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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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tourmentés et fébriles. À 19 heures, tous sont
    passés. Tous connaissent la mission qui les attend. Tous, sauf trois.
    Jack Sibard est le
    dernier à avoir rejoint les S.A.S. Il n’est à Kabret que depuis deux mois. Navigant
    de la Marine marchande, Sibard, âgé de vingt ans, a rallié les Français libres
    lors de l’arraisonnement de son navire, le Cap Tourane, par la Royal
    Navy, au large de l’Afrique du Sud.
    Depuis son admission aux
    parachutistes, il a mis un point d’honneur à rattraper ses compagnons dans l’entraînement.
    Grâce à ses aptitudes physiques, il y est aisément parvenu. En taille, il est
    le second de la bande, après Léostic. Il mesure 1,82 m. Il a la belle
    gueule et l’allure massive des hommes du Sud-Ouest dont il est originaire.
    Sibard est désespéré. Il
    lutte pour ne pas pleurer comme un gamin, il pense que tous les efforts qu’il a
    fournis depuis son arrivée sont passés inaperçus. Il n’a pas été convoqué, il
    en a conclu qu’il est écarté sans explication dès la première mission.
    Alors que dans la fièvre
    ses camarades préparent leur paquetage, Sibard sort de l’enceinte, marche cent
    mètres dans le sable et s’assoit sur une pierre. Il regarde le soleil rouge que
    le désert va dévorer au loin sur la rive opposée du canal.
    Mouhot et Léostic ont aperçu
    son manège. Depuis l’arrivée de Sibard, les trois hommes ont sympathisé.
    « Tu joues les
    ténébreux solitaires, maintenant ? raille Mouhot en rejoignant son
    compagnon.
    — Ça t’amuserait de
    rester seul avec les mouches ?
    — Les mouches, Pierrot
    et moi, mon vieux. »
    Sibard dévisage ses amis.
    « Vous n’êtes pas
    dans le coup, vous non plus ?
    — Eh non ! Pas
    que nous sachions. En tout cas nous n’avons pas été convoqués. Les huiles sont
    parties bouffer. Ça semble râpé pour nous trois.
    — Pour moi, je
    comprends, réplique Sibard. Je suis le bleu, ils peuvent ne pas me faire
    confiance, mais pour vous deux, des vétérans, je ne pige plus.
    — Si au lieu de
    faire des vapeurs de vierge tu réfléchissais, tu pigerais peut-être. Pierrot et
    moi, on a pensé. Et nous sommes même arrivés à une conclusion. »
    Sibard se lève. Il
    attend. C’est Pierrot Léostic qui explique.
    « Nous ne sommes
    que trois au rancart. Pourquoi nous trois ? Qu’avons-nous en commun ?
    — On est potes.
    — Bien sûr, mais
    encore ?
    — On est les trois
    plus grands de la compagnie.
    — C’est déjà mieux.
    Tu brûles.
    — Nom de Dieu !
    Vous allez cesser de jouer aux devinettes ? Si vous savez quelque chose, accouchez !
    — Les meilleurs
    nageurs ! Nous sommes les trois meilleurs nageurs ! Pierrot est marin,
    tu es marin, je ne suis pas manchot sur un bateau. Évidemment, ça peut être une
    coïncidence, mais ce n’est pas une éventualité à rejeter. »
    Sibard replonge dans son
    amertume.
    « C’est un peu
    léger. C’est même tiré par les cheveux votre histoire.
    — Il y a autre
    chose, l’interrompt Mouhot. Pendant la traversée, quand nous sommes venus d’Angleterre,
    nous avons essuyé un coup de -tabac. Seuls Bergé, Pierrot et moi n’avons pas
    été incommodés par le tangage, le capitaine nous a même invités à sa table. En
    ce qui te concerne, il sait que tu navigues depuis ta plus tendre enfance.
    — Qui vous a
    autorisés à sortir du camp ? hurle Bergé depuis le poste de garde. À ma
    tente, tous les trois, et tâchez d’y être avant moi. »
    Les trois hommes le
    rejoignent au pas gymnastique.
    Sous la tente ils trouvent
    Stirling, un officier grec qu’ils découvrent pour la première fois et un
    officier anglais, un rouquin colossal au visage criblé de taches de son. Les
    trois hommes le connaissent de vue.
    Au garde-à-vous, ils se
    tiennent droit devant l’aéropage d’officiers.
    « Repos ! ordonne
    Bergé. Trouvez des sièges. »
    Il désigne l’Anglais.
    « Vous connaissez
    le capitaine Jellicœ. Voici le lieutenant Costas Petrakis. »
    Les deux officiers se
    lèvent et tendent la main aux trois hommes surpris. Stirling n’a pas bronché, il
    se contente d’observer. S’adressant aux officiers, Bergé précise :
    « Voici les hommes
    que j’ai désignés. Jacques Mouhot, Pierre Léostic, Jack Sibard. Comme je vous l’ai
    déjà dit, je pense qu’ils sont les plus qualifiés. »
    Il se retourne vers ses parachutistes.
    « Je ne suis pas
    autorisé à vous en dire davantage sur la mission qui vous intéresse. Sachez

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