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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sombre pour la monarchie. Il faut la
transmuter en journée de gloire pour le roi.
    Louis sait que depuis des mois, dans toutes les provinces, on
se rassemble en « fédérations ». On y crie, comme en Bretagne : « Vivre
libre ou mourir. »
    Et l’idée est née, de faire une fête de la Fédération, à
Paris, rassemblant des délégués de tous les départements, des gardes nationaux
représentant leurs régiments.
     
    C’est l’enthousiasme.
    On construit un arc de triomphe.
    Des femmes, des hommes, de toutes conditions travaillent à
aplanir le Champ-de-Mars, à dresser des gradins en terre, à préparer le
rassemblement d’au moins 300 000 personnes.
    La foule chante en travaillant avec ferveur.
    Elle entonne :
    Les aristocrates à la lanterne
    Les aristocrates on les pendra.
    mais aussi un Ça ira allègre :
    Celui qui s’élève on l’abaissera
    Et qui s’abaisse on l’élèvera
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira !
    Temps sombre le 14 juillet. Il pleut souvent par fortes
averses et le cortège, parti à sept heures du matin de la Bastille, arrive à
trois heures au Champ-de-Mars. Un pont de bateaux a été installé pour lui
permettre de traverser la Seine.
    Sur une plate-forme de six mètres de haut se trouve l’autel
de la Patrie, entouré de deux cents prêtres portant des rubans tricolores. Le
roi, la reine et la Cour pénètrent par l’École militaire dans une galerie
couverte ornée de draperies bleu et or.
    L’évêque d’Autun, Talleyrand-Périgord, entouré de quatre
cents enfante de chœur en blanc, célèbre la messe.
    La Fayette prête serment de rester fidèle à la nation, à la
loi, au roi.
    Les canons tonnent, les tambours roulent. « Vive La
Fayette ! »
    Le roi s’avance mais ne va pas jusqu’à l’autel. Il dit :
    « Moi, Roi de France, je jure à la nation d’employer
tout le pouvoir qui m’est délégué par la loi constitutionnelle de l’État, à
maintenir la Constitution et à faire exécuter ses lois. »
    On l’acclame. La reine soulève son fils, le montre au peuple.
    Et celui-ci crie : « Vive la reine ! », « Vive
le dauphin ! ».

     
     
    22
    Louis, au château de Saint-Cloud, où la famille royale est
rentrée au soir de ce 14 juillet 1790, s’interroge.
    Que valent ces acclamations du peuple qui ont accompagné le
carrosse du roi, tout au long de la traversée de Paris, alors que sous les
averses, la foule continuait de festoyer ?
    Louis est perplexe, exténué, comme si ce serment qu’il a
prêté, et auquel le peuple a répondu en lui jurant fidélité, avait été une épreuve
aux limites de ses forces. Et de même, Marie-Antoinette a paru épuisée, ne
recommençant à parler et à sourire au dauphin que lorsque le carrosse est
arrivé dans la cour du château.
    Ici, à Saint-Cloud, on échappe à la foule, à la surveillance
qu’elle exerce aux Tuileries, aux questions, aux injures et aux assauts qu’elle
peut lancer.
    Mais c’est le même peuple qui a crié : « Vive le
roi ! », « Vive la reine ! », « Vive le dauphin ! ».
    Comment se fier à lui, comment l’apaiser ? Est-ce
possible ?
    Ou bien faut-il fuir ?
    Les questions lancinantes reviennent.
    Fersen continue de les poser.
    Il a assisté à la fête de la Fédération.
    « Il n’y a eu que de l’ivresse et du bruit, dit-il, orgies
et bacchanales, la cérémonie a été ridicule, indécente, et par conséquent pas
imposante. »
    Louis ne répond pas. Il songe que demain dès l’aube il
chassera, et il espère qu’il débusquera du gros gibier, qu’il rentrera épuisé
après plusieurs heures de course, ayant oublié ces questions dont on le harcèle.
     
    Et dans les jours qui suivent, il chasse furieusement, mais
à peine descend-il de cheval que son frère le comte de Provence, la reine, ou
tel de ses ministres, Saint-Priest ou la Tour du Pin, l’interpellent, évoquant
ces articles de Marat, lui tendent ce journal, L’Ami du peuple , dont l’audience,
dit-on, s’accroît.
     
    Chaque phrase de Marat est comme un coup de hache.
    Il critique la fête de la Fédération, ce piège, cette
illusion qu’on a offerte au peuple.
    « Vous avoir fait jurer fidélité au roi, dit-il, c’est
vous avoir rendu sacrés les ennemis qui ne cessent de conspirer sous son nom
contre votre liberté, votre repos, votre bonheur. »
    Louis a l’impression que Marat trempe sa plume dans le sang.
    Il brandit chaque article comme une tête au bout d’une

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