Quelque chose en nous de Michel Berger
Gainsbourg. Il avait monté sa boîte de prod chez Pathé Marconi où il était directeur artistique : Caramel. Il m’a même fait faire une tournée où je chantais en première partie de Régine lors des relâches de Hair .
» Quand je l’ai rencontré, c’était quelqu’un de très fragile. Il sortait d’une hépatite C. Pourtant, il ne buvait pas, il ne fumait pas. Dans la vie, c’était quelqu’un de très réservé, sensible et touchant. » Marlène Jobert confirme en partie. « Je savais qu’ilavait trop de cholestérol. Il était très mince, pas très grand, mais il n’était pas vraiment fragile. Plutôt cérébral, intellectuel, sensible. Son activité n’exigeait pas de performance physique. »
Vanina est séduite. « Dès qu’il se mettait au piano ou chantait, j’avais la chair de poule et les larmes aux yeux. Je ne comprenais pas pourquoi le métier ne reconnaissait pas son talent. Je sais que Hair l’a beaucoup marqué. Quand il l’a vu, il m’a dit : “Un jour j’écrirai une comédie musicale.” »
Vanina partage alors tous les soirs à partir de mai 1969 la loge de Julien Clerc, sa covedette, puis au bout d’un an, de son successeur, Gérard Lenorman. Tout le monde, Julien, Vanina, Maurice Vallet, Étienne Roda-Gil (les auteurs de Julien dont la carrière a débuté un an plus tôt, en mai 1968, avec « La cavalerie »), Ronnie Bird, Gérard Palaprat, Jeannie Bennett, Graziella Madrigal, Castelli et Annie Fargue, sa coproductrice, se retrouve ensuite pour boire des coups et dîner à la Closerie des Lilas. La relation entre Michel et Vanina devient plus intime. « Véronique l’avait déjà quitté, mais elle reviendrait. On n’était pas en guerre, c’était une amie aussi. Je sais que ce qu’on a vécu pendant un an environ, Michel et moi, était une belle vérité, c’était fort. On s’était vraiment donné l’un à l’autre, même si nous n’avons jamais véritablement vécu ensemble, puisque j’ai toujours gardé mon appartement, je ne me suis pas installée avec lui. Il était discret, très introverti, tout en ayant pas mal d’humour, mais il ne se lâchait vraiment que lorsqu’il était au piano, et se mettait à chanter. »
Côté boulot, il y aura encore une adaptation de la comptine anglaise « Three Blind Mice » (« Toi et moi ») et « Santa Claus est oublié » pour une certaineAlix Rohan chez Vogue, « Comme les plages en hiver » pour le futur illustrateur de la célèbre méthode de guitare de Marcel Dadi, Jean-Pierre Charbonnier chez Barclay et, avec Gérard Layani, « Don’t Cry Mademoiselle » et « Ballad to the One I Like » (qui paraphrase « Dedicated to the One I Love ») pour David Thomas – seulement homonyme du chanteur punk de Pere Ubu. Pour Pathé, il réalise aussi pour Dani « Papa vient d’épouser la bonne », scie rétro de Georges Milton avant-guerre, dont les radios se régalent. Désespéré de se faire un nom, de gagner de quoi financer enfin sa propre musique, il fait feu de tout bois. Compose des génériques pour Europe 1 (une face B du pseudo duo Charlots Poupougne et Chloé, « Dialogue sous la douche », indicatif de Viviane Blassel sifflé et chantonné à la « Toute la pluie tombe sur moi », puis sous le nom de Pachyderm, « Mozi-Mozik » pour la fameuse émission de fin d’après-midi de Jean-Lou Lafont) ; pour la télévision (« Qui et quoi » par Patrick Denis) et aussi des chansons et musiques de films ( Paris Top Secret, documentaire raconté par Philippe Bouvard avec « L’automne à Paris », chanté par une Szabo, le précurseur Mektoub de Ali Ghalem) et, finalement, décroche le jackpot avec l’imparable mélodie qui scande « O-ran-gi-na » pour la pub « Secouez-moi, secouez-moi ».
Et puis, en pleine vogue gospel de crise mystique en redescente post-révolutionnaire et psychédélique, de « Let It Be » à « Oh Happy Day » en passant par « My Sweet Lord », « Let the Sunshine In », « Mamy Blue », Jesus Christ Superstar et le « Jésus-Christ est un hippy » de Johnny Hallyday, c’est le coup de génie de « Jesus ». Des jeunes femmes habillées en hôtesses de l’air, engagées spécialement pour l’occasion, font le tour des programmateurs de RTL, Europe 1, France Inter et Radio Monte-Carlo, leurapportant – à leur descente d’avion, assurent-elles – le disque d’un certain Jeremy Faith, qui cartonnerait aux États-Unis. « Numéro un là-bas », n’hésitent-elles pas à
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