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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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richesse.
    Et ce n’est pas mieux à l’intérieur : chiens, chats et poules – quand ce ne sont pas les cochons – entrent et sortent à tout moment, imbibés et maculés de leur passage par l’écurie ou le tas de fumier. Tous s’y soulagent, sur le sol de terre battue, voire pour les poules, sur la table, où elles sont montées picorer quelques miettes.
    Tout est empuanti, mais en fait ni plus ni moins qu’à Versailles, dont « les corridors sont remplis d’urine et de matière fécale ». Il faut dire que rares étaient les édifices pourvus de lieux d’aisance, seules les abbayes les plus importantes s’en étant dotées dès le Moyen Âge, Ne voit-on pas l’amiral de Bonnivet, frigorifié et sans doute se mouchant dans ses doigts, se faire inonder, alors qu’il se chauffe dans la cheminée d’une comtesse, par la royale urine de François I er qui, venu se soulager après avoir « besogné la dame », ne l’a point remarqué dans son recoin obscur ?
    Derrière les tapisseries de Versailles
     
    Si l’on risquait, en ville, de recevoir un pot de chambre sur la tête, il ne faut pas croire que la vie de cour en ait préservé. Thévenot de Morande raconte comment, sous Louis XV, la Dauphine en fit elle-même les frais lorsqu’on « a jeté d’une fenêtre du second étage du grand commun un pot d’excréments sur sa chaise à porteurs, qui éclaboussa ses aumôniers et sa suite et les obligea à l’abandonner pour aller changer d’habits ».
    Comment s’en étonner ? Les architectes des palais ont souvent négligé les latrines à l’intention des visiteurs, au point que, sous Henri III, on devait, chaque matin, balayer les excréments répandus dans les cours et les escaliers du Louvre.
    Versailles, construit selon les mêmes principes, ne proposait guère d’endroits discrets au public de passage, et les quelque deux à trois cents chaises percées que l’on y dénombrait n’auraient pu suffire aux milliers de courtisans qui s’y pressaient. Le long d’une terrasse, peut-être avait-on songé à aménager à cet effet de vastes « cabinets de verdure », où l’on avait grand-peine, dit-on, à trouver une place où poser les pieds, ce qui incitait celui qui voulait se soulager à leur préférer le bosquet de la Reine ou l’allée de Bacchus. Mais par mauvais temps, on faisait souvent comme le comte de Brancas qui, un jour où il accompagnait la reine, n’hésita pas à l’abandonner un instant pour aller pisser contre une tapisserie. L’odeur, évidemment, valait largement celle des salles communes des intérieurs les plus rustiques.
    Pourtant, nul ne s’en choquait, et le roi lui-même ne donnait-il pas l’exemple ? Chaque matin, après la messe, le gentilhomme « porte-chaise d’affaires » installait le monarque sur ce trône singulier dont il avait la garde, avec pour principale fonction de vider le bassin royal (fonction alors extrêmement enviée). Ainsi occupé, Louis XIV recevait les quelques privilégiés ayant obtenu un « brevet d’affaires »pour lui tenir compagnie durant ce temps d’intimité, jugé particulièrement favorable aux conversations privées. L’habitude était ancienne, puisque son bouffon disait déjà à Louis XIII : « Il y a deux choses dans vostre mestier dont je ne me pourrois accomoder, c’est de manger seul et de chier en compagnie. »
    En son château d’Anet, le duc de Vendôme passait un temps infini sur cette même chaise. Dès son lever, il s’y installait pour donner ses ordres et faire son courrier, et Saint-Simon précise qu’il « rendait beaucoup » et que « quand le bassin était plein, on le tirait et on le passait sous le nez de toute la compagnie pour l’aller vuider, et souvent plus d’une fois ». C’est sur ce siège qu’il reçut un jour un évêque, que le duc de Parme lui avait envoyé comme ambassadeur, et qui repartira outré d’avoir vu le duc « se lever au milieu de la conférence et se torcher le cul devant lui ».
    Cette question des excréments ressort constamment. Des corridors empuantis des palais aux tables de fermes maculées de fientes de poule, leur gestion et leur pollution est sans nul doute un de gros points noirs du monde d’hier.
    Si le Moyen Âge avait à peu près bien géré les latrines, longaignes et retraits en leur réservant dans les châteaux des logettes placées au-dessus des fossés ou des cours d’eau, on en avait ensuite installé dans les

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