta fille a la mucoviscidose et qu’on ne peut rien faire. Sa mort est annoncée, on ne peut simplement pas te dire quand. Il avait déjà vécu de manière tragique, le mot n’est pas trop fort, la mort de son frère, dont il parlait tout le temps, qu’il visitait tous les soirs à Necker. Il vivait avec un poignard dans le cœur en permanence. Il n’aurait jamais abandonné Pauline. Il n’est pas mort d’avoir joué au tennis au soleil avec Framboise Holtz. J’ai appris son décès par Claude-Michel qui m’a appelé de là-bas. J’étais fracassé, en larmes. Quinze jours plus tard, j’étais passé voir France, et elle m’a montré des lettres qu’elle avait retrouvées dans un tiroir du bureau de Michel, au dernier étage de leur triplex, rue de Monceau, où il avait son studio avec une petite terrasse et son piano, dans un état bordélique insensé. Elle m’a dit : “Dis donc, tu as vu ce qu’il avait, ton copain ?” C’étaient deux ou trois lettres de recommandation du père de Michel, le professeur Hamburger, destinées aux plus grands pontes de lacardiologie : “Cher confrère, mon fils Michel présente telle pathologie, etc. Je vous signale qu’il y a une antériorité génétique, etc.” Donc il devait être suivi pour des problèmes cardiaques. Mais il n’y avait jamais foutu les pieds. Il n’avait pas le temps. Toute sa vie, il a attendu la mort. »
    Philippe Rault le rejoint, sans rien dire de la situation conjugale du couple. « Michel était un workaholic . Il avait toujours trois projets en tête en même temps. Il était en permanence on quant à ce qu’il allait réaliser ensuite et encore ensuite. C’est sans doute ce qui a fait qu’il n’a jamais eu le temps de se poser des questions sur sa santé, même quand son propre père lui a recommandé d’aller voir un spécialiste cardiaque. Trop de choses en tête, jamais le temps de s’écouter. C’était comme une avalanche de projets qui ne s’arrêtait jamais. Au milieu de tout ça, il lui fallait gérer la situation de sa famille, surtout celle de Pauline, dont il connaissait l’issue inexorable. Le décès de son frère Bernard l’avait déjà beaucoup affecté. Au fur et à mesure des années, j’ai ressenti chez lui toutes ces pressions énormes. Professionnelles, mais aussi personnelles. L’enthousiasme créatif était toujours là, mais je sentais un homme fatigué, avec beaucoup de responsabilités qui lui pesaient énormément. »
    Pérathoner confirme la fatigue. « Il en a bavé pour monter Tycoon .

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