Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
y a trois semaines pour régler une affaire à sa place et que celui-ci était bien rentré par le train de nuit. C’est à cette occasion qu’il a croisé sa première victime, la femme que nous avons repêchée quelques jours plus tard sur la fondamenta degli Incurabili.
    — Que s’est-il au juste passé hier soir au palais Cavalli ?
    — Le père Francesco a assommé le comte alors que Sa Majesté s’apprêtait à sortir. Ensuite, il l’a bâillonné et poussé sous son lit.
    — Parce qu’il avait besoin d’une invitation ?
    — Tu as tout compris. On n’a retrouvé le comte de Chambord qu’au petit matin. Par chance, il ne souffre que d’une plaie au front.
    — Je n’ai toujours pas compris pourquoi le père Francesco voulait tuer le colonel.
    — Il devait l’éliminer car Stumm von Bordwehr l’avait percé à jour, expliqua Tron en tenant un moment en suspens la grande cuillère avec laquelle il était en train de se resservir. Il y a deux ans, le père Francesco s’est retrouvé impliqué en même temps qu’un officier autrichien dans une sale histoire concernant une prostituée. C’est pourquoi la police militaire avait enquêté sur lui à l’époque. De là, le quartier général conservait un dossier à son nom. Donc, quand le comte de Chambord l’a engagé comme confesseur, on l’a prié d’établir un rapport régulier sur les activités de Sa Majesté.
    — Tu veux dire que l’armée a exercé un chantage ?
    Tron haussa les épaules.
    — Si tu veux. Un confesseur constitue évidemment une source de renseignements de tout premier ordre.
    — Depuis quand Stumm von Bordwehr savait-il que l’éventreur n’était autre que le père Francesco ?
    — Le colonel s’est entretenu avec lui après l’arrestation de Julien. À ce moment-là, le père Francesco a évoqué un détail qu’il ne pouvait pas connaître, un détail qui ne figurait ni dans la presse ni dans nos rapports. Un tout petit détail concernant la tentative de meurtre à San Giovanni in Bragora.
    — De quel détail veux-tu parler ?
    — De la clé volée dans la sacristie.
    — Les deux prêtres se connaissaient ?
    Tron hocha la tête.
    — On dirait bien. Quoi qu’il en soit, quand le colonel a voulu savoir comment il était au courant, le père Francesco s’est, paraît-il, embrouillé dans des déclarations contradictoires.
    — Donc, ce n’est pas Stumm von Bordwehr qui a déposé les rasoirs et les lanières dans l’armoire de Julien ?
    — Non, ce ne peut être que l’assassin.
    — Et le colonel lui a-t-il fait part de ses soupçons ?
    — Oui, répondit le commissaire. Seulement, le prêtre a répliqué qu’il n’avait aucune preuve contre lui, ce qui était tout à fait juste. En outre, le colonel n’était pas entièrement sûr.
    — Quand est-ce que cette conversation a eu lieu ?
    — Mardi après-midi.
    — Voilà donc pourquoi le père Francesco voulait tuer le colonel pendant le bal masqué.
    Tron acquiesça.
    — Oui, s’il avait réussi son coup, nous aurions pensé que Julien séjournait toujours à Venise et qu’il s’était vengé du colonel.
    — Sauf si Julien avait pu prouver qu’il avait quitté la ville depuis longtemps, objecta la princesse.
    — Dans ce cas, on aurait mis en doute son alibi. Je ne crois pas que les autorités militaires auraient rouvert le dossier.
    — Quelles sont les intentions du colonel à présent ?
    — Il veut prendre sa retraite, dit Tron. Son dernier acte en tant que militaire consistera dans la rédaction d’un rapport circonstancié.
    — Un rapport où il cherchera à se donner le beau rôle, je suppose ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Non, il n’a pas oublié que nous lui avons sauvé la vie. Il s’en tiendra à la vérité. Il m’a promis d’écrire que le mouchard qu’ils avaient engagé pour espionner le comte de Chambord n’était autre que l’éventreur. Et qu’il a lui-même échoué.
    — C’est très noble de sa part. Cela te surprend ?
    Le commissaire prit une mine songeuse.
    — Stumm von Bordwehr présente depuis le début une double personnalité. Un fou ombrageux et un officier doté d’un sens de la responsabilité irréprochable.
    — Tout comme le père Francesco, donc. Un prêtre et un assassin en une seule et même personne. Au fait, quelles conséquences ce dénouement a-t-il pour les statistiques ?
    — Les crimes des trois dernières semaines ne sont pas de notre

Weitere Kostenlose Bücher