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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’esprit
public, qui sous l’autorité de Roland doit influencer, orienter les
journaux. Ils sont tous patriotes, puisque la censure a été établie et que les
journaux monarchistes ont été supprimés. Le journaliste Suleau a été massacré, son
confrère Du Rosoi, arrêté, a été condamné à être guillotiné. L’Assemblée a créé
un Tribunal criminel extraordinaire, sous la pression de la Commune
insurrectionnelle. Les juges qui le composent ont été élus par les sections.
    Robespierre, qui a recueilli le plus de voix, devrait en
prendre la présidence. Il hésite, puis refuse :
    « Je ne peux être le juge de ceux dont j’ai été l’adversaire,
dit-il. J’ai dû me souvenir que s’ils étaient les ennemis de la patrie, ils s’étaient
aussi déclarés les miens. »
    Les Girondins l’accusent d’hypocrisie, de vouloir en fait
rester à la Commune afin d’occuper ce lieu de pouvoir. Des affiches sont
placardées, à côté de celles qui depuis le 11 août annoncent : « Le
roi est suspendu, sa famille et lui restent otages. »
    « Robespierre, y lit-on, est un homme ardemment jaloux.
Il veut dépopulariser le maire Pétion, se mettre à sa place et parvenir au
milieu des ruines à ce tribunal, objet continuel de ses vœux insensés. »
     
    Robespierre, sans qu’un trait de son visage tressaille, lit
et relit, avec une fureur maîtrisée qui le glace, ces accusations.
    Il n’attaquera pas, pas encore, ces Girondins auteurs de ces
accusations.
    Mais le soir, au club des Jacobins, d’une voix coupante, il
dit :
    « L’exercice de ces fonctions de président du tribunal
criminel extraordinaire pour juger les auteurs des crimes
contre-révolutionnaires était incompatible avec celles de représentant de la
Commune. Je reste au poste où je suis, convaincu que c’est là que je dois
actuellement servir la patrie. »
    On l’acclame.
    Il lit l’appel que vient de lancer la Commune :
    « Peuple souverain, suspends ta vengeance. La justice
endormie reprendra aujourd’hui tous ses droits. Tous les coupables vont périr
sur l’échafaud. »
     
    Les Jacobins l’ovationnent. « Plus de roi, jamais de
roi », crient-ils.
    On a conduit Louis Capet et sa famille au donjon du Temple.
    On a entassé toute la famille royale dans une voiture
traînée seulement par deux chevaux qui avançaient au pas, escortée par des
gardes nationaux, crosse en l’air.
    On a voulu qu’ils traversent Paris, qu’ils voient les
statues des rois renversées. Et on leur a dit que l’on a même brisé celle de
Philippe le Bel qui est dans Notre-Dame.
    « Louis-Néron » est resté impassible.
    Marie-Antoinette, cette nouvelle Agrippine, serre contre
elle son fils, et tout au long du trajet, qui a pris plusieurs heures, elle a
reçu en plein visage les insultes, les accusations, cette « putain et son
bâtard ».
     
    Autour d’eux la mort rôde.
    Les journaux patriotes l’appellent pour qu’elle frappe.
    Dans Les Révolutions de Paris, Robespierre lit :
« La patrie et le despotisme ont lutté ensemble un moment corps à corps. Le
despotisme avait été l’agresseur. Il succombe. Point de grâce, qu’il meure mais
pour ne plus avoir à recommencer avec cette hydre, il faut abattre toutes les
têtes d’un coup. Donnons dans la personne des Bourbons et de leurs complices un
exemple éclatant qui fasse pâlir les autres rois ; qu’ils aient toujours
devant eux et présent à leur pensée le fer de la guillotine tombant sur la tête
ignoble de Louis XVI, sur le chef altier et insolent de sa complice. Frappons
après eux tous ceux dont on lit les noms sur les papiers trouvés dans le
cabinet des Tuileries ; que tous ces papiers nous servent de listes de
proscriptions. Faut-il encore d’autres pièces justificatives ? Qu’attend-on ?
    « Mais, inconséquents et légers que nous sommes, nous
passons notre colère sur des bronzes, des marbres inanimés. »
    Ce n’est point les statues que l’on doit briser, mais des
têtes que l’on doit trancher.
     
    C’est l’avis de la Commune insurrectionnelle dont Danton est
le maître. Il exige.
    Les députés doivent prêter un nouveau serment. Il n’est plus
question de fidélité au roi. La Constitution de 1791 est abolie. Des élections
vont être organisées au suffrage universel aux fins d’élire une Convention
nationale qui, comme aux États-Unis, qui servent de modèle, rédigera une
nouvelle Constitution.
    Et d’ici là, les

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