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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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chanson d’émoi amoureux de petite princesse Disney, exemple stupéfiant de la facilité avec laquelle l’auteur se glissera dans la peau, le cœur, la psyché, d’une jeune fille, archétype que France va incarner tout au long de la décennie. La partie et le solo de guitare de Claude Engel, dont on ne louera jamais suffisamment le talent, même s’il n’est effectivement pas plus Hendrix qu’Auxerre n’est Memphis, comme le chante France sur le même disque, n’est pas le moindre de ses attraits. Dans le même esprit et ton proche, chaleureux, protecteur, le délicieux « Je saurai être ton amie », où Michel explore à nouveau la veine empathique « You’ve Got a Friend »/« Bridge Over Troubled Water », une « Chanson pour consoler », deviendra bientôt l’hymne des fans de France. Ce nouveau personnage de meilleure amie, de confidente, de grande sœur, de jeune fille éprise, correspond exactement à ce que France attendait. Mieux encore, à ce qu’elle est. « C’étaient des textes qui correspondaient à ce que je ressentais. Ça parlait de choses toutes simples avec des mots tout simples, comme on pourrait les dire dans la vie. »
    On remarque aussi « La chanson d’une Terrienne », long morceau au piano sur le mode Elton John/BillyJoel de l’époque, qui préfigure l’universalisme « All You Need Is Love » et « We Are the World » de la décennie à venir, que développeront Daniel Balavoine (« L’aziza », « Sauver l’amour »), Jean-Jacques Goldman (« Je te donne »), Laurent Voulzy (« Le soleil donne »), Michel lui-même (l’album Différences ), comme Sting, Peter Gabriel, Stevie Wonder, Michael Jackson et compagnie. Et enfin, comme dans le « Sunny Afernoon » des Kinks, cette « Big Fat Mamma » qui chante le blues, éternel fantasme de « Négresse blanche » qui fascine celles et ceux qui ne réalisent pas vraiment ce qu’il en a réellement coûté d’être esclave au sud de la ligne Mason-Dixie, mais ne peuvent s’empêcher d’envier la passion, le réalisme, la vérité, le sens de la communauté, le magnétisme sexuel et la ferveur religieuse qui exsudent du corps et du larynx des Afro-Américains malgré eux. Bien sûr, le sentiment ne saurait être critiqué autrement que pour sa naïveté, tant il est généreux, humaniste, admiratif, envieux. Son ton amusé, son autodérision, préfigurent d’une certaine façon le « Nashville ou Belleville » d’Eddy Mitchell. Michel et France y reviendront, encore et encore, tant la musique qu’ils aiment sincèrement provient de là, provient du blues.

    Le 22 mai 1976, la première chaîne de l’ORTF diffuse un premier « Numéro 1 » que Maritie et Gilbert Carpentier ont souhaité offrir à Michel Berger. Plutôt qu’une émission de variétés habituelle avec sa litanie de tableaux successifs, il a préféré écrire un conte musical, Émilie ou la petite sirène 76, très librement inspirée de celle d’Andersen, dont il élabore le scénario en collaboration avec Franck Lipsik qui présente Taxi sur Radio Monte-Carlo. Avec le recul, on nage en plein kitsch SFP Buttes-Chaumont, décors et lumières de théâtre, costumes de satin de couleursvives et brillantes, clash de chromos, looks Abba/Fiorucci, maquillages appuyés, narration hésitante et tarte de Marie-France Pisier. Le travail que s’impose Michel est considérable. Il compose quinze morceaux spécialement pour l’occasion, à l’instar de Jean-Jacques Debout ou de Serge Gainsbourg avant lui, et si certaines paroles sont assez utilitaires, toutes les mélodies, elles, sont parfaitement développées et abouties, à l’intention des différents interprètes de cette fantaisie télévisuelle. Lorsqu’il les fait écouter à Georges Lang dans la demeure biscornue du seizième, celui-ci les apprécie, mais pour dire quelque chose, montrer son attention et son intérêt, pointe que l’une d’entre elles lui rappelle une autre chanson de Michel. Celui-ci le prend mal : « Comment, tu veux dire que je me plagie moi-même, que je n’ai plus d’inspiration ? »
    De Émilie ou la petite sirène 76, on ne connaît finalement que les deux chansons qui en ont survécu, « Le monologue d’Émilie » et surtout « Ça balance pas mal à Paris », manifeste « achetez français » inversant l’argument de « Big Fat Mama », partagé en duo par France en casquette poulbot pied-de-poule, et Michel, incroyablement attifé avec un volumineux foulard rose sur

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