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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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plastic surmontée d’une
    bonnette détonateur. Les Français avaient amélioré l’efficacité meurtrière de
    ces engins en truffant le plastic de boulons, clous, fragments de chaînes de
    vélos, ou toute autre parcelle de métal. Il est arrivé fréquemment qu’une
    vingtaine d’hommes soient tués par l’explosion d’une seule gammon-bomb.)
    Leur capitaine en tête, les
    prisonniers marchent sous la menace à travers la rue qui conduit à la sortie du
    bourg. Lorsqu’ils parviennent à la chicane, le gronde ment lointain de la
    colonne motorisée croît, sourd et lancinant.
    Thomé ordonne au
    capitaine allemand :
    « Vous allez vous
    trouver au centre d’un feu croisé. Un faux geste de l’un de vous et je
    déclenche le tir. Tenez-vous avec vos hommes devant la chicane. Quand j’attaquerai
    le convoi, et seulement quand j’attaquerai le convoi, faites pour le mieux, essayez
    de vous mettre à l’abri. »
    La colonne s’approche
    lentement. En tête, deux auto mitrailleuses ; derrière, quatre camions ;
    en queue, une automitrailleuse.
    Dès que le troupeau est
    pris dans le faisceau des premiers phares, courageusement, le capitaine
    allemand lève les bras qu’il croise au-dessus de sa tête pour prévenir l’embuscade.
    Son pantalon tombe en tire-bouchon sur ses genoux. Il se penche, se relève, et
    recommence trois fois l’opération.
    Le S.S. de l’automitrailleuse
    de tête ne comprend rien à cette étrange « pantalonnade ». Il
    poursuit sa progression. Dès que le premier véhicule arrive à sa hauteur, Thomé
    lance une gammon-bomb qui atteint son but avec précision. L’automitrailleuse s’immobilise.
    La colonne est bloquée. Provoquée par la surprise, la panique est immédiate et
    totale.
    Courant comme des
    lièvres sur les talus, les parachutistes trouvent les points desquels ils
    pourront lancer leurs engins avec efficacité. Trois nouveaux véhicules sautent.
    Du combustible se répand et s’enflamme. Les prisonniers essaient de courir, s’entravent
    dans leurs pantalons, tombent, se relèvent, cherchent désespérément un abri qui
    n’existe pas. Les S.S. ne comprennent rien. Ils ne parviennent pas à situer l’ennemi ;
    seuls quelques-uns d’entre eux tirent à l’aveuglette, complètement désemparés. Un
    des camions tente de doubler les véhicules en feu. Il y parvient, dangereusement
    penché, ses deux roues de gauche sur le talus. Le véhicule arrive à s’engager
    dans la chicane : il est stoppé par une balle qui a sectionné le fil du
    delco. Une gammon-bomb atterrit le plateau arrière ; elle tue ou blesse
    grièvement la totalité des occupants. Paul Lehir, le mécano, se précipite, ouvre
    le capot, constate immédiatement la raison de la défaillance du moteur. Avec un
    courage et un sang-froid extraordinaire, il extrait de la boîte fixée sur le
    marchepied les outils qu’il juge nécessaires et se met à bricoler les fils
    pendant que, rageur, le combat se poursuit autour de lui.
    En moins de deux minutes,
    le moteur tourne. Thomé a observé le patriote, il hurle : « Tout le
    monde au camion de tête ! On taille la route. »
    Les parachutistes se
    précipitent, bondissent sur le plateau du camion, atterrissent sur les corps
    des morts et des blessés allemands.
    « Tu peux y aller !
    crie Thomé. On est tous là. » Le camion s’ébranle, tandis qu’à l’arrière
    les « zazous » lancent dans de formidables jets leurs dernières
    grenades, puis tirent à la mitraillette, protégeant leur traite.
    Le camion prend de la
    vitesse dans la rue principale de Daoulas. Il s’engage, après avoir contourné
    le liage, sur la route secondaire qui conduit à Saint-Urbin.
    Les S.A.S. jettent alors
    les corps des Allemands par-dessus les ridelles. Thomé constate la présence de
    quatre blessés. Il fait arrêter Lehir ; précautionneusement les S.S. sont
    déposés sur le bord de la route.
    À Landerneau, dans la
    nuit, le capitaine Emmunt se tient au garde-à-vous devant le major commandant
    le trois compagnies de S.S. Il n’a trouvé qu’un bout de ficelle pour maintenir
    son pantalon dont la braguette bâille. Il n’a pas pris le temps de déboutonner
    les bretelles sectionnées qui pendent sur ses fesses et ses cuisses. Le major
    écoute les explications oiseuses de son subordonné. Il se cantonne dans un
    mépris caustique et indifférent.
    « Avez-vous au
    moins une idée précise de leur effectif ? interroge-t-il.
    — Précise ?… Dans
    la

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