Révolution française Tome 1
révolution
de France , traduites en français en novembre 1790, et qui sont un
réquisitoire contre ce qui s’est accompli depuis 1789.
Pour la première fois, la voix d’un « contre-révolutionnaire »
se fait entendre avec force, influence l’opinion, et d’abord celle des
souverains et des aristocrates européens.
Aideront-ils par une intervention armée la cour de France à
retrouver son pouvoir ?
Louis a lu la lettre que Marie-Antoinette adresse au nouveau
gouverneur autrichien à Bruxelles, Mercy-Argenteau, qui fut longtemps son
conseiller à Versailles :
« Nous ne demandons à aucune puissance, écrit la reine
(à moins d’un événement pressant) de faire entrer leurs troupes dans ce pays-ci.
Nous désirons seulement qu’au moment où nous serions dans le cas de les
réclamer, nous pourrions être assurés que les puissances voudront bien avoir
des troupes sur leurs frontières bordant la France en assez grand nombre pour
servir de soutien et de ralliement aux gens bien intentionnés qui voudraient
nous rejoindre… »
La guerre.
C’est un mot que Louis retrouve aussi dans les propos de
Mirabeau que le comte de La Marck rapporte.
Le comte, député de la noblesse, voit dans la guerre civile
le seul moyen de rétablir l’autorité du roi et d’éviter que « la foule ne
devienne l’instrument aveugle des factieux ».
Et comme La Marck lui rappelait que le roi ne dispose pas d’argent
pour attirer des partisans, Mirabeau a répondu :
« La guerre civile se fait toujours sans argent et d’ailleurs
dans les circonstances présentes, elle ne serait pas de longue durée. Tous les
Français veulent des places et de l’argent ; on leur ferait des promesses
et vous verriez bientôt le parti du roi prédominant partout. »
Louis se lève, marche lourdement.
Même lors des chevauchées matinales, et même quand il traque
un cerf, il reste préoccupé.
Il se persuade chaque jour davantage que loin de s’apaiser, la
révolution s’approfondit, que les jours les plus sombres sont à venir.
Et que la haine se répand partout, comme une peste sociale
qui n’épargne personne. Les royalistes haïssent les Jacobins.
« Le Jacobin participe de la nature du tigre et de l’ours
blanc, écrit le journaliste Suleau. Il a l’air taciturne, l’encolure hideuse, le
poil ras ; féroce et carnassier, il égorge pour le plaisir d’égorger, aime
passionnément la chair humaine et vit dans un état de guerre perpétuelle avec
tout ce qui n’est pas de son espèce à l’exception des démocrates… »
Suleau cite les noms de Robespierre, Danton, Brissot, Marat,
Laclos.
Camille Desmoulins et Fabre d’Églantine seraient moins « carnassiers »,
plus démocrates…
Quant aux « patriotes » après avoir fait voter les
décrets sur la Constitution civile du clergé, exigé le serment des prêtres, la
fermeture des couvents, ils ridiculisent et pourchassent les « calotins ».
Les dames de la Halle fouettent les religieuses qui s’obstinent
à rester fidèles à leurs vœux.
On les voit, dénudées, représentées sur une gravure portant
pour légende : « D’après un relevé exact il s’est trouvé 621 fesses
de fouettées, total 310 culs et demi attendu que la trésorière des Miramines n’avait
qu’une seule fesse… »
Et les révolutionnaires suspendent des verges à la porte d’une
église située sur les quais, entre la rue du Bac et la rue des Saints-Pères, où
des « prêtres réfractaires » refusant le serment ont obtenu l’autorisation
de célébrer la messe : « Avis aux dévotes aristocrates, médecine
purgative distribuée gratis le dimanche 17 avril », préviennent-ils. Et la
police ne peut les empêcher de fouetter quelques femmes.
Au Palais-Royal, on brûle l’effigie du pape Pie VI qui a
condamné la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et, surtout, la
Constitution civile du clergé.
Nombre de prêtres qui avaient prêté serment – les prêtres
jureurs – se rétractent, deviennent eux aussi réfractaires. Et la « guerre »
entre les deux Églises, la haine entre les croyants qui suivent l’une ou l’autre,
devient un des ressorts majeurs des affrontements entre citoyens. Louis le
pressent d’abord puis le constate.
Et il est déchiré, comme fidèle catholique, d’avoir accepté
de sanctionner les décrets sur le serment des prêtres.
« J’aimerais mieux être roi de Metz que de demeurer roi
de
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