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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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désormais, on parle de tuer les membres de la famille
royale. Il comprend, il approuve que ses tantes, Mesdames Adélaïde et Victoire,
filles de Louis XV, aient décidé d’émigrer.
    On leur a délivré régulièrement des passeports, mais la
garde nationale les arrête à Saulieu, puis à Amay.
    Le peuple s’est rassemblé autour de leur voiture, et ce n’est
que sur l’intervention du président des Jacobins de Dijon qu’elles sont
autorisées à poursuivre leur voyage.
     
    Mais la nouvelle, connue à Paris, déclenche une émeute.
    La foule veut démolir le donjon de Vincennes, qu’on dit
destiné à être utilisé comme une nouvelle Bastille. La Fayette disperse les
émeutiers, puis, aux Tuileries, il fait arrêter des nobles qui se sont
rassemblés, portant poignards et épées pour défendre le roi.
    La garde nationale désarme ces « chevaliers du poignard »,
soupçonnés de vouloir favoriser l’évasion du roi.
    « Il fallait voir tous ces messieurs, raconte un témoin,
sortir des appartements royaux entre une haie de gardes nationaux, soldés et
volontaires, qui les conspuaient, moquaient, battaient, souffletaient au cul et
au visage avec de grands éclats de rire et sans qu’un seul d’entre eux n’ose
rétorquer ou répondre… »
     
    Louis est humilié une nouvelle fois.
    Il n’a pu défendre l’honneur de ceux qui étaient prêts à
mourir pour lui.
    Il est hanté par cette dernière phrase prononcée par
Mirabeau, et recueillie par l’évêque Talleyrand qui le veillait :
    « J’emporte avec moi les derniers lambeaux de la
monarchie. »
    Louis ne veut pas être le fossoyeur de sa dynastie. Il est
au bout du chemin. Il a choisi.
    Il écrit au marquis de Bouillé, le félicite d’avoir rétabli
l’ordre à Nancy, après cette « fête de la Fédération qui a empoisonné les
troupes ».
    « Soignez votre popularité, lui mande Louis, elle peut
m’être bien utile et au royaume. Je la regarde comme l’ancre de salut et que ce
sera elle qui pourra servir un jour à rétablir l’ordre. »
    Il fait parvenir au roi d’Espagne une lettre dans laquelle
il déclare qu’il ne reconnaît pas la Constitution civile du clergé, qu’il a
pourtant sanctionnée. Mais, dit-il, il est le fils fidèle de l’Église et du
souverain pontife.
    Il adresse les mêmes missives à Catherine II, à l’empereur
et au roi de Suède.
    Et Marie-Antoinette lui transmet la réponse de l’impératrice
de Russie :
    « Les rois doivent suivre leur marche sans s’inquiéter
des cris des peuples, comme la lune suit son cours sans être arrêtée par les
aboiements des chiens. »
     
    Mais le peuple de France, Louis ne l’ignore pas, sait faire
entendre ses cris !
    Henri IV, et même Louis XIV, ont dû l’écouter.
    La Bastille a été détruite par ce peuple. L’Assemblée
nationale a, le 21 septembre 1790, décrété que le drapeau tricolore serait
partout substitué au drapeau blanc.
    Des clubs se sont créés, Jacobins, Cordeliers, Cercle social.
    À l’Assemblée, lors de la discussion sur les droits des
princes allemands en Alsace, le député Merlin de Douai a déclaré :
    « Aujourd’hui les rois sont reconnus pour n’être que
les délégués des nations… Qu’importent au peuple d’Alsace et au peuple français
les conventions qui dans les temps du despotisme ont eu pour objet d’unir le
premier et le second ? Le peuple alsacien s’est uni au peuple français
parce qu’il l’a voulu… »
    Et par la voix du député de la Corse, Saliceti, les Corses
ont choisi dès le 30 novembre 1789 de faire partie de la France. Et les
habitants du Comtat Venaissin, les Avignonnais, sujets du pape, ont formulé le
même vœu.
    En même temps, l’Assemblée a dans un décret affirmé « que
la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire
des conquêtes et déclare qu’elle n’emploiera jamais ses forces contre la
liberté d’aucun peuple ».
    Mais que devient le pouvoir sacré du souverain, si le roi n’est
que le « délégué » de la nation ?
    Que devient la responsabilité que Dieu lui a confiée, et que
le sacre a manifestée ?
    Et où est ma liberté ? s’interroge Louis.
    Et que devient ma foi ?
     
    Le 17 avril 1791, jour des Rameaux, Louis décide d’assister
dans sa chapelle à la messe dite par un prêtre réfractaire. Et aussitôt un
garde national en avertit le club des Cordeliers qui s’indigne, « dénonce
aux

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