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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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l’aide à fixer son parachute
    spécial.
    Peu de temps après, dans
    la cabine du Stirling, le Manchot se tient debout derrière le siège du
    pilote. Son bras valide s’est tout naturellement posé sur l’épaule de l’officier
    anglais.
    « Nous approchons, mon
    commandant, hurle l’aviateur. Vous devriez vous préparer.
    — Combien de temps ?
    — Cinq minutes, six
    ou sept tout au plus… Tenez, on aperçoit la balise, droit devant. Je continue
    ou je vous lâche au retour ? »
    Le balisage ! Bourgoin
    n’en croit pas ses yeux, et pourtant, une multitude de points lumineux
    éclairent la nuit et dessinent parfaitement le périmètre de la drop-zone.
    Ils sautent en grappe, Bourgoin
    en tête. Son parachute spécial se déploie ; il est tricolore – une
    attention des Anglais.
    Le Manchot se fait mal à
    la cheville en prenant contact avec le sol, mais réalise vite que ce n’est même
    pas une foulure. Son parachute l’a fait reconnaître et, des quatre coins du
    champ, des hommes courent vers lui, délirants de joie. Des cris de bienvenue, des
    hourra ! rugissent dans la nuit. Un essaim vociférant de gaillards exaltés
    qui brandissent leurs armes converge vers le commandant qui s’est débarrassé de
    son parachute et fait face à l’accueil, abasourdi. Enfin, Bourgoin aperçoit
    Marienne qui court à la tête d’un groupe, s’arrête à trois mètres et salue respectueusement.
    « Marienne, nom de
    Dieu ! Qu’est-ce que c’est que cette kermesse ? »
    Marienne s’y attendait, il
    s’approche.
    « Je sais, mon
    commandant, mais ne les décevez pas. Votre présence représente tant de choses
    pour eux. Les gars ont parlé de vous, vous devez comprendre.
    — Je suis très
    sensible à votre service de relations publiques, mais je déplore qu’il vous
    fasse oublier les règles élémentaires de sécurité. Cette foire d’empoigne est
    certainement perceptible à des kilomètres.
    — Les Allemands n’ignorent
    pas notre présence, je vous expliquerai. »
    Le Manchot radoucit son
    ton.
    « Je pense en effet
    que vous allez avoir beaucoup de choses à m’expliquer. »
    En prononçant les mots
    de kermesse et de foire d’empoigne, le commandant Bourgoin n’était pas loin de
    la vérité. L’inspection qu’il effectue le lendemain matin devait le lui confirmer.
    Les partisans F.F.I. sont
    maintenant entre quinze cents et deux mille. La plupart sont bien armés ; les
    parachutages des nuits précédentes ont permis de leur distribuer fusils mitrailleurs,
    mitraillettes, pistolets, grenades et munitions.
    Les hommes – dans l’ensemble
    de jeunes garçons – cherchent à donner une allure militaire à leurs vêtements
    civils. Le résultat est souvent risible. Leur comportement sur le passage de
    Bourgoin est émouvant et grotesque ; fantaisistes sont les saluts et maladroits
    les garde-à-vous, auxquels s’efforce de répondre le commandant.
    Après une enquête de
    plusieurs années, Roger Leroux, correspondant du Comité d’histoire de la
    deuxième guerre mondiale dans le Morbihan, a établi un exposé d’une extrême
    précision sur la bataille de Saint-Marcel. En voici un extrait :
    « Le commandement
    départemental des F.F.I. dispose d’une compagnie de transport, dirigée par le
    capitaine Mounier, de Ploërmel, président du syndicat des transporteurs et
    membre de l’état-major. Le docteur Maheo organise le service sanitaire pouf
    recevoir et soigner des blessés. Deux infirmeries sont installées, l’une dans
    un garage, l’autre dans le grenier de la Nouette, au-dessus de la cuisine de la
    famille Pondard. Les bureaux de l’état-major se sont installés un peu partout ;
    quelques-uns sont dans les greniers. De nombreuses secrétaires et dactylos
    travaillent toute la journée, d’autres jeunes filles travaillent à la
    confection de milliers de brassards, de drapeaux et de fanions. Enfin, deux aumôniers
    sont à la Nouette depuis le 6 juin.
    « À la suite des
    télégrammes de Marienne, le commandant Bourgoin décide de se faire parachuter à
    Dingson, ainsi que le reste de son bataillon qui sera largué par groupes de dix
    hommes. Il arrive dans son bataillon la nuit du 9 au 10, en même temps qu’une
    cinquantaine d’hommes et avec une cinquantaine de containers pleins d’armes ;
    il est surpris par l’atmosphère de kermesse (l’expression est du colonel
    Bourgoin) qui règne à la Nouette ; il y a des lumières de tous les côtés. Des
    patriotes vont

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