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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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nombre les deux frères
Méjlaouk, Ivan et Valère, combattants de 1918 dans la région de la Volga, récemment,
l’un, commissaire du peuple à l’industrie lourde et président de la Commission
du Plan de l’État, l’autre, directeur de l’enseignement supérieur ; et le
chef des forces aériennes de l’URSS, le général Alksnis, un des signataires, avec
l’amiral Orlov (également disparu, mais depuis des mois) de la sentence de mort
du maréchal Toukhatchevski. On croit Alksnis fusillé, comme le créateur des
pentamoteurs soviétiques, l’ingénieur Tupolev [179] .
    Des membres de la commission gouvernementale qui a élaboré la
nouvelle Constitution, les plus marquants ne sont plus. Trente candidats – environ
– ont disparu en cours de candidature. Le chef a d’ailleurs pris soin de
préciser que l’épuration continuerait après les élections et qu’aucune immunité
n’en préserverait les élus, – bien que l’un des groupes les plus nombreux des
députés des chambres soviétiques soit celui des hauts fonctionnaires de la
police (60 mandats)…
    Pas un régime, dans les temps modernes, ne s’est acharné
ainsi à la destruction de ses propres élites dirigeantes. De quel prix l’histoire
fera-t-elle payer quelque jour ces hécatombes ?

1938

Espagne 1937 *
    1 er -2 janvier 1938
    L’année 1936 s’était close par l’étonnante résistance de
Madrid. Madrid, bombardée, Madrid aux enfants massacrés repoussa l’armée fasciste
parvenue jusqu’à sa banlieue même, dans la cité universitaire. Les généraux
victorieux se découvrirent vaincus. Les milices populaires, vaincues à Irun, vaincues
à Tolède, se découvrirent invincibles. Je n’ignore pas le rôle, dans ce
retournement de situation, des chars d’assaut et des avions soviétiques, de l’armement
mexicain, d’autres armes encore dont la discrétion commande de ne point parler.
Mais si, à la guerre, les hommes ne sont rien sans armes, les armes sont moins
que rien sans l’homme. Madrid fut sauvée, plusieurs fois sauvée, par les
milices ouvrières et par des volontaires ouvriers accourus du monde entier. L’année
1937 s’est achevée sur la victoire républicaine de Teruel. Là encore, et cette
fois dans l’offensive, des régiments formés d’ouvriers et de paysans ont vaincu.
Qui ont-ils vaincu ? Les généraux de leur pays, menant au combat tout ce
que la bourgeoisie et les classes moyennes comptent de réactionnaires actifs, disposés
à risquer leur peau pour défendre des privilèges indéfendables autrement que
par le coup de force. Les généraux, les techniciens, les légionnaires envoyés
de Rome et de Berlin pour implanter en Espagne un régime totalitaire.
    Et voilà le fait nu qui nous réconforte au seuil de 1938. En
dix-huit mois de guerre, après tant de tueries, de bombardements, de villes
décimées, de pauvres gens fusillés, de mensonges répandus à grands frais dans
toutes les gazettes du monde, après tant de torpillages, de conférences
diplomatiques, de menaces de guerre européenne, les puissances fascistes
enregistrent dans la péninsule ibérique un éclatant échec. Et pourtant, les
travailleurs d’Espagne n’ont pas eu la partie belle et ce n’est pas fini, loin
de là. En fait, ils ont subi à la fois la pression de l’ennemi avoué et celle
de l’ennemi inavoué, qui était, qui est encore derrière eux. Deux dictatures
totalitaires les attaquaient parce qu’ils représentaient l’avant-garde active, en
marche, du socialisme européen. Franco et ses pareils se fussent parfaitement
accommodés, n’en doutons point, d’une république réactionnaire, qui n’eût pas
menacé de toucher à la propriété. Mais dès octobre 1934, les Alliances
ouvrières, en s’insurgeant pour ne pas laisser escamoter le pouvoir par des
politiciens fascistes et fascisants – le coup de Hindenburg, von Papen, Hitler,
recommencé en douce, à Madrid avec le président Alcala Zamora, le premier
ministre Lerroux, le leader des droites Gil Robles – avaient témoigné d’une
force énorme et bien éveillée. S’agissait-il de la forme démocratique du
gouvernement ? Tant que cette forme au lieu de menacer les privilèges des
possédants sert à les perpétuer, on la trouve bonne. Quand elle risque de faire
passer les leviers de commande aux mains de ceux qui réclament la réforme
agraire, c’est-à-dire l’expropriation des seigneurs de la terre au profit des
paysans, et le contrôle

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