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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Ils
    sont nerveux, ils ont envie d’agir. Il y a plus d’un an qu’on nous promet des
    armes. Nous n’en avons jamais vu, même pas un lance-pierres. Le travail que les
    F.T.P. ont fait de leurs mains nues mérite un grand coup de chapeau. Armez-les,
    et vous aurez une véritable troupe d’élite. »
    L’atmosphère se détend
    instantanément. Les hommes s’assoient autour de la grande table que la servante
    débarrasse prestement.
    « Hélas ! reprend
    Thomé, je n’ai pas d’armes à vous donner. Et aucun parachutage n’est prévu dans
    les jours qui viennent. À Londres, nous n’avions aucune idée de votre
    organisation. Je le déplore, mais c’est un fait.
    — Je sais où il y a
    des armes, de quoi nous équiper tous, F.F.I. et F.T.P., annonce calmement Lehir.
    Ça dépend évidemment de l’effectif dont vous disposez.
    — Mes hommes m’attendent
    à moins de trois kilomètres, répond Thomé. Raconte toujours ton histoire.
    — C’est simple, reprend
    Lehir. Mon plan consiste à attaquer la Kommandantur de Daoulas. Il y a six mois
    que j’en rêve. Avec une centaine de paras, armés et entraînés comme vous l’êtes,
    ça ne devrait pas pouvoir louper. »
    Ce disant, Paul Lehir a
    extrait de la poche de sa vareuse une carte détaillée de la région et un plan, qui
    semble précis, de la Kommandantur et de ses abords. Il poursuit ses
    explications :
    « Là, mon
    lieutenant, à deux kilomètres à l’est, il y a un transformateur. Il canalise
    toute l’électricité de la ville, et les fils du téléphone y passent également. Là,
    de l’autre côté, à huit cents mètres à l’ouest, un barrage en chicanes fixes
    sur la route est gardé en permanence par six Allemands. Nous connaissons trois
    chemins d’accès à Daoulas. Je peux mettre à votre disposition cinq guides. Un
    premier amènerait ici une trentaine de vos hommes ; un second en ferait
    passer une autre trentaine par le jardin du maire ; enfin, les trente
    derniers contourneraient l’église et se retrouveraient à ce point, dissimulés
    par ce muret. Je me charge de mettre en place ce dispositif, ainsi la Kommandantur
    serait pratiquement cernée. À une heure dite, trois ou quatre hommes
    suffiraient pour faire sauter le transformateur, une dizaine pour attaquer le
    poste en chicane sur la route. Si tout est parfaitement synchro, les Schleus
    vont se trouver plongés dans l’obscurité au moment où votre compagnie ouvrira
    le feu sur leurs bâtiments. »
    Thomé hoche la tête, songeur.
    Sans lever son regard de la carte et du plan, il demande :
    « Combien d’Allemands
    à l’intérieur ?
    — Une centaine, mon
    lieutenant. Cent vingt tout au plus.
    — Et l’armement
    dont vous parlez ?
    — Ça, vous pouvez
    être tranquille ! La cave et le rez-de-chaussée sont un véritable arsenal.
    Il y aurait des armes et des munitions pour chacun d’entre nous.
    — Quel genre d’unité
    occupe Daoulas ?
    — Ici, c’est la
    Wehrmacht, mais ne les mésestimez pas, ils sont jeunes et coriaces. À
    Landerneau, il y a trois compagnies de S.S. ; c’est la raison pour laquelle
    il est indispensable de faire sauter les fils du téléphone : alertés, il
    leur faudrait moins d’une demi-heure pour arriver à la rescousse. Il faut
    tenter et réaliser le coup très vite ; ensuite s’évanouir dans la nature. »
    Thomé demeure songeur un
    long moment. Il sort de la poche de sa tunique une courte pipe qu’il se met à
    bourrer lentement. Il allume la bouffarde et reprend :
    « Tu sais à quelle
    heure ils bouffent le soir ?
    — A 6 heures et c’est
    invariable.
    — Tu sais à quel
    endroit du bâtiment ils bouffent ?
    — Le réfectoire et
    les cuisines se trouvent au premier étage. (Désignant le plan, Paul Lehir
    poursuit :) Ces trois fenêtres donnent sur le réfectoire et sur la façade
    sud, ces deux-là sur la cuisine.
    — Donc, à 6 heures,
    tout le monde se trouve au premier ?
    — Tous, sauf quatre.
    Il y a au rez-de-chaussée une permanence de jour comme de nuit. Les quatre
    types de garde bouffent avant ou après.
    — La fenêtre du
    poste de garde ?
    — Là, mon
    lieutenant.
    — Bon, une dernière
    chose : l’authenticité de tous ces renseignements ? »
    Pour la première fois, c’est
    Ferdinand, le F.T.P., qui répond :
    « Valables à cent
    pour cent. Certains de mes hommes ont passé plusieurs semaines prisonniers dans
    ces locaux. Toutes les informations qu’ils en ont ramenées se recoupent.

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