Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
Vom Netzwerk:
les encadrer, les armer.
    — Et leur inculquer
    en quelques heures ce que nous avons mis des années à apprendre ? »
    Mais rien ne peut
    altérer la fougue de Marienne. Eugène Maurizur, lieutenant F.F.I., semble lui
    avoir miraculeusement transmis sa brûlante ardeur.
    « De toute façon, conclut
    Marienne, nous devons suivre Maurizur et entrer en rapport avec son chef, le
    colonel Morice. En conséquence, nous gagnons le village de Saint-Marcel. »
    Maurizur dispose d’une
    vieille traction avant ; il connaît les chemins secondaires, les habitudes
    des Allemands. À l’aube du 8 juin, les parachutistes s’entassent dans le
    véhicule ; ils ont une vingtaine de kilomètres à parcourir et ne
    rencontrent personne.
    Le minuscule bourg de
    Saint-Marcel se situe dans l’angle est d’un triangle isocèle formé par les
    villages de Malestroit au nord-est, Serent au nord-ouest et Elven au sud-ouest.
    À trois kilomètres à l’ouest de Saint-Marcel, la ferme de la Nouette apparaît
    immédiatement aux parachutistes comme un refuge judicieusement choisi. La
    superficie de 500 hectares sur laquelle la Résistance se propose d’établir son
    camp de base compte tous les éléments nécessaires à la sécurité : possibilité
    de camouflage et de nombreux points de combats abrités ; une surface
    idéale en vue des parachutages ; un bois touffu, un terrain tourmenté
    coupé de nombreux fossés ; des postes d’observation desquels on peut
    déceler les mouvements à des kilomètres.
    Le choix de Saint-Marcel,
    de la ferme de la Nouette, renforce Marienne dans sa conviction : la
    Résistance est organisée par des militaires avisés.
    Maurice Chenailler, dit
    colonel Morice, chef de la Résistance dans le Morbihan, a précédé les
    parachutistes de une heure à la ferme de la Nouette. Âgé d’une cinquantaine d’années,
    grand, droit, maigre, sec, le colonel Morice donne une très belle image de l’armée
    clandestine.
    C’est un officier
    pondéré, réfléchi et lucide, qui reçoit Marienne, Déplanté et leurs hommes. Marienne
    apprend que deux postes émetteurs sont installés, un Eurêka et un S. Phone ;
    l’équipe radio de la Résistance est en contact avec Londres.
    Marienne et Déplanté
    saluent les fermiers Pondard et leurs cinq filles. Puis, pendant que Déplanté
    part chercher à l’extérieur un refuge où il pourra installer ses antennes, Marienne
    s’enferme en conférence avec le colonel Morice. À l’horizon, des groupes armés
    commencent à apparaître ; ils arrivent à l’aide de moyens de locomotion
    les plus divers, charrettes, vélos, vieilles guimbardes.
    Dans une chambre
    accueillante, celle des Pondard, la première réaction du lieutenant Marienne
    est de s’étonner du manque de précaution qui entoure le mouvement des
    résistants.
    « Ça ne fait que
    commencer, explique Morice. J’ai lancé un ordre de mobilisation générale aux
    bataillons de Ploërmel, de Josselin, de Vannes, d’Auray et de Guehenno. L’affluence
    à Saint-Marcel ne va faire que croître dans les jours à venir. Je pense que
    nous serons plus de trois mille dans quelques jours. Tout est prévu pour
    recevoir, alimenter et instruire cet effectif. Je ne vous cache pas que l’issue
    de l’opération dépend en grande partie de votre aide et de votre soutien :
    il faut convaincre Londres d’envoyer des renforts, des armes, des munitions.
    — La création d’un
    camp retranché n’a jamais été envisagée par l’état-major, fait remarquer
    Marienne.
    — Je sais, tranche
    le colonel Morice, mais c’est votre rôle de le faire revenir sur sa décision, de
    lui ouvrir les yeux sur la réalité. J’ajoute que vos missions de sabotage
    pourront partir chaque jour du camp de Saint-Marcel. Nos hommes qui connaissent
    la région vous accompagneront. Les missions accomplies, les groupes pourront
    rejoindre le camp où ils se trouveront à l’abri.
    — Il est impossible
    que ce camp ne soit pas décelé par les Allemands. Qu’adviendrait-il s’ils l’attaquaient ?
    — Tout repose sur
    la logique, lieutenant. Les Allemands n’attaqueront pas, ils ne peuvent pas se
    le permettre. Un coup d’œil vous a suffi pour évaluer la position stratégique
    de notre base : il faudrait un corps d’armée pour nous en déloger. Les
    Alliés progressent en Normandie, les Allemands ne livreront pas un combat au
    cours duquel ils risqueraient de subir des pertes énormes, et ce, pour enlever
    une position

Weitere Kostenlose Bücher