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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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municipalités pourront emprisonner les « suspects »,
effectuer des « visites domiciliaires ». On ne fait plus d’abord
référence à la liberté.
    C’est l’an I de l’égalité qui commence.
    Et il faut prêter serment à la nation, à l’égalité sainte.
    Les prêtres qui s’y refusent, les réfractaires pourront être
aussitôt déportés en Guyane.
    Il faut traquer et réduire à l’impuissance les aristocrates
et leurs complices.
    À Paris, la Commune fait arrêter six cents suspects qui
rejoignent dans les prisons deux mille personnes qui déjà s’y entassent.
    Les femmes et les enfants d’émigrés sont considérés comme
des otages, et leurs biens placés sous séquestre.
     
    Il faut se défendre.
    On dit que les armées austro-prussiennes ont pris l’offensive,
appuyées par vingt mille émigrés. Ce même 19 août, La Fayette et vingt-deux
officiers de son état-major, après avoir tenté d’entraîner leurs troupes à
marcher sur Paris, sont passés à l’ennemi.
    En Vendée, en Bretagne, en Dauphiné, dans la région du Nord,
dans le Centre, dans le Sud-Ouest, et malgré l’envoi par la Commune
insurrectionnelle et le Comité exécutif de commissaires, on se dresse contre la
révolution du 10 août.
    On proclame son attachement au roi, on refuse de s’enrôler, pour
partir aux frontières. Dans le Maine et la Normandie, Jean Cottereau, dit Jean
Chouan, qui avec ses trois frères se livrait à la contrebande du sel, gagne la
forêt. On se rassemble autour de lui, on se reconnaît en poussant le cri du
chat-huant. On s’apprête à attaquer les gendarmes, à défendre les prêtres réfractaires.
    Et les nouvelles de ces résistances accroissent la peur et
la mobilisation dans ces quartiers de Paris – les faubourgs, le centre, le
Théâtre-Français, les portes Saint-Denis et Saint-Martin – où fermente l’esprit
sans-culotte, autour des sections des Quinze-Vingts, des Piques, du
Théâtre-Français.
    On s’arme.
    Les fers des grilles des Tuileries sont transformés en « piques
citoyennes ». On croit que huit cents hommes de la « ci-devant »
garde royale sont prêts à fondre sur Paris, pour y massacrer les patriotes.
    On crie à la trahison quand on apprend, le 23 août, que
Longwy est tombé aux mains des Prussiens. On s’insurge contre ces députés, ces
Girondins, ce ministre Roland, ces militaires qui envisagent de quitter Paris, qui
s’affolent à l’idée que les Prussiens ne sont qu’à quelques jours de marche de
la capitale, et qu’ils mettront à exécution les menaces annoncées dans le Manifeste
de Brunswick.
     
    Et puis dans Paris, il y a ceux – la plus grande partie de
la population – qui continuent de vivre en subissant les événements sans y
participer.
    Ceux-là ne se sont mêlés ni au cortège du 10 août, ni aux
combats des Tuileries, ni aux tueries.
    « Le massacre ne s’étendit guère hors du Carrousel et
ne franchit pas la Seine, écrit un témoin. Partout ailleurs je trouvai la
population aussi tranquille que si rien ne s’était passé. Dans l’intérieur de
la ville, le peuple montrait à peine quelque étonnement ; on dansait dans
les guinguettes. Au Marais où je demeurais alors, on n’en était qu’à soupçonner
le fait, comme à Saint-Germain. On disait qu’il y avait quelque chose à Paris, et
l’on attendait impatiemment que le journal du soir dît ce que c’était. »
    Mais d’autres sont stupéfaits.
    « La journée du 10 août change toutes les idées, toutes
les opinions des patriotes », écrit un membre du club des Jacobins, garde
national, acteur des événements mais comme un citoyen anonyme qui n’intervient
pas dans les débats, qui observe, à la fois emporté par le souffle
révolutionnaire et inquiet.
    « Nous voilà à recommencer, dit-il, c’est une nouvelle
Révolution qui annule celle de 1789. Il paraît décidé que la royauté sera
abolie, qu’on créera un régime républicain démocratique. Ce sera encore un
enchaînement de maux et de malheurs dont nous sortirons quand il plaira à Dieu…
Quel changement, Seigneur ! Qu’eût répondu Louis XIV, le 10 août 1715, peu
de jours avant sa mort, si on lui avait dit : “Sire, dans
soixante-dix-sept ans, la monarchie française sera détruite, le règne des
Bourbons sera fini en France ; vous êtes l’antépénultième roi de cette
antique dynastie.” »
    Ce citoyen-là est incertain.
    On arrête des « suspects ». On encercle

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