Qui ose vaincra
plastic surmontée d’une
bonnette détonateur. Les Français avaient amélioré l’efficacité meurtrière de
ces engins en truffant le plastic de boulons, clous, fragments de chaînes de
vélos, ou toute autre parcelle de métal. Il est arrivé fréquemment qu’une
vingtaine d’hommes soient tués par l’explosion d’une seule gammon-bomb.)
Leur capitaine en tête, les
prisonniers marchent sous la menace à travers la rue qui conduit à la sortie du
bourg. Lorsqu’ils parviennent à la chicane, le gronde ment lointain de la
colonne motorisée croît, sourd et lancinant.
Thomé ordonne au
capitaine allemand :
« Vous allez vous
trouver au centre d’un feu croisé. Un faux geste de l’un de vous et je
déclenche le tir. Tenez-vous avec vos hommes devant la chicane. Quand j’attaquerai
le convoi, et seulement quand j’attaquerai le convoi, faites pour le mieux, essayez
de vous mettre à l’abri. »
La colonne s’approche
lentement. En tête, deux auto mitrailleuses ; derrière, quatre camions ;
en queue, une automitrailleuse.
Dès que le troupeau est
pris dans le faisceau des premiers phares, courageusement, le capitaine
allemand lève les bras qu’il croise au-dessus de sa tête pour prévenir l’embuscade.
Son pantalon tombe en tire-bouchon sur ses genoux. Il se penche, se relève, et
recommence trois fois l’opération.
Le S.S. de l’automitrailleuse
de tête ne comprend rien à cette étrange « pantalonnade ». Il
poursuit sa progression. Dès que le premier véhicule arrive à sa hauteur, Thomé
lance une gammon-bomb qui atteint son but avec précision. L’automitrailleuse s’immobilise.
La colonne est bloquée. Provoquée par la surprise, la panique est immédiate et
totale.
Courant comme des
lièvres sur les talus, les parachutistes trouvent les points desquels ils
pourront lancer leurs engins avec efficacité. Trois nouveaux véhicules sautent.
Du combustible se répand et s’enflamme. Les prisonniers essaient de courir, s’entravent
dans leurs pantalons, tombent, se relèvent, cherchent désespérément un abri qui
n’existe pas. Les S.S. ne comprennent rien. Ils ne parviennent pas à situer l’ennemi ;
seuls quelques-uns d’entre eux tirent à l’aveuglette, complètement désemparés. Un
des camions tente de doubler les véhicules en feu. Il y parvient, dangereusement
penché, ses deux roues de gauche sur le talus. Le véhicule arrive à s’engager
dans la chicane : il est stoppé par une balle qui a sectionné le fil du
delco. Une gammon-bomb atterrit le plateau arrière ; elle tue ou blesse
grièvement la totalité des occupants. Paul Lehir, le mécano, se précipite, ouvre
le capot, constate immédiatement la raison de la défaillance du moteur. Avec un
courage et un sang-froid extraordinaire, il extrait de la boîte fixée sur le
marchepied les outils qu’il juge nécessaires et se met à bricoler les fils
pendant que, rageur, le combat se poursuit autour de lui.
En moins de deux minutes,
le moteur tourne. Thomé a observé le patriote, il hurle : « Tout le
monde au camion de tête ! On taille la route. »
Les parachutistes se
précipitent, bondissent sur le plateau du camion, atterrissent sur les corps
des morts et des blessés allemands.
« Tu peux y aller !
crie Thomé. On est tous là. » Le camion s’ébranle, tandis qu’à l’arrière
les « zazous » lancent dans de formidables jets leurs dernières
grenades, puis tirent à la mitraillette, protégeant leur traite.
Le camion prend de la
vitesse dans la rue principale de Daoulas. Il s’engage, après avoir contourné
le liage, sur la route secondaire qui conduit à Saint-Urbin.
Les S.A.S. jettent alors
les corps des Allemands par-dessus les ridelles. Thomé constate la présence de
quatre blessés. Il fait arrêter Lehir ; précautionneusement les S.S. sont
déposés sur le bord de la route.
À Landerneau, dans la
nuit, le capitaine Emmunt se tient au garde-à-vous devant le major commandant
le trois compagnies de S.S. Il n’a trouvé qu’un bout de ficelle pour maintenir
son pantalon dont la braguette bâille. Il n’a pas pris le temps de déboutonner
les bretelles sectionnées qui pendent sur ses fesses et ses cuisses. Le major
écoute les explications oiseuses de son subordonné. Il se cantonne dans un
mépris caustique et indifférent.
« Avez-vous au
moins une idée précise de leur effectif ? interroge-t-il.
— Précise ?… Dans
la
Weitere Kostenlose Bücher