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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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place Vendôme, devant l’Hôtel de Ville.
    Le marquis de Mandat a été mis en état d’arrestation, accusé
d’avoir ordonné, si une « colonne d’attroupement s’avançait vers le
château, de l’attaquer par-derrière ».
    « C’est une infamie, crie-t-on, un prodige de lâcheté
et de perfidie. »
    On l’entraîne vers la prison de l’Hôtel de Ville. Et dès qu’il
apparaît sur les marches, on l’abat : coups de pistolet, coups de pique et
de sabre.
    Et les membres du Comité secret, les commissaires de chaque
section qui avaient été désignés dans la nuit, chassent la Commune légale, au
nom du salut public. Elle sera remplacée par une Commune insurrectionnelle, dans
laquelle Danton affirme son autorité. Santerre est nommé commandant de la garde
nationale à la place de Mandat. Et les cortèges se mettent en mouvement vers le
château des Tuileries.
    Il n’est pas encore neuf heures.
    Place Vendôme, de très jeunes gens jouent avec des têtes, les
jetant en l’air et les recevant au bout de leurs bâtons. Ce sont celles du
journaliste royaliste Suleau et de trois de ses amis.
    Un jeune homme est interpellé dans les Petits-Champs, on l’entoure,
on le menace. Il est habillé comme un « monsieur ». On l’oblige à
crier « Vive la Nation ! ». Il a un accent étranger.
    Il se souviendra qu’il a vu, ce vendredi 10 août, « des
groupes d’hommes hideux, que le château a été attaqué par la plus vile canaille ».
    Il se nomme Napoléon Bonaparte.
     
    Le « patriote Palloy », l’un des vainqueurs de la
Bastille, entrepreneur devenu riche en organisant la démolition – fructueuse – de
la citadelle, écrit de ce « peuple » en armes du 10 août :
    « Ce sont les sans-culottes, c’est la crapule et la
canaille de Paris, et je me fais gloire d’être de cette classe qui a vaincu les
soi-disant “honnêtes gens”. »
    Ils marchent vers le château. Ils s’emparent des postes qui
protègent les bâtiments. Ils approchent des portes. Il faut se réfugier à l’Assemblée,
répète Rœderer.
    Louis hésite. Il veut passer en revue la garde nationale. Il
descend seul au Carrousel. Et à chaque pas qu’il fait devant les compagnies
alignées, il est pénétré par une profonde, insurmontable lassitude.
    Il répète :
    « J’aime la garde nationale. »
    Il a l’impression qu’il n’a même plus assez de force pour
avancer.
    Un groupe de canonniers, les mêmes sans doute que ceux qui l’ont
déjà insulté, se met à le suivre en criant :
    « À bas le roi ! À bas le gros cochon ! »
    Toujours l’insulte.
    Il rentre.
    Rœderer insiste pour qu’on se place sous la protection de l’Assemblée.
    « Sire, le temps presse, dit-il. Votre Majesté n’a pas
d’autre parti à prendre. »
    Marie-Antoinette s’approche.
    « Nous avons des forces, martèle-t-elle. Personne ne
peut agir ? Quoi, nous sommes seuls ? »
    « Oui, Madame, seuls, répond Rœderer, l’action est
inutile, la résistance, impossible, tout dans Paris marche ! »
    « Marchons », dit Louis.
     
    On se dirige vers la salle du Manège.
    Rœderer guide ce petit cortège, le roi et sa famille. Des
feuilles mortes s’amoncellent dans les allées.
    Le dauphin joue avec elles.
    « Elles tombent de bonne heure cette année », murmure
Louis.

On passe au milieu de la foule qui forme deux haies hostiles.
Un citoyen lance, en se portant au premier rang :
    « Sacredieu, je n’entends pas que ce bougre de roi
aille souiller la salle de l’Assemblée ! »
    Il faut parlementer. L’officier de la garde nationale qui
protège le roi prend le citoyen par la main, le présente à Louis XVI :
    « Sire, voilà un galant homme qui ne vous fera pas de
mal. »
    « Je n’en ai pas peur », répond Louis.
    Le citoyen tend la main :
    « Touchez là, vous aurez pris la main d’un brave homme,
mais je n’entends pas que votre garce de femme aille avec vous à l’Assemblée, nous
n’avons pas besoin de cette putain. »
     
    Il est trop tard pour répondre, pour résister.
    Louis titube sous l’injure, s’assied près de Vergniaud à la
tribune de l’Assemblée.
    Les mots du Girondin – « Fermeté de l’Assemblée, ses
membres ont juré de mourir en soutenant les droits du peuple et les autorités
constituées » – sont comme une rumeur lointaine.
    C’est une station du calvaire.
    Il dit : « Je suis venu ici pour éviter un grand
crime. »
    On l’installe avec

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