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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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prendrais une telle importance.
    C’est prématuré d’en
    rêver, coupe Bergé. Pour l’instant, pensez à votre mission. Quand vous l’aurez
    menée à bien, vous aurez toute votre vie pour raconter vos campagnes et
    épiloguer sur le rôle essentiel que vous avez joué pendant cette guerre. Vous
    aurez tout loisir d’emmerder vos enfants, vos petits-enfants et vos
    arrière-petits-enfants avec vos radotages sur l’aérodrome d’Heraklion. En
    attendant, il faut y aller. Départ dans cinq minutes. Préparez-vous ! »
    Léostic s’est levé, il
    semble tourmenté :
    « Mon capitaine, j’ai
    encore une chose à vous dire, je pense que c’est très important. »
    L’attitude grave du
    jeune Breton intrigue Bergé et ses compagnons.
    « Quoi encore ?
    Vide ton sac et qu’on en finisse.
    — Mon capitaine, je
    vous ai menti.
    — C’est l’heure des
    aveux, décidément. Vas-y, je t’écoute, mais sois bref.
    — En m’engageant, j’ai
    menti sur mon âge. »
    Bergé hausse les épaules.
    « Tu t’es rajeuni
    par coquetterie, comme une vieille poule ?
    — Non, mon
    capitaine, je me suis vieilli. On m’avait dit que vous ne m’accepteriez pas si
    je n’avais pas dix-huit ans. »
    Bergé le toise, sévère.
    « Tu ne les avais pas ?
    — À vrai dire, mon
    capitaine, je ne les ai toujours pas.
    — Quel âge as-tu, Léostic ?
    Et ne triche pas.
    — Dix-sept ans, mon
    capitaine… Enfin, je vais les avoir bientôt.
    — Nom de Dieu !
    Bougre de salopard ! Un gosse ! J’ai embarqué un gosse dans ce merdier ! »
    Jellicœ apaise Bergé.
    « Calmez-vous, mon
    vieux, ça n’est pas le moment »
    Ça fait près de deux ans
    qu’il vous mystifie, ce sont ses capacités qui importent, pas son âge… »
    Ils marchent toute la
    nuit. Chaque pas représente une nouvelle douleur. Leurs épaules sont meurtries,
    leur nuque brisée par le poids qu’ils transportent. Ils avancent tête baissée, cherchent
    à deviner le sol dans l’obscurité, montent, descendent sur un terrain inégal. La
    sécheresse de l’air brûle leur gorge ; leur provision d’eau s’épuise
    dangereusement.
    Avant le lever du jour, ils
    s’affalent dans un bois accroché à flanc de rocher. Si la navigation de Bergé a
    été exacte, l’aérodrome d’Héraklion doit se trouver dans la vallée, derrière un
    dernier sommet à franchir. Léostic prend le premier tour de garde, les autres s’endorment.
    La chaleur les réveille.
    L’ombre elle-même est brûlante. Il n’y a pas un souffle d’air, ils n’ont
    presque plus d’eau.
    « Il faut trouver
    de l’eau, décide Bergé. Deux d’entre vous vont laisser leur sac et partir à la
    recherche d’un puits. »
    Sibard et Mouhot se
    désignent et quittent leurs compagnons.
    Ils ne reviennent que
    vers 21 heures. Toute la journée ils ont erré avant de découvrir un point d’eau
    tout proche, et ils ont retrouvé leurs compagnons à bout de forces, les lèvres
    gonflées, le palais desséché. Désaltérés, tous reprennent la harassante marche
    de nuit.
    À 2 heures moins 5, Bergé
    stoppe brusquement la colonne. Immobile, attentif, il a perçu un lourd bourdonnement
    qui croît, lancinant. Il chuchote :
    « Tous à couvert !
    Ça doit être la R.A.F. »
    Ils ne pensaient pas
    être si proches de leur but. Les sirènes déchirent leurs oreilles, des fusées
    éclairantes illuminent le camp d’aviation allemand qui ne se trouve qu’à
    quelques centaines de mètres en contrebas. Ils jubilent. Ils sont tombés pile, et
    le maquis haut et touffu qui les entoure va leur permettre de se dissimuler
    pendant la journée.
    À la lueur des fusées
    éclairantes, ils constatent l’inefficacité du bombardement anglais. Les
    appareils de la Luftwaffe qu’ils distinguent sont parqués à grande distance les
    uns des autres, les bombes tombent au hasard. Pas une n’atteint même la piste.
    Leur mission leur
    apparaît d’autant plus importante. Et infiniment dangereuse.
     

10
    Durant toute la journée
    du 13 juin, les cinq parachutistes restent terrés comme des bêtes au gîte, observant
    le va-et-vient des Allemands, choisissant le chemin qu’ils emprunteront la nuit
    tombée.
    À 9 heures du soir, ils
    se mettent en route.
    À 11 heures, ils ont
    enfin dévalé la dernière pente. Ils reprennent leur souffle, tapis dans le
    creux d’un fossé. Haletants, poignard au poing, ils attendent le passage d’une
    patrouille allemande qu’ils viennent de repérer.
    Les bottes des

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