Qui ose vaincra
laquelle les lettres F.F.I. ont été peinturlurées grossièrement. Quatre hommes descendent ; ils arborent des brassards, l’un d’eux porte des galons de capitaine sur une vieille veste militaire. quatuor se dirige vers Fauquet. À l’écart, le colonel S.S. suit la scène ; sa physionomie est empreinte de fureur et d’outrage.
Qu’est-ce que vous venez foutre ici ? questionne Fauquet sur un ton sévère.
— Vous assurer de notre soutien, lieutenant, réplique le chef des maquisards, surpris par le manque de cordialité de l’accueil. Vous dire que nous sommes partout le long de la route, que vous pouvez compter sur nous en cas de coup dur.
— Mais, bon sang, vous n’avez pas reçu des consignes vous ordonnant de vous étouffer, de ne vous manifester sous aucun prétexte ?
— Non. Vous savez, les ordres, ils arrivent ou ils arrivent pas. C’est un de nos gars qui est du patelin qui nous a prévenus tout à l’heure de ce qui se tramait. Alors, comme vous n’êtes pas nombreux… Et que nous on n’est pas loin d’un millier autour d’ici, on a pensé qu’on serait pas de trop.
— Écoutez, mon vieux, eux ils sont plus de sept mille. Alors si vous voulez nous aider, allez prévenir tous les vôtres de rester bien tranquilles dans les bois et surtout de ne pas venir jouer les curieux sur le bord de la route. Je ne vous demande rien de plus. »
Le colonel allemand s’est approché, il baragouine, rageur :
« Protocole, nicht terroristen ! Terroristen protocole kaputt !
— You speak english ?
interroge Fauquet.
— Nein ! hurle le colonel sous le nez du sous-lieutenant.
— Interprète ! »
réclame Fauquet.
Pams parcourt la colonne.
« Y a un type qui parle français parmi vous ? »
Un Alsacien maigrichon se présente et rejoint groupe. Fauquet lui demande : « Expliquez à votre colonel que je renvoie ces résistants dans leur maquis. Ce n’est qu’un malentendu, il n’a rien à redouter. »
L’Alsacien traduit ; prudemment il change le mot de résistant en celui de terroriste. Le colonel S.S.
ne répond pas, vire sur ses talons et rejoint les siens. Fauquet ordonne à l’interprète de demeurer avec lui.
« Tu te tasseras dans la jeep, ça peut ne pas être inutile. »
Les F.F.I. regagnent leur traction, après que leur chef eut lancé : « Comme vous voudrez, mais je vous vois pas beaux !
— Si tu crois qu’on se voit beaux », réplique Fauquet.
À 6 heures précises, la colonne s’ébranle. En tête, un millier de fantassins ; derrière, à environ cinq cents mètres les engins motorisés ; puis, à des distances variant entre cinq cents et huit cents mètres, des groupes d’un millier d’hommes. Près de deux heures s’écoulent avant que les derniers éléments ne quittent Sancoins.
La colonne s étire sur une dizaine de kilomètres. Le long de la gigantesque chenille humaine, les jeeps des parachutistes patrouillent dans un va-et-vient continu.
À chaque passage, les chauffeurs éprouvent des difficultés lorsqu’ils ont à se croiser à hauteur des motorisés allemands.
L’ordre semble vouloir régner, mais les parachutistes ne relâchent pas leur vigilance. Ils se gardent de faire preuve d’arrogance, restent conscients de la haine qu’ils suscitent à chacune de leurs rotations. Un incident grave se produit au passage de la première agglomération traversée. Il est 9 heures.
À l’arrivée des éléments de tête, les villageois pavoisent. Des drapeaux tricolores ornent toutes les fenêtres. Un arc de triomphe fleuri a été dressé à l’entrée du village et une immense banderole annonce : « Bienvenue à nos Libérateurs ! »
Des cris de joie, des fleurs sont lancées sur les jeeps qui ouvrent la route. Gênés, les parachutistes se demandent quelle attitude adopter. L’une des jeeps fait demi-tour et part vers l’arrière prévenir un officier, tandis que dans la rue du village, la situation s’envenime. Les Allemands, furieux, sont contraints de passer sous l’arc de triomphe, et maintenant des gamins leur lancent des pierres. Des fenêtres des femmes hurlent des cris hostiles, des projectiles divers commencent à pleuvoir.
La jeep de Fauquet arrive en précédant deux autres. Sur un ordre bref, les parachutistes pénètrent dans les maisons, font fermer fenêtres et volets. Par l’intermédiaire de son interprète, Fauquet transmet l’assurance que ces incidents ne se répéteront pas.
Une jeep précédera le convoi pour
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