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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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excellent français :
    — Capitaine Emmunt,
    commandant la 11 e compagnie marche. Je suis indemne.
    — C’est bon, sautez
    le premier, et que les hommes valides vous suivent un par un. » Bêtement
    la voix reprend : « C’est haut. »
    L’officier allemand se
    rend compte instantanément de la puérilité de sa remarque ; il ajoute aussitôt :
    « Je saute, ne
    tirez pas. »
    Le capitaine allemand
    apparaît dans l’encadrement de la porte déchiquetée qui donne sur un vide de
    trois à quatre mètres. Il est botté, impeccable, il a rajusté sa tenue et
    coiffé sa casquette, il se tient debout, s’apprête sauter. Puis il se ravise, s’assoit
    sur le sol, les jambes dans le vide, et enfin se décide, après avoir pris appui
    sur la paume de ses mains. Thomé, André et Guy ont souri, amusés. L’officier
    allemand se reçoit gauchement et tombe à quatre pattes. Il se relève
    visiblement vexé, époussette ses coudes et ses fesses, toise Thomé et déclare :
    « Êtes-vous une unité régulière ?
    — Lieutenant Thomé,
    3 e R.C.P. », concède l’officier parachutiste.
    L’Allemand se fige au
    garde-à-vous, claque les talons et salue longuement. Solennel, il reprend alors :
    « Afin d’épargner la vie de mes hommes, je choisis de capituler. »
    D’un geste grandiose, il
    ouvre l’étui de son pistolet, extrait précautionneusement le Parabellum 9 mm
    dans un mouvement qui démontre avec évidence qu’il ne va pas chercher à s’en servir,
    puis tend l’arme à Thomé en la tenant par le canon.
    « C’est pas vrai, il
    se croit au ciné, lance Le Nabour.
    — T’as raison, il a
    dû voir jouer La Grande Illusion », surenchérit Richard.
    Le visage de l’Allemand
    s’empourpre.
    « Lieutenant, je
    proteste. Je me considère comme prisonnier de guerre. Je suis officier. Il est
    inadmissible que vos hommes se permettent des sarcasmes à mon égard.
    — Désolé, mon vieux,
    réplique Thomé, nonchalant, mais le temps nous manque pour jouer aux honneurs
    militaires. Allez, dehors ! On va s’occuper de toi selon un rite
    sacramentel. »
    Se tournant vers
    Guichard il ajoute :
    « Va chercher
    Bellon et Galano. Occupez-vous des boutons de braguette et des bretelles. Ce
    con d’abord. Après, les autres, au fur et à mesure.
    — Vous êtes indigne
    des galons que vous portez, jette l’Allemand, outré, en passant la porte.
    — Au suivant !
    Ça descend ? » hurle Thomé.
    Un premier homme saute.
    À l’extérieur, Bellon a
    fait valser la casquette de l’officier, lui a ordonné d’ôter sa veste puis, de
    sa dague de commando, coupe ses bretelles.
    L’Allemand continue à
    débiter un chapelet de vociférations indignées qui atteignent leur paroxysme
    lorsque Bellon commence à déboutonner les boutons de sa braguette. Il se recule
    horrifié.
    « Mon lieutenant, gueule
    Bellon, je crois qu’il a peur que je lui coupe la queue.
    — Arrêtez de m’emmerder !
    Tenez-le et finissez-en. »
    Galano attrape l’officier
    par-derrière ; Bellon, calme et ravi, coupe soigneusement tous les boutons
    de braguette de l’Allemand ; alors Galano lâche sa prise.
    Éructant, grotesque, tenant
    de ses mains son pantalon ouvert, le capitaine de la 11 e compagnie
    de marche hurle, à bout d’insultes :
    Kommunistes ! »
    Il sont
    une soixantaine à subir le même sort. Une quarantaine de morts et une vingtaine
    de blessés sont momentanément laissés sur place. Les F.F.I. et les F.T.P. arrivent
    à bord de deux vieux camions à gazogène. Les armes sont transportées sur les
    véhicules ; les résistants récupèrent effectivement de quoi équiper deux
    compagnies.
    Thomé est sur le point
    de donner l’ordre de décrochage, lorsqu’un gamin d’une douzaine d’années arrive
    à bout de souffle :
    Les S.S. ! hurle-t-il.
    Avec des tanks. Ils arrivent de Landerneau. »
    Thomé peste contre le
    temps qu’il vient de perdre. Il prend une décision instantanée. Il faut freiner
    la colonne ennemie pendant un quart d’heure au minimum, pour permettre aux
    camions d’armes de trouver un refuge. Le lieutenant a un regard vers le
    troupeau burlesque des prisonniers qui tiennent leurs pantalons.
    « Poussez-les jusqu’à
    la chicane, ordonne-t-il. Ils vont nous servir de boucliers, ça nous donnera le
    temps de prendre position sur les talus de chaque côté de la route. De là, on
    balancera des gammon-bombs. »
    Les gammon-bombs, arme
    typiquement S.A.S., étaient constituées d’une boule de

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