Révolution française Tome 1
Frédéric-Guillaume
II se réunissent et déclarent qu’ils considèrent « la situation du roi de
France comme un objet d’intérêt commun », que les armées autrichiennes et
prussiennes vont franchir les frontières.
On sait que le marquis de Bouillé a conçu, fort de sa
connaissance des forteresses françaises, un plan d’invasion.
La vérité, au contraire, est que l’empereur d’Autriche et le
roi de Prusse ont bien pris garde de ne s’engager que s’il y a unanimité de
toutes les puissances.
« Alors et dans ce cas »… écrivent-ils, renvoyant
à une date indéterminée une invasion… improbable dans ces conditions.
Mais Louis sait que ce jeu est dangereux pour la famille
royale. Que les émigrés, les royalistes, en saluant l’empereur et le roi de
Prusse comme des sauveurs, excitent la haine des « enragés du Palais-Royal ».
Qu’Artois et Provence se conduisent en Caïn.
Et Louis craint cette politique du pire, dont lui, la reine,
ses enfants paieraient le prix.
Et elle n’a pour résultat que de renforcer le club des
Jacobins, qui même s’ils ont perdu tous les députés ralliés au club des
Feuillants, ont gardé la plupart de leurs simples adhérents, et Maximilien
Robespierre est l’homme que l’on écoute, que l’on suit.
Robespierre s’est installé chez Maurice Duplay.
Cet entrepreneur de menuiserie vit dans sa maison de la rue
Saint-Honoré, entouré de sa femme, de ses trois filles et de son fils.
« Nous aimons Maximilien comme notre frère », dit
l’une d’elles, Élisabeth.
En fait, on l’admire, on le vénère. Un député du tiers état,
La Révellière-Lépaux, qui lui rend visite, s’étonne.
« Robespierre recevait des hommages, chez les Duplay, tels
ceux qu’on rend à une divinité… Lui-même, bien peigné et poudré, vêtu d’une
robe de chambre des plus propres s’étalait dans un grand fauteuil devant une
table chargée des plus beaux fruits, de beurre frais, de lait pur et de café
embaumé. Toute la famille, père, mère et enfants cherchaient à deviner dans ses
yeux tous ses désirs pour les prévenir à l’instant. »
Mais Maximilien n’est pas resté caché dans la maison des
Duplay.
Alors que Danton, Camille Desmoulins, Marat, bien d’autres
ont quitté Paris ou se terrent, Robespierre s’est rendu à l’Assemblée dès le 22
juillet, « le teint pâle, les yeux enfoncés, le regard incertain et
farouche ».
Et au début du mois d’août il rédige une Adresse au
Peuple français.
Dans les jours qui suivent, il bénéficie de la reparution
des journaux – comme Le Patriote français de Brissot – qui le
soutiennent.
Car après la peur et la crainte de voir l’Assemblée
poursuivre avec détermination les « républicains », ceux-ci
constatent qu’elle hésite.
Elle a besoin, pour obtenir du roi qu’il approuve la
Constitution révisée, des « patriotes exaltés » qui menacent le
souverain.
Le ciment de l’alliance Barnave – La Fayette -Louis XVI, c’est
la crainte de la « populace », des partageux », des « enragés,
du Palais-Royal », peu respectueux des lois.
Mais Robespierre est prudent comme un chat, et l’on commence
à le comparer à ce félin.
« Nous ne sommes pas des facétieux, dit-il. Si quelqu’un
a osé soutenir qu’il m’a entendu conseiller réellement la désobéissance aux
lois, même les plus contraires à mes principes, je le déclare le plus impudent
et le plus lâche de tous les calomniateurs. »
Mais il est implacable lorsqu’il intervient à la tribune de
l’Assemblée pour dénoncer ceux – Duport, Barnave – qui, pour obtenir l’accord
du roi, acceptent de réviser la Constitution de manière à satisfaire, en partie,
le souverain.
Les mots de Robespierre cinglent ces Feuillants qui, il y a
quelques semaines seulement, étaient encore membres des Jacobins.
« Je ne présume pas, commence Maximilien, qu’il existe
dans cette Assemblée un homme assez lâche pour transiger avec la Cour, un homme
assez perfide, assez ennemi de la patrie, assez imprudent pour oser avouer aux
yeux de la nation qu’il n’a cherché dans la révolution qu’un moyen de s’agrandir
lui-même. »
Le « peuple » des tribunes l’acclame, bravant les
règlements qui, depuis quelques jours, interdisent toute manifestation dans l’enceinte
de l’Assemblée.
Et les approbations redoublent quand, pointant son doigt, Robespierre
ajoute :
« Si, pour
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