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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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les yeux, il y avait un moment de vérité. Il te rendait moins lâche. T’amenait à te bouger, prendre des décisions plus vite. Au quotidien, il était très présent, très humain, humaniste. On parlait politique, philosophie, il était toujours chaleureux en cas de besoin. » Et, en producteur-né, allait toujours spontanément vers les autres.
    « Ma première rencontre avec Michel Berger fut téléphonique, me raconte Yves Simon. C’était début 1974, juste après le succès de “Au pays des merveilles de Juliet”. Nous ne nous connaissions pas, et il me demande d’écrire avec lui une comédie musicale inspirée de La Petite Sirène d’Andersen. Il se chargeait de la musique et se proposait de me confier les paroles. Ça ne me branchait pas spécialement. Mais c’est peut-être lui, inconsciemment, qui m’a inspiré “J’ai rêvé New York”, avec des cuivres, des chœurs, une certaine durée. Je l’ai invité peu après à participer au “RTL Non-Stop” de Philippe Bouvard dontj’étais la vedette, sans trop savoir ce qu’il chantait. Il était en train de répéter au piano quand je suis arrivé et j’ai été surpris d’entendre qu’il chantait avec le même vibrato que Véronique Sanson. Dans un premier temps, j’ai été un petit peu déçu, parce que c’était elle qui était connue et pas lui, et j’ai d’abord cru qu’il la copiait, avant de savoir que c’était peut-être lui qui le lui avait montré, ou du moins qu’ils l’avaient inventé ensemble. »
    Après avoir fait sa « Déclaration » à France, et remporté un joli succès interposé, il lui en fait une autre, aussi amusée qu’interdite, qui nomme l’album suivant : Que l’amour est bizarre . L’équipe reste immuable : le Système Crapoutchick, plus Engel, et Marc Chantereau aux percussions. Philippe Chatilliez, que Michel fait parallèlement travailler avec Mireille – la Mireille du Petit Conservatoire, soixante-neuf ans au compteur – qu’il a signée pour un album chez Filipacchi, est lui aussi omniprésent pendant l’enregistrement.
    Seul « L’amour est là », jolie bossa californienne d’euphorie amoureuse à la Burt Bacharach avec les chœurs appuyés de France, subsiste d’une semaine de séances à Londres avec Herbie Flowers, Barry Morgan et Chris Spedding. Cet album n’obtient une nouvelle fois qu’un succès d’estime, malgré la présence d’une chanson qui ne prendra d’importance qu’avec les années, redécouverte pour des raisons extra-musicales. Ou pas ? Il s’agit de « Seras-tu là ? », supplique de l’avis général immanquablement adressée à Véronique Sanson, au souvenir indélébile. Un « deep cut », comme on dira plus tard, amené à devenir trente ans après un morceau de référence, un phare.

    Le mariage avec France, au cours duquel les deux familles aux origines et aux fortunes fort différentesse regardent un peu en chiens de faïence, le succès de leur duo sur « Ça balance pas mal à Paris » ne changent rien à la donne. Michel reste toujours aussi timide, réservé, pudique, discret, en retrait comme pour ne pas déranger, ou ne pas s’exposer plus encore, tant il le fait, à la mode seventies, dans ses chansons confessions, et l’album suivant, Mon piano danse, toujours avec la même solide et talentueuse équipe, que renforce Georges Rodi aux claviers, ne connaît pas un meilleur sort que les précédents. Il est même un ton nettement en dessous, peut-être victime de son trop grand désir de plaire, d’accrocher, comme de la dispersion de son auteur, qui ne s’économise pas, entre les chansons pour France, Angelina Dumas, La Petite Sirène et Starmania, qu’il a commencé à composer. Les singles essaient trop fort de chercher le tube léger et entraînant, que ce soit la chanson titulaire, presque caricaturale, ou le pauvre « Mon bébé blond », qui tente de jouer sur la passion invétérée que voue ce jeune homme brun ébouriffé aux déesses aux cheveux d’or. Trop de morceaux apparaissent comme des exercices de style, presque gadgets pour quelques-uns, à la manière des albums de Ringo Starr, ou dérivent vers ce r’n’b variété californien qui va assoupir les années soixante-dix musiciennes et ne s’emballe ici que lors des sept minutes de « La bonne musique », justement nommée, qui lorgne vers le funk léger et sophistiqué des Crusaders et de Steely Dan. « Les tramways de Carouge » – les plus anciens d’Europe –

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