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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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»
    Une fois encore Thomé
    demeure rêveur un long moment. Puis, comme s’il s’agissait de l’organisation d’une
    partie de campagne, il déclare :
    « Je pense qu’on va
    y aller ce soir à 6 heures. »
    Ferdinand et Paul Lehir
    dissimulent mal leur exaltation. Fiévreux, le F.T.P. a oublié l’accrochage du
    premier contact. Il bafouille presque, enthousiaste :
    « Si vous nous
    donniez certaines de vos armes, simplement vos revolvers, on pourrait être deux
    cents pour les attaquer. »
    Thomé hoche la tête dans
    un signe de négation amusé.
    « Non, mon vieux, je
    vais tenter le coup avec mes hommes. Mais ne t’inquiète pas, dès que vous serez
    armés, vous aurez l’occasion de faire la démonstration de vos talents. Pour le
    moment, tout ce que je vous demande, c’est de m’aider à mettre quelques détails
    au point. Et primo, je n’ai besoin que de trois guides.
    — Ferdinand, moi, et
    un troisième homme sûr. Mais, je ne comprends pas…
    — Tu vas comprendre.
    Ferdinand avec un de mes hommes au transfo. Le troisième homme avec mon sergent
    à la chicane. Toi, Lehir, tu me conduiras avec le gros de la troupe par le
    jardin du maire.
    — Mon lieutenant, objecte
    Lehir, une centaine de parachutistes en armes massés sur une seule voie, ça
    risque d’attirer l’attention.
    — On est moins
    nombreux que tu ne le penses, mon vieux. »
    Lehir, Ferdinand et l’amiral
    dévisagent, intrigués, le jeune officier.
    « Vous êtes combien,
    mon lieutenant ? »
    Savourant son effet, Thomé
    compte sur ses doigts :
    « Voyons… Dubosc s’est
    cassé la jambe à l’atterrissage… Clément au transfo, Klein à la chicane. Restent,
    en me comptant, dix hommes. C’est trop. J’enverrai Garros avec Klein à la chicane,
    nous serons donc neuf pour attaquer le bâtiment. Ça ira pour le jardin du maire ? »
    Les deux patriotes
    écarquillent les yeux, ahuris. Avec évidence, ils se demandent s’ils n’ont pas
    affaire à un fou. Lehir déclare :
    « Ils sont cent
    vingt à l’intérieur, armés jusqu’aux dents, ils ont des fusils mitrailleurs, des
    mortiers.
    — Nous, on aura la
    surprise. Ça fait plus de deux ans qu’on nous entraîne à ce genre de coup de
    commando. Il serait désespérant que les Anglais aient dépensé des tombereaux de
    livres sterling pour des nèfles. La Kommandantur de Daoulas, je considère que
    je la leur dois. »
     

37
    4 août. 17 h 45.
    Sous les yeux admira tifs de Ferdinand, Clément installe, avec une précision d’horloger,
    son dispositif de sabotage sur le transformateur. Il met exactement sept
    minutes, consulte sa montre, puis, tranquillement, de tout son long, il s’étend
    dans la fougère et allume une cigarette. Ferdinand va parler ; d’un geste,
    Clément lui fait signe de se taire.
    17 h 55. Le
    sergent Klein et le jeune Garros, accompagnés de Lucien, le troisième homme, viennent
    de repérer la chicane et ses six gardiens. Klein a fait comprendre au guide que
    tout allait bien et qu’il n’avait plus qu’à se terrer et attendre.
    Klein et Garros sont en
    surplomb, dissimulés par d’épais buissons. Leur position est idéale, d’autant
    que les Allemands ne se méfient pas. Quatre d’entre eux font les cent pas, les
    deux autres sont assis sur le bloc de ciment et bavardent. Klein avait l’intention
    de balancer des grenades. En découvrant la situation, il change son projet, prend
    sa carabine et s’installe dans la position du tireur couché. Garros comprend
    instantanément et l’imite.
    17 h 57. À
    cinq mètres les uns des autres, progressant avec la souplesse et l’agilité de
    félins, Thomé et ses huit « zazous » se placent aux postes qui leur
    ont été désignés sur le plan. Briguet contourne et installe son fusil
    mitrailleur. Thomé parvient à se dissimuler d’arbre en arbre jusqu’à sept ou
    huit mètres à peine du perron sur lequel veille une sentinelle inattentive, l’arme
    à la bretelle.
    À plat ventre, à l’abri
    du tronc d’un gros cèdre, Thomé observe l’Allemand. Le jour n’est pas
    entièrement tombé, mais le ciel est tellement bas et épais qu’à l’intérieur de
    la Kommandantur chacune des pièces occupées est allumée.
    Thomé est fasciné par l’homme
    de garde. De lourdes gouttes de sueur perlent sur son front, imprègnent ses
    sourcils qu’elles imbibent avant de suinter sur ses yeux. À plusieurs reprises,
    le lieutenant essuie son visage à l’aide du lambeau de

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