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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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au fracas des détonations.
    En moins d’une minute le véhicule, blackboulant, bondissant, tressautant d’obstacle en obstacle, parvient à hauteur de trois résistants qui, embusqués derrière des arbres, tirent à cadence continue au fusil et à la mitraillette.
    « Cessez le feu ! »
    crie Fauquet.
    Les trois patriotes se retournent et arrêtent leur tir. « Cessez le feu ! » répète en hurlant Fauquet disposant ses mains en porte-voix.
    En allemand, le colonel l’imite, lance le même ordre de son timbre d’une gutturale puissance. De part et d’autre les armes se taisent, le colonel se à l’interprète : « Le colonel vous demande de ne pas bouger, et empêcher les terroristes… pardon, je veux dire les patriotes de tirer. Il va chercher ses hommes. » Fauquet acquiesce. Le colonel, d’un pas ferme, s’avance à travers bois vers le cœur du dispositif. Des bribes d’un bref conciliabule parviennent à Fauquet. L’officier S.S. revient, suivi du lieutenant évadé et de six survivants qui soutiennent deux blessés. Une trentaine de maquisards se rapprochent et se groupent en cercle autour des parachutistes et des Allemands. Sur un ordre du colonel, les fugitifs jettent leurs armes à leurs pieds. Traduit instantanément, le colonel déclare alors :
    « Lieutenant, ces hommes poursuivront leur chemin désarmés. À notre arrivée, ils répondront de leur rébellion devant un tribunal militaire que je ferai instituer dans notre camp de prisonniers. »
    Fauquet qui pense aux sept mille Allemands en armes immobilisés à une centaine de mètres, est sur le point d’accepter.
    Un officier français se détache alors du groupe des partisans. C’est un colosse d’une quarantaine d’années, puissant et sanguin. Son uniforme de chef de bataillon d’infanterie ne comporte pas la moindre fantaisie.
    « Je suis le commandant Roy, déclare-t-il, officier de carrière. Je tiens le maquis depuis trois ans et reçois mes ordres de Londres. Je suis au courant de votre mission et j’admets et son ambiguïté et les risques qu’elle comporte. Mais ces hommes sont des assassins qui ont trahi la parole de leurs chefs. Ils ont abattu froidement deux de mes jeunes garçons, et dans un combat qu’ilsont provoqué, ils m’en ont tué deux autres. À ce titre j’exige qu’ils me soient laissés ; c’est moi qui formerai un tribunal d’exception, qui les jugerai, et qui ferait exécuter la sentence.
    — Traduisez, intime Fauquet à l’Alsacien. Ajoutez qu’il me paraît impossible de ne pas approuver. Le commandant a raison. »
    Attentif, le colonel S.S.
    écoute l’interprète et reprend :
    « Dans ce cas, je ne réponds plus des réactions de ma troupe. Mes hommes n’accepteront jamais que j’abandonne leurs compagnons à un sort qu’ils imaginent pire encore, je le suppose, à celui qui leur serait infligé.
    — Pensez-y, mon commandant, plaide Fauquet après la traduction. Ils ne sont pas loin de sept mille sur la route.
    — Nous sommes nombreux nous aussi, réplique l’officier français buté, et nous engagerons le combat dans l’allégresse. Ces salopards que vous protégez sont tous des criminels de guerre, des assassins qui se sont rendus coupables des pires excès, des plus ignobles bassesses. Vous les acheminez tranquillement vers les douceurs indulgentes d’un camp américain, c’est tout simplement révoltant.
    — Mon commandant, j’ai sur la route une douzaine de jeeps et une cinquantaine d’hommes. Si une action se déclenche, la plupart d’entre eux vont se faire massacrer submergés par le nombre. Ça me paraît encore plus révoltant.
    — Faites dire à votre S.S. que je suis prêt à faire fusiller ces rebelles devant leurs compagnons. Ça leur servira d’exemple, et comme ça ils n’auront aucune crainte à avoir sur les sévices éventuels auxquels ils croient que je me livrerais s’ils me les laissaient en vie. »
    L’Alsacien traduit. Sans colère, le colonel hausse les épaules : « Mettez-vous à la place de mes hommes ! Vous êtes tous des soldats, que feriez-vous ? Vous laisseriez fusiller vos amis si vous aviez la possibilité d’intervenir ? »
    L’Alsacien traduit à nouveau. Le colonel ajoute : « Je n’ai pas plus envie que vous de déclencher un combat dont l’issue à coup sûr se solderait de part et d’autre par une hécatombe, mais, comprenez-le, je n’ai pas le pouvoir d’endiguer une réaction générale d’indignation et de colère. Que

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