Quelque chose en nous de Michel Berger
»
Georges Lang, qui adore le premier album de Michel Berger et le diffuse la nuit sur WRTL, doit lui aussi dîner avec Michel dans le quartier du Panthéon. Josiane Layr, sa compagne de l’époque, attachée de presse chez Pathé Marconi, qui a organisé la rencontre, le prévient : « Il ne viendra pas seul, la personne qui l’accompagne est connue, mais il faudra que tu ne dises à personne que tu l’as vue. » Voici n’existait pas, les smartphones et les tweets non plus.
France va alors faire preuve d’un courage et d’une détermination admirables. Elle finance avec ce qu’il lui reste d’économies l’enregistrement de « La déclaration », cachet de Michel inclus. Et s’invente une nouvelle carrière, digne, cohérente, musicale. Celle dont elle rêvait. Qu’elle méritait. Enfin, une fois réglée sa situation, embarrassée et embarrassante.
« Chez nous, en raison de sa rupture de contrat deux ans plus tôt, personne n’en voulait, rappelle de Bosson. Le manager de France était Bertrand de Labbey. C’est Michel qui fait l’intermédiaire. Elle a été extra. Elle m’a dit : “Je veux retravailler avec toi.” J’ai dit : “OK, mais cette fois-ci, j’exige un contrat de cinq ans.” Bertrand m’explique qu’il ne peut pas prendre ce risque pour elle. En 1974, on a signé un accord qui stipule que si le 45 tours de “La déclaration” se vend à plus de 100 000 exemplaires au 31 octobre, cela déclenche automatiquement un contrat de cinq ans. Tu me croiras si je te dis que, malgré le succès médiatique, au 31 octobre on arrive tout juste à 102 300 ? On était nuls pour vendre des singles à l’époque. On ne savait faire que des albums ! »
« La déclaration » en est une à tous points de vue. C’est celle de Michel à France qui la chantera à Michel sous sa direction alors qu’il la lui destinait tout en entendant la réserver pour son propre album. Elle ne lui en laissera pas le choix. Mais à sa grande surprise, en studio, il lui demande d’écrire elle-même le monologue parlé, ce qu’elle n’avait jamais fait, ni envisagé de faire. « Michel aimait les gens qui assurent assez vite, rappelle Kraftchik. C’est pour ça qu’il a craqué sur France professionnellement. Sinon, il n’était pas facile. Mais s’il n’était pas un mec facile, en revanche, il était adorable. Avec France, ila recommencé à vivre. » « France a été très déterminante dans son établissement d’homme. Elle l’a rendu heureux », confirme Bernard de Bosson, leur intime. Elle prend les choses en main, se met à organiser leur vie quotidienne, ce qui n’est pas le fort de Michel, qu’elle baptise très vite Professeur Tournesol, tant elle le trouve « asocial dans le quotidien, d’une étourderie permanente ». Serge Pérathoner se souvient qu’un jour où ils sont chez Michel, celui-ci propose de faire du café. Il se rend dans la cuisine et s’empêtre aussitôt, ne sachant pas comment se servir du filtre, ni mettre de l’eau et brancher la cafetière. Pas plus qu’où peut bien se cacher le café. « France nous l’avait raconté, en charriant Michel. Pour lui, la cuisine était un lieu où il ne mettait jamais les pieds, tellement dans son enfance c’était réservé aux domestiques. Il savait tout juste où elle se trouvait. Il perdait toujours tout, c’était un mec aérien. Un jour où il était venu à Colombes chez Janik Top avec Luc Plamondon nous apporter de nouveaux titres retravaillés pour Starmania sur des cassettes immondes où il fallait tout deviner tellement c’était n’importe quoi, il était arrivé avec son pare-chocs à la main, et ça l’avait dégoûté à jamais des voitures. À partir de ce jour-là, il a donné sa BMW à de Bosson, et n’a plus jamais conduit. C’était devenu un truc matériel trop compliqué, handicapant. Il n’a plus utilisé que des taxis et des chauffeurs. Mais c’était lui le patron, il avait toujours l’œil sur tout, rien ne lui échappait jamais. Tout était dans le non-dit, le regard. »
« À part la musique, il ne savait rien faire », confirme Grégoire Colart. France l’en décharge, s’occupe de tout, l’apaise, le rend plus cool. Aussitôt après avoir signé la musique du film de Robert Benayoun avec Jane Birkin Sérieux comme le plaisir, Michel se met à composer pour France une comédie musicale, AngelinaDumas, inspirée de l’histoire de Patricia Hearst, la petite-fille du véritable Citizen
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