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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Joseph qui a regagné Vienne : « C’est
à vous que nous devons ce bonheur, car depuis votre voyage cela a été de mieux
en mieux, jusqu’à parfaite conclusion. Je compte assez sur votre amitié pour en
oser vous faire ces détails. »
    Lorsque la reine accouche d’une fille, Marie-Thérèse – qu’on
nommera Madame Royale –, le 19 décembre 1778, puis d’un fils Louis-Joseph en
1781 – mais il mourra en 1783 – et d’un second fils – le dauphin – en 1785 (une
fille née en 1787 décédera la même année), Louis manifeste sa joie.
    Dieu a voulu que la monarchie française se prolonge.
    L’ordre divin et l’ordre naturel se sont ainsi rencontrés
pour le bien du royaume de France et de ses souverains.
     
    Ces naissances, après la cérémonie du sacre, confortent
Louis dans la certitude de sa légitimité, que Dieu vient à nouveau de lui
confirmer.
    Il est le roi de droit divin et dès lors, c’est ce qu’il
décide qui est la « raison » du monde.
    Mais cela ne fait en rien disparaître cette fêlure du doute,
qui sur le terrain de l’action le rend hésitant.
    Cela renforce même son goût du secret, le droit qu’il s’attribue
de dissimuler ses pensées, de leurrer ses interlocuteurs, de désavouer des
ministres qu’il a d’abord soutenus.
    On l’a vu agir ainsi avec Turgot. Et même son mentor
Maurepas, qu’il a nommé chef du Conseil des finances après la disgrâce de
Turgot, en souffre :
    « Le roi se déforme tous les jours au lieu d’acquérir, confie
Maurepas à l’abbé Véri. J’avais voulu le rendre un homme par lui-même, quelques
succès me l’avaient fait espérer. L’événement me prouve le contraire et je ne
suis pas le seul à le remarquer car d’autres ministres me l’ont pareillement
observé… Souvent il m’échappe par son silence indécis sur des affaires
importantes et par des faiblesses inconcevables pour sa femme, ses frères et
ses alentours… »
    Et le frère de Marie-Antoinette, après son séjour à Paris, conclura :
    « Il n’est maître absolu que pour passer d’un esclavage
à l’autre… Il est honnête mais faible pour ceux qui savent l’intimider et par
conséquence mené à la baguette… C’est un homme faible mais point un imbécile :
il a des notions, il a du jugement, mais c’est une apathie de corps comme d’esprit. »
     
    Louis n’ignore pas ce que l’on pense de lui, mais il ne
cherche pas à détromper ceux qui le jugent sévèrement.
    Il hésite ? Il doute au moment de prendre ses décisions ?
    Mais au centre de sa personne il y a un bloc infrangible, des
certitudes sur lesquelles glissent les événements quotidiens. Si l’on veut
ébrécher, briser ce cœur de son caractère et de ses convictions, on n’y réussit
pas.
     
    Quand, en 1778, Voltaire fait un retour triomphal à Paris, du
Trianon de Marie-Antoinette aux salons de la Chaussée d’Antin, où Madame Necker
reçoit Marmontel et Grimm, l’abbé Raynal, Buffon et Diderot, et tous les
esprits « éclairés », on l’acclame.
    L’Académie française rend hommage au patriarche de
quatre-vingt-quatre ans, dont la pensée, les œuvres « illuminent » l’Europe,
de Londres à Berlin et à Saint-Pétersbourg.
    Mais Louis XVI malgré cette unanimité refuse de le recevoir.
    Il ne cédera ni à l’opinion de la Cour et de la Ville, ni à
Marie-Antoinette qui veut faire aménager une loge pour Voltaire, près de celle
du roi, à l’Opéra.
    Voltaire, dont Louis a acheté les œuvres qui figurent en
bonne place, dans sa bibliothèque, au-dessus de sa forge, et qu’il a lues, est
un ennemi de l’Église et donc de la monarchie de droit divin. Il ne reçoit pas
l’homme qui s’est donné comme but d’« écraser l’infâme », la Sainte
Eglise apostolique et romaine.
    C’est Madame Necker qui ouvrira une souscription, pour faire
ériger une statue de l’ermite de Ferney.
    Et à la mort de Voltaire, le 30 mai 1778, point de
célébration officielle, mais un enterrement loin de Paris, où, habilement, les
proches de l’écrivain obtiennent qu’il soit religieux, alors que dans la
capitale la hiérarchie de l’Église soutenue par Louis XVI était réticente.
     
    C’est dire que, pour ce qui lui semble essentiel, Louis XVI
ne transige pas, sait s’opposer à son entourage. Ne pas se confier à la reine, dont
il n’ignore pas qu’elle ne cache rien à l’ambassadeur d’Autriche.
    Or, les affaires étrangères sont le domaine

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