Quelque chose en nous de Michel Berger
dix-septième arrondissement, puis en 1971 le Conservatoire Européen de Musique de Paris). Témoins, les remarques incessantes du type dont ils sont l’objet : « Ha, vous êtes musicien ? Et que faites-vous pour gagner votre vie ? »
Berger s’attelle cependant aussitôt à la tâche auprès du chorégraphe Vic Upshaw, originaire d’Alabama, qui enseigne à Paris la danse à Catherine Deneuve, Sylvie Vartan et Jean-Claude Brialy – entre autres –, dirige les ballets du Lido et ceux de nombreux shows télévisés. Sous l’épigramme « michelberger », il signe des titres sur deux EPs. D’abord « Cette vie » sur Vic Upshaw chante (et pose tel Michael Jackson en chemise rouge sur la pochette), puis « Chanson triste » et « Chère Marie-Claire » au dos de sa version d’« Étoile des neiges », assez incongrue pour un Noir du Sud profond, mais pas plus malicieux, finalement, que Manu Dibango reprenant « Je veux être noir » de son patron Nino Ferrer.
Puis il y aura… Bourvil. C’est Sclingand qui met Berger sur le cou(p) de « La girafe ». « C’était un truc africain avec bruitages assortis. Je me souviens d’une grande conversation que j’avais eue avec Bourvil à cette occasion. Je lui expliquais que ce qu’il chantait était terrible et que les seules choses intéressantes alors étaient Eddie Cochran et Buddy Holly. À ma plus grande surprise, il était parfaitement d’accord ! Il faut dire que c’était quelqu’un d’extrêmement gentil… Malheureusement, je ne pouvais quand même pas lui écrire “Rock Around the Clock”. J’avais donc trouvé un terrain neutre, qui restait malgré tout à des lieues de ses sempiternelles ballades irlandaises ».Ça ne s’arrangera pas avec « L’air démodé » et « Le charme » pour le chanteur d’opérette Georges Guétary, aussi désuet qu’irritant mais atypique, dont Michel se partage les titres avec Schönberg. « Ce sont deux jeunes qui m’ont convaincu à cette occasion de changer mon style, de chanter plus en retenue », dira alors le vétéran grec d’Alexandrie.
Cette hérésie, et la honte afférente, bues, Berger connaît très tôt un premier succès en 1967 avec « Quand on est malheureux », slow plaintif, spleen, sur des accords de piano similiclassique, à la mode de « Love Me, Please Love Me », entonné de sa grosse voix par la mignonne Patricia au look très « demoiselle de Rochefort ». Il réalisera ses trois premiers EPs, signant pour elle « Et j’oublierai », « Est-ce qu’une fille peut dire : je t’aime », « La mer est paresseuse », « La musique de l’automne » et « Et dire », jusqu’à ce que son mari n’en ait assez et décide de la produire lui-même, mettant illico fin à la carrière de Patricia Paulin (elle tentera plus tard de resurgir sous le pseudonyme de Jenny Naska). Michel la remplace par Cécile Valéry, dont il dirige deux EPs successifs, signant à chaque fois le titre principal : « On n’apprend pas à parler d’amour », puis « Les chorales ». On notera avec stupéfaction que le suivant, sans lui, s’appelle « L’enfant du berger ». Celui du Professeur Hamburger profite de ses premières répartitions Sacem conséquentes pour s’offrir une Triumph et un studio boulevard Suchet qui lui assurent l’autonomie nécessaire à sa vie de garçon.
À Monty, il place « Les petites filles de 1968 », année où Patrice Blanc-Francard, futur « Enfant du rock » viré de son job d’ingénieur du son à l’Office de collaboration radiophonique (Ocora) et devenu label manager ducatalogue rock, invite Bernard Chabbert, futur spécialiste de l’aéronautique à Europe 1 et France 3, qu’il a connu à Maisons-Laffitte, à passer une audition au studio Pathé. Il y rencontre Sclingand, ses assistants Berger et Schönberg, et son directeur musical, Hubert Rostaing, fameux clarinettiste du Quintette du Hot Club de France auprès de Django Reinhardt. Chabbert publiera quatre EPs rock à tendance psychédélique devenus cultes, notamment « Tramway 7 B », « Helga Selzer » et « Une plage bordée de cocotiers », avant de déclarer forfait, dégoûté par le milieu : « Pathé voulait faire de l’argent, pas du rock. » Du coup « La star du flipper du coin », son clin d’œil au « Pinball Wizard » des Who, reste inédit encore aujourd’hui. Bernard fréquente alors Isabelle de Funès, la nièce du Gendarme de Saint-Tropez, modèle qui chante comme elle peut avec ses
Weitere Kostenlose Bücher