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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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à
    temps. Il ordonne une plongée à profondeur maximum. Pendant quatre heures le Triton va s’immobiliser par soixante-douze mètres de fond. L’épreuve est angoissante
    pour les parachutistes qui perçoivent nettement les vibrations provoquées par
    les hélices des navires qui passent lourdement en surface.
    Le sous-marin n’est pas
    repéré. À 11 heures du matin, il reprend sa route.
    Le Triton fait
    surface le 10 juin à 2 h 35. Le commandant embrasse Costas Petrakis, serre
    chaleureusement la main des cinq autres. Il recommande :
    « Dès que vous
    serez sur le pont, gardez un silence absolu. Bien que la mer soit plate, une
    légère brise souffle du nord. Elle vous aidera à gagner la côte, mais y portera
    le moindre murmure. »
    Trois dinghies sont glissés précautionneusement sur la surface plane de la mer. Malgré leurs
    armes et leurs sacs, les parachutistes se répartissent en souplesse, deux par
    deux, sur les frêles et instables embarcations qui s’éloignent en silence vers
    la terre. Jellicœ et Sibard sont en tête, les autres suivent. Il n’y a pas de
    lune. Les six hommes distinguent à peine le rivage. Ils accostent dans une
    crique sur une petite plage de gravier. Ce n’est pas le point prévu ; ils
    ont dû dériver, mais ça ne les préoccupe pas. Toujours sans échanger un mot, ils
    ils transportent péniblement à terre l’ensemble des armes et du matériel :
    chargé d’explosifs, chaque sac individuel pèse près de trente kilos.
    Ensuite, Lord Jellicœ et
    Jacques Mouhot se déshabillent ; ils emplissent les dinghies de
    gravier, remettent les embarcations à la mer. Tenant le bout d’amarrage des canots
    pneumatiques entre leurs dents, ils nagent une centaine de mètres vers le large.
    Là, à coups de poignard, ils lardent le caoutchouc de coups furieux ; lestés
    par le gravier, les dinghies s’enfoncent lourdement.
    Les deux nageurs
    rejoignent leurs compagnons sur la rive. Sans prendre le soin de s’essuyer, ils
    repassent leur battle-dress, s’équipent de leurs armes et de leurs sacs.
    Chaque homme possède une
    mitraillette Beretta, un Colt 11,43, un poignard de commando dont le manche
    forme un coup-de-poing américain et qui, selon la convention de Genève, équivaut
    à une condamnation à mort pour celui qui est pris en sa possession. Ils ont en
    outre chacun deux litres d’eau, un kilo de raisins de Corinthe, un kilo de
    dattes, et deux plaques d’un infect chocolat au sang de cheval.
    En file indienne, le
    commando s’éloigne de la plage. Leurs bottines de toile à semelles
    caoutchoutées permettent aux six hommes d’avancer en silence malgré le poids qu’ils
    transportent. Ils gravissent une colline pierreuse. Soudain, au sommet, ils
    sont bloqués par un double réseau de barbelés. Bergé s’assoit et souffle.
    « Impossible de couper
    cette saloperie, chuchote-t-il à ses hommes qui se sont groupés autour de lui. Ça
    pourrait trahir notre présence. Il faut se démerder pour passer. Pierrot, débarrasse-toi
    de ton sac et longe le réseau. Tâche de trouver un endroit propice. »
    Léostic s’exécute. C’est
    la première fois que le capitaine l’appelle par son prénom. Les autres aussi l’ont
    remarqué. Dans l’aventure les liens se resserrent, la hiérarchie et le
    protocole s’effritent, c’est agréable et rassurant.
    Ils n’attendent Léostic
    qu’un bref instant. Le jeune Breton est tellement agile et silencieux que ses
    camarades ne s’aperçoivent de son retour que lorsqu’il est proche à les toucher.
    « Je crois que j’ai
    trouvé, mon capitaine. À moins de cent mètres il y a un affaissement de terrain,
    on doit pouvoir s’y glisser. »
    Effectivement, ils
    passent.
    Bergé dirige alors ses
    hommes à la boussole, cap au nord-ouest. Quelle que soit la nature du sol, ils marchent
    d’un pas automatique, à un mètre les uns des autres, gravissent deux collines, traversent
    un maquis sec «
    Avant l’aube le commando
    parvient en bordure d’une terre cultivée. Sans la distinguer vraiment, les S.A.S.
    devinent sur leur gauche une chaîne montagneuse. Bergé décide d’abandonner
    momentanément le cap et de se diriger dans sa direction. Il convient de trouver
    un refuge pour se dissimuler pendant la journée.
    À partir de 5 heures du
    matin, des formes titanesques se dessinent. La montagne semble jaillir de terre ;
    sans prendre la moindre couleur, une masse énorme de roches pâles écrase soudain
    le paysage.

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