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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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dit-il, satisfait, quand la préparation eut fait l'effet escompté et qu'il estima l'estomac de l'Alsacienne débarrassé du somnifère.
     
    Le capitaine et Desteyrac, ayant joué sans dégoût les infirmiers, considéraient, maintenant un peu désorientés, la suivante d'Ottilia.
     
    – Comment une belle femme comme ça peut-elle avoir eu envie d'en finir avec la vie ? demanda Mark Tilloy que la nudité de Gertrude Lanterbach avait émoustillé.
     
    – Mon ami, les femmes se donnent plus fréquemment la mort que les hommes. Le plus souvent par noyade ou pendaison, et c'est en Angleterre qu'elles se tuent le plus. Chaque année, une trentaine sur un million, ce qui est beaucoup. La cause en est souvent une grossesse illégitime, conclut le médecin.
     
    – J'ose espérer que ce n'est pas le cas de Mlle Lanterbach, dit Charles, pensant à la relation que Gertrude entretenait avec Malcolm Murray.
     
    – Nous le saurons plus tard. Nous serons ce soir à Soledad et il y aura des personnes du beau sexe pour recueillir des confidences que les femmes ne font pas volontiers aux hommes. En attendant, mon bon Charles, laissez-lui votre lit. Qu'elle se repose. Et si elle se levait, empêchez-la de sortir. Ceux qui ratent leur suicide récidivent souvent dans les heures qui suivent, acheva Uncle Dave en quittant la chambre avec le capitaine Tilloy, qui se devait d'informer le commandant Colson de l'événement.
     
    Promu garde-malade, Charles Desteyrac se blottit dans un fauteuil et passa le reste de la nuit à guetter la respiration, devenue régulière, de la rescapée.
     

    À l'aube, la tempête se calma aussi soudainement qu'elle s'était levée et, dans le ciel délavé, des nuages effilochés s'enfuirent vers l'ouest, comme honteux d'avoir gâché la nuit de l'équipage et des passagers du Phoenix .
     
    Venu aux nouvelles, Uncle Dave secoua Gertrude jusqu'à ce qu'elle reprît conscience. Sans même s'étonner de l'endroit où elle se trouvait, l'Alsacienne s'assit dans le lit et se mit à pleurer.
     
    – Qu'elle pleure un bon coup, et attendons qu'elle parle. Ne l'interrogez pas ! ordonnait Uncle Dave au moment où Lewis Colson se présentait.
     
    Le fait qu'eût été perpétrée sur son bateau une tentative de suicide contrariait l'officier.
     
    – Je vais demander à Varina Cornfield de s'occuper de Mlle Lanterbach. C'est la seule femme du bord, dit-il avec autorité.
     
    – Oh non ! Je ne veux pas la voir ! Non ! Non ! s'écria, entre deux sanglots, Mlle Lanterbach.
     
    Les trois hommes échangèrent des regards interrogateurs, et Charles se souvint de sa conversation de la veille avec Varina Cornfield.
     
    – Je crois qu'elles ne s'apprécient guère, dit-il.
     
    – Très bien. Restons-en là. Mais je vais être obligé de vous faire accompagner dans votre chambre, mademoiselle, et je vous demanderai d'y rester sous surveillance jusqu'au débarquement. Nous toucherons Soledad cet après-midi. Ensuite, le docteur Kermor avisera, dit sèchement Colson.
     
    – Je ne le ferai plus. Je vous le promets ! gémit Gertrude, du ton de l'enfant fautif qui accepte la réprimande.
     
    – Je veux le croire, dit le commandant avant de se tourner vers Charles.
     
    – Puisque vous avez été contraint de recueillir Mlle Lanterbach, puis-je obtenir que vous ne la quittiez pas ? demanda Colson.
     
    – À vos ordres, commandant, dit Charles, marquant d'un sourire qu'il acceptait, ès qualités, l'autorité de son ami.
     
    Se retrouvant seul avec Gertrude, l'ingénieur se souvint qu'elle était nue sous les couvertures. Il lui tendit sa propre robe de chambre et se détourna tandis qu'elle s'en drapait. Il lui offrit ensuite son bras pour l'accompagner jusqu'à sa chambre. Marchant sur le pont, se tenant d'une main à la lisse, elle jeta en frissonnant un regard à l'océan qu'elle avait souhaité comme sépulture, et pénétra dans sa chambre où Charles la suivit.
     
    Tandis qu'elle s'apprêtait, il vit, par la fenêtre, se profiler à l'horizon la côte basse d'Eleuthera.
     
    – Nous allons retrouver Soledad dans quelques heures. Puisque lady Ottilia sera absente, vous pourrez venir à Valmy. Ma femme prendra soin de vous, et mon fils sera content de vous voir, Gertrude. Vous savez que, sur notre île, vous ne comptez que des amis, débita Charles, ne sachant trop que dire.
     
    L'Alsacienne, son sang-froid recouvré, n'était pas femme à s'apitoyer sur son sort. Ni

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