Quelque chose en nous de Michel Berger
lignes de la main. Il m’a dit des choses extraordinaires. Il m’a dit que ça allait venir, là, maintenant. “Vous rentrez dans l’immortalité”, il m’a dit. Je me demande bien de quoi il pourra s’agir, ça n’est pas avec ma petite carrière de chanteuse que ça va arriver. Mais j’attends de pied ferme ce qui va se passer. Et Michel d’ajouter : “Je suis très intéressé de savoir ce que ce sera.” »
France sera d’une dignité absolue, remarquable, d’un sang-froid formidable, recevant les amis à Saint-Tropez, puis entourée de ses enfants, de Lionel et de Luc Plamondon, derrière ses lunettes noires, au cimetière de Montmartre. Dans Elle, le 22 février suivant, lorsqu’elle reprend la parole, ses mots sont forts et justes : « Ça a beau se passer dans le plus grand calme, le plus grand silence, c’est d’une violence inouïe. Et c’est une idée tellement inacceptable qu’on se demande comment on est vivant après. Parce qu’il faut qu’on vous le dise, mais non, non, non, on ne peut pas le croire… »
C’est Gilbert Coullier qui se charge d’organiser les funérailles. « Claude-Michel m’appelle et me dit : “Michel a eu un accident au tennis, je te passe France.” J’étais en Normandie, je repasse par Paris, puis Clamecy pour prendre Patrick Vilaret et j’arrive dans la nuit à Ramatuelle où il était prévu que je succède à France et Michel dans la villa à partir du 5 août. France me demande de prendre les choses en main. Les obsèques se déroulent le 6. Le 7, je suis de retour à Saint-Tropez, déprimé. Je vais dîner avec des amis qui veulent me changer les idées, puis m’emmènent boire un verre aux Caves du Roy, dans le fameux carré VIP de Jacqueline Vayssière. C’est là que je rencontre Nicole, qui deviendra ma femme, et me poussera à relancer Starmania . Ce qui est terrible,a posteriori, c’est que je me suis souvenu que nous étions allés faire du ski à Courchevel l’hiver précédent, et qu’arrivé en bas de la piste, Michel avait fait un malaise. Mais il s’était vite remis, et n’avait pas d’autres symptômes, donc nous n’y avions pas prêté attention. »
« Véronique m’appelle dans l’après-midi, se souvient de Bosson. Elle a appelé France, lui a demandé : “Est-ce que je dois venir à l’enterrement ? Si c’est un problème, je ne viens pas.” France lui a répondu très généreusement : “Tu plaisantes, il faut que tu viennes absolument, il t’a aimée, tu l’as aimé.” À l’enterrement, j’étais bouleversé. On attendait le convoi avec Véro dans un état terrible. Elle était livide, j’étais bouleversé, on pleurait en se broyant les phalanges pendant deux ou trois heures. Jonasz arrive, on aurait dit un clodo, il pleurait dans mes bras, je ne pouvais plus m’en défaire tellement il pleurait. Je ne l’avais jamais vu comme ça. »
Au cimetière de Montmartre, ce jeudi 6 août à onze heures, tout le monde est réuni pour saluer une dernière fois celui que Jean-Jacques Goldman, qui en reprendra le titre, désignait comme « le boss » de la pop française. À la demande de France, très droite dans l’affliction, entourée de ses enfants, Jacques Attali prononce un discours élogieux où il qualifie Michel de « Pierrot lunaire », « fragile comme tout ce qui est rare. Michel ne voulait pas être une star, mais un artiste », conclut-il. Luc Plamondon, qui ne quitte pas France d’une semelle, et dont on murmure qu’il était secrètement amoureux de Michel, s’épanchera plus tard auprès de Patrick Simonin à la télévision canadienne : « Michel était comme mon frère. On était tout le temps ensemble. Sa mort est une déchirure. J’ai perdu mon meilleur ami et collaborateur. »
Kraftchik, lui, est complètement désorienté. « Je suis rentré d’Ibiza immédiatement le matin de l’enterrement. Il y avait une barrière que je ne pouvais franchir et j’étais tellement perturbé que, voyant Gilbert Coullier, je lui ai dit “Bonjour Monsieur Camus”. Ce furent quelques heures d’horreur. On n’était pas les meilleurs amis du moment avec France, mais Michel, si. On se voyait régulièrement pour dîner chez Bofinger. J’ai passé beaucoup de temps avec lui. Toujours seul. Ça n’était pas jojo leur couple, à ce moment-là, mais France a toujours été très droite. Véronique, elle, craquait complètement. De Bosson, Bernholc et moi, on la tenait, sinon elle se serait
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