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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’enlèvement de
Louis XVI. Et aux Jacobins, il attaque les députés, les Barnave, les Duport, les
La Fayette, les Lameth.
    « Ils ont dans vingt décrets appelé la fuite du roi un
enlèvement. Voulez-vous d’autres preuves que l’Assemblée nationale trahit les
intérêts de la nation ? »
    II rappelle qu’il a fait voter, le 16 mai, une loi selon
laquelle aucun des députés de l’Assemblée constituante ne pourra être élu dans
la future Assemblée législative.
    Il avait voulu ainsi exclure ces députés modérés qui ne sont
que « modérément patriotes ».
    « Je soulève contre moi tous les amours-propres, dit-il.
J’aiguise mille poignards et je me dévoue à toutes les haines. Je sais le sort
qu’on me garde… Je recevrai presque comme un bienfait une mort qui m’empêchera
d’être témoin des maux que je vois inévitables. »
    Les Jacobins se dressent : « Nous mourrons tous
avec toi ! », « Nous jurons de vivre libres ou mourir ! »
crient-ils.
    Mais Barnave intervient, et c’est sa motion qu’on vote :
    « Le roi égaré par des suggestions criminelles s’est
éloigné de l’Assemblée nationale. »
    Cependant dans les rues, aux carrefours, au Palais-Royal, des
orateurs clament les propos de Robespierre. Camille Desmoulins les diffuse. Ils
enflamment le jeune Saint-Just. Certains veulent que Robespierre soit proclamé « dictateur ».
     
    L’opinion s’embrase.
    « On peut se passer de roi », crie-t-on.
    Dans les faubourgs, on dit qu’il faut saigner « le gros
cochon », « Louis le faux ».
    On efface, on arrache les effigies du roi, de la reine, des
princes !
    On apprend que le comte de Provence, frère du roi, s’est lui
aussi enfui, mais que Philippe duc d’Orléans s’est inscrit au club des Jacobins.
    On soupçonne des intrigues, des manœuvres, le duc remplaçant
le roi, un Orléans un Bourbon.
    Mais on n’accorde guère attention à cette hypothèse.
    On écoute et amplifie les rumeurs selon lesquelles les
armées autrichiennes marcheraient sur Paris.
    Puis on se précipite aux Tuileries où tous les appartements
sont ouverts. On ne vole rien. Seul un portrait du roi disparaît, et on déchire
les exemplaires des journaux royalistes, Les Actes des apôtres, L’Ami du roi, trouvés sur un guéridon. Et on se retire quand les scellés, à deux heures
de l’après-midi ce mardi 21 juin, sont posés.
    Après, dans les mes, on passe au noir de fumée les mots « roi »
ou « royal ».
    « Le soir, note un témoin, dans le jardin des Tuileries
et celui du Palais-Royal, on faisait d’un air tranquille et rassuré les motions
les plus injurieuses au roi et à la royauté. Imaginez ce que l’on peut dire de
plus avilissant vous serez encore au-dessous. »
    On entend : « Capet est assez gras pour ce que l’on
veut en faire ! »
    « On fera des cocardes avec les boyaux de Louis et d’Antoinette
et des ceintures avec leurs peaux. On réclame leurs cœurs et leurs foies pour
les cuire et les manger. »
    Sur une pancarte accrochée aux grilles, on lit : « Il
a été perdu un roi et une reine, récompense honnête à qui ne les retrouvera pas. »
    « Le roi s’est détrôné », commente un évêque
constitutionnel.
    Et Gouverneur Morris évoque « la nature basse et
cruelle du roi. Il est brutal et hargneux. Il n’est pas étonnant qu’un pareil
animal soit détrôné ».
     
    L’Ami du peuple et Le Père Duchesne sont
impitoyables.
    « Voici le moment de faire tomber les têtes des
ministres et de leurs subalternes », écrit Marat.
    « Bougre de lâche ! Foutu tartufe ! Je savais
que tu n’étais qu’une bougre de bête, mais je ne te croyais pas le plus
scélérat, le plus abominable des hommes », martèle le Père Duchesne.
    Pourtant, l’Assemblée dans sa majorité s’inquiète de cette « nouvelle
révolution » qui semble commencer.
    Il faut éviter ce saut dans l’inconnu. Maintenir contre l’évidence
que le roi a été enlevé, qu’il pourrait être suspendu, mais non détrôné.
    La Fayette, qui envoie des courriers dans toutes les
directions pour se saisir de la famille royale afin de la ramener à Paris, ne
parle dans les ordres qu’il donne que de roi enlevé.
    Mais Le Père Duchesne écrit :
    « Bougre de Capet, tu seras trop heureux si tu ne
laisses pas ta tête sur l’échafaud… Ah je me doute bien que tu vas encore faire
le bon apôtre et que secondé des jean-foutre du Comité de

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