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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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longue durée de son règne (quarante-six ans) et son couronnement comme empereur d’Occident ont contribué à faire de Charlemagne un véritable mythe : soixante-dix ans après sa mort, un moine de Saint-Gall écrivant sa biographie affirmera que ses yeux lançaient de tels éclairs qu’en sa présence les gens s’évanouissaient.
    De là à le doter de barbe, le pas fut vite franchi… En avait-il une ? Il est impossible de le savoir, étant donné qu’il n’existe aucun portrait du grand empereur, pas plus, d’ailleurs, que de nos anciens rois : le premier dont les traits nous sont connus est Jean II le Bon, peint vers 1359.
    Mais qu’importe, la barbe s’est vite imposée aux biographes de Charlemagne comme aux auteurs des nombreuses chansons de geste dont il est le héros. Entouré de ses douze pairs, il trône en vieux roi invincible et plusieurs fois centenaire, et ne peut donc être que barbu. La barbe n’a-t-elle pas en effet toujours été considérée comme symbole de virilité, de courage et de sagesse ? Dans l’Antiquité, les dieux comme les guerriers étaient barbus, et qui était imberbe portait des postiches, comme le faisaient les rois et les dieux de l’Égypte. Au Moyen Âge, les neuf preux portent une barbe d’or en témoignage de leur héroïsme et de leur inspiration… La Chanson de Roland parle donc de « barbe fleurie », pour mieux évoquer l’image d’une barbe blanche et longue. On retrouve ici un autre symbole, celui des nattes et des tresses – les barbes postiches égyptiennes étaient tressées –, symbole du lien avec le ciel et le divin.
    En 1165, les Allemands firent canoniser Charlemagne. Bien qu’effectuée par un antipape, cette « promotion » a été respectée par l’Église et sa fête, le 28 janvier, était autrefois célébrée dans toutes les écoles, à commencer par l’Université de Paris, dont il était le patron. On a seulement oublié que cet homme ne savait ni très bien lire ni très bien écrire et qu’il ne parlait ni latin, ni grec, mais le tudesque, un ancien idiome allemand de sa région natale, puisqu’il serait né à La Préalle-les-Herstall, en 742.
    Tout cela est d’autant plus plausible que cette formidable multitude d’aïeux était largement dispersée, tant à travers la société que l’espace.
    Une dispersion qui confirme pleinement l’affirmation de La Bruyère selon laquelle « tout homme descend d’un roi et d’un pendu ». Mille circonstances de l’histoire des familles, où les réussites sociales ont toujours alterné avec les ruines et les régressions, vous donneront en effet des ancêtres très divers.
    Toute personne vivant aujourd’hui compte forcément parmi sa généalogie quelques ancêtres ayant appartenu aux classes dominantes. Une aïeule née à la fin du XVIII e siècle et fille de petit notable, notaire, juge ou propriétaire terrien, se révélera avoir eu elle-même une grand-mère ou une arrière-grand-mère issue de la petite noblesse bretonne ou limousine, laquelle avait à son tour une aïeule de plus haute naissance qui vous permettra, au fil des générations, de rencontrer de puissantes lignées. Dès lors, par les anciens comtes d’Aubusson, par les sires d’Avaugour ou par les branches cadettes des anciennes maisons de Foix, de Bretagne ou de Bourgogne, le généalogiste contemporain verra Saint Louis, Louis VI le Gros ou un petit-fils de Charlemagne constituer bel et bien un des maillons de la longue chaîne des générations qui l’ont précédé.
    Voilà pour le roi. Reste à trouver le pendu ! Les glorieuses figures que nous venons d’évoquer se détachent d’autant plus nettement de l’inextricable ramure de votre arbre généalogique que celle-ci reste majoritairement composée d’une foule d’aïeux beaucoup plus obscurs et humbles, d’hommes déshérités au point de compter sûrement sinon ce pendu, du moins un bagnard ou quelque ancien condamné. La justice était sévère. Si Jean Valjean alla au bagne pour avoir volé un pain, nombre de nos ancêtres, qui n’ont été les héros d’aucune « légende des siècles », s’étaient vus condamner pour un forfait à peine plus grave. Et si leur souvenir a été longtemps effacé de la mémoire familiale, les bagnards, au bénéfice de l’engouement pour la recherche généalogique, sont aujourd’hui considérés par les « chasseurs d’ancêtres » comme les « pièces les plus originales » des

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