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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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France dans une position pareille, dit-il, mais cela finira bientôt. »
     
    Car il semble à Louis que ni lui ni le royaume ne pourront
supporter longtemps ce désordre, ces violences, cette remise en question de
tout ce qui a été bâti au cours des siècles, et même de l’Église de Dieu.
    Et ce n’est plus seulement les privilèges que l’on conteste,
mais les propriétés.
    « Je n’aime pas les rois mais j’aime encore moins les
riches », écrit un certain Sylvain Maréchal, auteur d’un livre intitulé L’Homme
sans Dieu .
    « Vous décrétez l’abolition de la noblesse, continue-t-il,
mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et
des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les
seconds de leurs livrées mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous
ne touchez point aux réalités… »
    C’est aussi ce que disent Marat et Robespierre.
    Et celui-ci est de plus en plus écouté au club des Jacobins.
    Un jeune homme de vingt-cinq ans, Saint-Just, lui écrit de
Picardie :
    « Vous qui soutenez la patrie chancelante contre le
torrent du despotisme et de l’intrigue, vous que je ne connais que, comme Dieu,
par des merveilles… Vous êtes un grand homme. Vous n’êtes point seulement le
député d’une province, vous êtes celui de l’Humanité et de la République. »
     
    Louis est atteint au plus profond de ses convictions par ce
qu’il est contraint d’accepter.
    Il s’interroge encore. Sur quelles forces peut-il compter ?
    On intrigue autour de lui, il le sait.
    Le duc Philippe d’Orléans, un temps exilé à Londres, vient
de rentrer à Paris, dans quel but, sinon de se présenter comme un successeur
possible des Bourbons ?
    Les frères de Louis, les comtes d’Artois et de Provence, ont
chacun leurs visées.
    La Fayette, malgré ses déclarations, ne peut être un allié
sûr.
    L’armée est déchirée par la rébellion des soldats contre
leurs officiers aristocrates.
    La garde nationale est « patriote », et hésite à
rétablir l’ordre parce qu’elle est ouverte aux idées des émeutiers.
    À Nancy, même les mercenaires suisses, du régiment de
Châteauvieux, se sont dressés contre leurs chefs.
    Et c’est le marquis de Bouillé – un cousin de La Fayette – qui
est venu depuis Metz, à la fin août 1790, rétablir l’ordre. La reconquête de
Nancy contre les Suisses, soutenus par les gardes nationaux et les Jacobins, a
fait près de quatre cents morts.
    Bouillé a châtié durement : quarante et un condamnés
aux galères, trente-trois exécutions capitales, pendus ou roués.
    L’Assemblée d’abord le félicite. La Fayette fait voter un
décret contre toute insubordination des soldats, et interdit les clubs dans les
régiments. Mais sous la pression des « enragés du Palais-Royal », des
journaux, du peuple des tribunes de l’Assemblée, ces mesures sont annulées ou
jamais appliquées.
     
    Faudrait-il quitter le royaume ? Et le reconquérir ?
    Louis ne peut même plus se tourner vers Mirabeau, mort le 2
avril 1791, et que trois cent mille Parisiens accompagnent à l’église
Sainte-Geneviève, devenue Panthéon, et où l’on se propose de déposer les
cendres de Voltaire.
    Ce Voltaire qui voulait « écraser l’infâme » et
auquel Louis n’a jamais accordé une audience.
    Et maintenant, Louis sanctionne les décrets que condamne le
pape et qui réalisent le souhait de Voltaire !
    Louis ne peut plus accepter cette abdication de soi.
    Fuir alors comme le souhaite Marie-Antoinette, que Louis se
reproche de mettre en danger, ainsi que leurs enfants.
    Mais quitter les Tuileries, où la famille royale s’est
réinstallée, ne sera pas aisé.
    Louis a la certitude que Marat et quelques autres ont percé
à jour ses intentions.
    Ainsi, Marat appelle le peuple à la vigilance :
    « Citoyens, armez-vous de haches et de piques ; grande
illumination pendant trois jours, forte garde autour du château des Tuileries
et dans les écuries. Arrêtez toutes les voitures qui voudraient sortir de Paris.
Visitez les vêtements de tous les officiers supérieurs de l’armée parisienne, de
tous les hommes qui ont l’air étranger, de tous les soldats… et si vous y
trouvez la cocarde blanche, poignardez-les à l’instant. »
     
    Louis sent que la tension, en ces premiers mois de 1791, est
à nouveau extrême, comme à la veille du 14 juillet et des 5 et 6 octobre 1789.
    Mais

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