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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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qui ne les intéresse en rien. »
    L’argument convainc
    Marienne. Il est évident que si on rejette l’éventualité d’un assaut en force (et
    effectivement, quelles forces seraient nécessaires !) la création de la
    base géante est souhaitable et va constituer un pas immense vers la libération
    de la Bretagne. Marienne cède et, dès lors, il décide de jouer le jeu à l’extrême.
    À midi il lance le message suivant, inspiré par Morice « Pierre i, indicatif
    101
    — Confirme message
    adressé par Commandant F.F.I.
    — Confirme 10
    compagnies faiblement armées sur 25
    — Envoyer urgence
    tous officiers disponibles, troupes et matériels, en particulier Bren Gun
    — Votre présence
    ici indispensable. Urgence
    — Suis enthousiasmé
    par organisation et ses immenses possibilités
    — Le Q.G. Résistance
    affirme pouvoir aider d’ici Samwest
    — Charlotte et
    Dudule seront fortement installés et défendus
    — Prévenez toutes
    les missions que ces rendez-vous se portent bien
    — Confirme D. Z. 418233
    O. K. 9. Convient également pour planeurs. Vous attendons nuit de D + 3 à D + 4.
    Serez guidé par Eurêka.
    — Terrain balisé et
    défendu
    — Lettre de
    reconnaissance convenue – 50 camions 3 tonnes 50 voitures tourisme disponibles.
    Avons grosses réserves vivres et cheptel sauf farine
    — Envoyez d’urgence
    essence, matériel sanitaire et uniformes avec, si possible, identité
    — Attendons
    confirmation de votre arrivée
    — Resterons un
    moment silencieux
    — Signé : Pierre
    i. »
    Au camp secret de
    Fairford, le message de Marienne plonge les chefs dans la consternation. Au
    sein des états-majors, on n’aime pas repenser les prévisions, changer les
    données des problèmes.
    Le commandant Bourgoin
    et le capitaine Puech-Samson cherchent à comprendre l’enthousiasme délirant de
    Marienne. Le général Mac-Leod les a rejoints ; il vient de transmettre le
    message en haut lieu et commente la réponse :
    « Les huiles se
    lavent les mains de la Bretagne. Jusqu’à nouvel ordre, ils ont les yeux braqués
    sur la Normandie. Pour le reste, ils se basent sur un postulat. Les S.A.S. fixent
    les 150 000 Allemands qui sont cantonnés en Bretagne ; tant que ces
    troupes ne font pas mouvement vers le nord, elles ne les intéressent en rien. La
    réponse que j’ai obtenue peut se résumer en une phrase : « Nous n’avons
    pas la prétention de vous apprendre votre métier. Vous avez une mission, accomplissez-la
    et foutez-nous la paix ! »
    — Évidemment, grogne
    le Manchot, carte blanche, c’est plus pratique. »
    Le destin du régiment se
    trouve entre les mains de Marienne. S’il s’est trompé dans ses estimations, adieu
    belle jeunesse ! Les Allemands sont 150 000 en Bretagne et parmi eux
    des S.S., des parachutistes de la division Kreta – une belle bande de
    tendres.
    « Marienne est l’un
    de nos meilleurs officiers, fait remarquer Puech-Samson. Ce n’est ni un rêveur
    ni un poète.
    — Je sais, je sais,
    mais je me méfie de l’exaltation qui peut découler de la fantastique situation
    dans laquelle il se trouve.
    — Alors ?
    — Alors, on y va de
    toute façon. Nous serons mieux sur place pour juger. Lancez les parachutistes
    sur Saint-Marcel. Commencez cette nuit, étalez les rotations. Que l’ensemble
    des hommes soit sur place dans une semaine. Vous et moi sauterons la nuit
    prochaine. »
    Le caporal Robert Crœnne,
    dit Bébert Fend-la-Bise, vient d’apprendre qu’il est de ceux qui partent ce
    soir dans la nuit du 9 au 10 juin. Il a peu de renseignements sur la situation
    en France des camarades qui, depuis le 4 juin, l’ont précédé, et il se demande
    s’il retrouvera facilement son copain Pams.
    La tente qui sert de
    foyer est assaillie par les parachutistes en instance d’embarquement ; des
    bonbons, des friandises leur sont distribués gratuitement « pour les
    enfants de France ».
    Amer, Crœnne a assisté
    au départ de ses compagnons. Chaque nuit, avec tant d’autres, il se rendait au
    pied des avions pour suivre l’embarquement de ceux qu’ils considéraient comme
    des privilégiés.
    Ce soir c’est leur tour,
    son tour.
    Ils sont seize à bord, et
    Crœnne pense que l’on va fermer la porte de l’avion. Le Stirling semble
    complet, lorsqu’une agitation se produit à l’avant de l’appareil : une
    voiture bloque ses freins sous l’échelle d’embarquement. Suivi du capitaine
    Puech-Samson, le Manchot en descend. Un homme

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