Qui ose vaincra
et viennent fébrilement dans les tenues les plus étonnantes. Tous
les civils du voisinage ont assisté au parachutage. Il y a du monde partout, dans
les appartements, les hangars, les écuries, dans les champs, dans les bois. Une
exaltation extraordinaire s’est emparée des F.F.I. à la vue de ces hommes qui
tombent du ciel pour les armer et les encadrer, qui ne parlent que de se battre
pour contribuer à la libération du sol national dont la guerre les a éloignés
depuis plusieurs années.
« Les parachutistes
jouissent d’un énorme prestige, parce qu’ils viennent d’Angleterre, parce qu’ils
se sont déjà battus contre les Allemands en Libye, mais aussi parce que leur présence
donne la certitude que des armes vont arriver en masse. Au cours des nuits
suivantes d’autres parachutistes suivront ; il finira par y en avoir plus
de 150.
« À la demande du
commandant Bourgoin, Morice invite les bataillons F.F.I. à rallier la Nouette (on
commence à dire le camp de Saint-Marcel) par petits détachements pour les faire
armer. Chaque nuit (sauf celles du 11 et du 15 juin où le temps ne le permit
pas) des avions Stirling lâchent des containers, à raison de 28 par
appareil. Le 13 juin, 25 avions lâchent environ 700 containers et colis, ainsi
que le lieutenant-colonel Wilk (alias Fonction). C’est le plus important
parachutage de France occupée (selon le témoignage de l’ancien chef
départemental du B. O. A.). Du 9 au 17 juin,
68 avions parachutèrent
des hommes et des containers sur le terrain Baleine.
« L’armement reçu
était anglais et comportait des pistolets, des mitraillettes, des carabines, des
fusils, des fusils mitrailleurs, des engins antichars, des mines, des grenades,
« Le 17 juin, arrive
le stick du lieutenant de La Grandière, avec quatre jeeps. Ces jeeps avaient
été aménagées spécialement ; elles n’avaient ni pare-brise ni capote. Le
siège arrière était supprimé pour donner de la place au mitrailleur servant une
Vickers montée sur pivot mobile. »
L’effectif des partisans
ainsi armés dans le camp retranché de Saint-Marcel est impressionnant : il
dépasse trois mille hommes.
21
Le général Fahrmbacher
commandant le 25 e corps d’armée a installé son P.C. à Pontivy. Depuis
le 6 juin, la responsabilité de la région la plus chaude de Bretagne pèse sur ses
épaules. C’est un homme moyen en tout. Son physique n’a rien d’exceptionnel ;
il doit ses promotions à son ordre, sa ponctualité, son esprit clair, son
respect de la routine. Depuis le débarquement de Normandie, ses supérieurs, et
notamment le général Dolmann, chef de la 7 e armée qui, du Mans, commande
le système défensif Normandie-Bretagne, lui demandent d’improviser, et là, rien
ne va plus. Fahrmbacher se trouve devant un puzzle géant dont il n’arrive pas à
rassembler les morceaux.
Pourtant, au début, tout
avait semblé clair : le 25 e corps devait faire acheminer vers
la Normandie les forces de réserves placées à sa disposition – des
formations de la 3°et de la 5 e division parachutistes et la 353 e division d’infanterie.
Mais les convois
ferroviaires n’étaient pas passés, les voies étaient coupées, les saboteurs
frappaient efficacement. Et il suffisait de réparer les voies pour qu’elles
sautent quelques kilomètres plus loin.
Le combat contre un
ennemi invisible exaspérait Fahrmbacher qui en ignorait les règles. C’est
pourquoi en ce matin du 9 juin, il avait convoqué le capitaine Herre, officier
de l’Abwehr sous le nom de « capitaine Hermann Petter », agent de
liaison de la Gestapo française sous celui de « Pierre Lyon ».
Herre est un homme d’une
tête trop petite pour les proportions étranges de son corps. Une tête de
moineau est posée sur des épaules anguleuses, démesurément larges par rapport à
l’extrême maigreur et à l’allure filiforme du reste de son corps. Une peau
oléagineuse, d’un teint cireux et jaunâtre, accentue l’antipathie et l’hostilité
amère qui se dégagent de ce personnage.
« L’ampleur des
actions de sabotage, les coups portés à nos convois prennent des proportions
inquiétantes, explose le général commandant le 25 e corps. Le front
normand réclame des troupes fraîches ; j’en dispose, mais il semble
impossible de les acheminer. Nous devons frapper vite et fort, anéantir ces
terroristes pour permettre au Génie de rétablir les
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