Quelque chose en nous de Michel Berger

jetée dans la tombe. Elle hurlait comme un animal. Ils allaient se marier quand elle l’a quitté, elle ne se le pardonnait pas. »
    « France a invité Véro après à nous rejoindre », se souvient de Bosson. « Il y avait Alain Souchon, Laurent Voulzy, Maurane, Nathalie Baye, Richard Berry. On est tous allés boire un verre chez France, même si nous ne sommes pas restés très longtemps. Elles s’entendaient bien à ce moment-là. »
    Mais Bernard Saint-Paul est péremptoire. Et énigmatique. « La veuve de Michel, ce n’est ni Véronique ni France. C’est Beatrice Grimm. Une amie, qui chantait dans Starmania, m’appelle un jour à Los Angeles en me disant : “C’est un peu délicat, mais je voudrais te parler d’une amie à moi qui est dans l’embarras. Cela concerne Michel Berger. Est-ce que je peux lui donner ton numéro à l’hôtel ?” Elle m’appelle au Sheraton Universal. “Est-ce qu’on peut se voir ? – Oui, bien sûr.” »
    « Elle vient me rejoindre au bar. “Je m’appelle Beatrice Grimm. J’en veux beaucoup à France de ne pas avoir accepté que je vienne à l’enterrementde Michel. Mais j’ai un autre problème. Que fais-je des affaires de Michel ?” Quelles affaires de Michel ?
    » Je vais la voir chez elle, à Santa Monica pas très loin du Troubadour, à l’angle de Doheny. Là, elle me montre des placards pleins de ses fringues et son piano à queue. “La famille refuse de me parler. Je suis bien embêtée, je ne vais pas rester là, j’étais ici pour l’attendre.”
    » Je n’avais pas la sensation qu’elle était dans le besoin. Elle avait une trentaine d’années, elle était très élégante, extrêmement mignonne. Rien à voir avec ce qu’on trouve habituellement chez une chanteuse, ce besoin de séduire, de se faire aimer, immédiat. Elle dessinait. Elle m’est apparue très emmerdée. “Mon mec est mort, personne ne veut me parler, ni sa mère, ni ses enfants.” Elle n’évoque jamais la musique, ni le fait qu’elle chante, alors qu’elle sait certainement que je suis manager et producteur. Le physique que je lui ai vu n’est pas celui d’une chanteuse. Elle n’avait absolument pas la niaque de France Gall ou de gonzesses comme ça. C’était une descendante de l’un des frères Grimm. Elle ne respirait pas le besoin de s’exprimer. Elle était tout simplement extrêmement triste parce que son mec était mort. »
    Philippe Rault, avec sa discrétion constituante, confirme les projets californiens de Michel. « À l’été 1992, il cherchait une maison à Los Angeles où il souhaitait s’installer, et posait des questions pour des écoles potentielles pour ses enfants. Michel était d’une discrétion extrême, et n’était pas du genre à se confier sur des sujets personnels, ou alors par bribes et morceaux. »
    Grégoire Colart, plus intime, est aussi plus direct. « Elle avait écrit des chansons. Il l’avait produite avec ses propres musiciens. L’album était prêt etdevait sortir après la tournée Double Jeu . Michel soldait sa vie. Il avait vendu ses éditions, s’inventait une nouvelle vie. Son couple avec France était au plus bas. Il était très épris, mais ne savait pas comment s’y prendre. Il hésitait entre la Suisse, où le bon air aurait été favorable pour Pauline, très belle mais souvent très faible, et la Californie où était son avenir musical, comme il l’avait annoncé à Janik Top. Il finissait sa vie par une séparation très lourde. Il était en pleine dépression, ce qui était la raison pour laquelle j’avais arrêté de travailler pour lui, pour éviter qu’il ne m’emporte dans sa descente. Pendant tout l’enregistrement de Double Jeu, ça allait très mal entre France et lui. Elle était tout à fait au courant de l’existence d’une autre femme. Elle en parlait. Mais avec interdiction de l’ébruiter. »
    « Je n’en ai jamais entendu parler, affirme Serge Pérathoner. S’il y a eu des enregistrements, ça n’était pas avec nous. » Janik Top ne l’a pas connue non plus, pas plus que Rault. C’est tout bonnement stupéfiant lorsqu’on apprend que Beatrice Grimm résidait semble-t-il en fait passage Geffroy-Didelot, la petite maison en face du studio de Michel.

    Son existence n’est pas un scoop de ce livre qui aurait préféré se concentrer sur la musique et les chansons, ne souhaite surtout blesser personne, mais ne peut ignorer que Michel Berger, France Gall et Véronique Sanson ont