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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de tête tous les mouchards de Blondinet [La Fayette] et
Blondinet lui-même ont été impuissants. »
    Hébert, Le
Père Duchesne, avril 1792

     
     
    26
    Louis hausse les épaules, puis se voûte et reste ainsi les
yeux mi-clos, comme écrasé.
    Il avait pensé que, en acceptant la Constitution révisée, il
regagnerait l’amour du peuple, et que les députés élus à l’Assemblée nationale
législative, dont la première session s’est tenue le samedi 1 er octobre
1791, seraient prêts à reconnaître les pouvoirs qui lui étaient concédés.
    Ils étaient sept cent quarante-cinq, et seulement cent
trente-six inscrits au club des Jacobins, deux cent soixante-quatre adhérents
au club des Feuillants, et trois cent quarante-cinq formant à eux seuls presque
une majorité indépendante qui vote au gré des événements, des acclamations des
tribunes du public, de ses sentiments.
    Et dès le 5 octobre, après avoir entendu un discours de
Couthon, un député inconnu, homme de loi à Clermont-Ferrand, paralytique, qu’on
dit Jacobin et affilié au club des Cordeliers, un « exagéré » donc, l’Assemblée
décrète que le roi ne sera plus appelé « Sire » et « Majesté »,
qu’il disposera non d’un trône mais d’un siège quelconque, et que les députés
pourront être assis en sa présence.
    Peu importe que, le lendemain, la même Assemblée ait annulé
sa décision de la veille, et que des députés aient crié : « Vive le
roi ! »
    Louis ne s’en satisfait pas.
    Ces votes contradictoires montrent que l’Assemblée est à l’image
du pays, divisée, et que la Révolution que Louis avait voulu croire parvenue à
son terme continue.
    Louis a lu ce qu’écrit Mallet du Pan, dans le Mercure de
France, et que confirment les courriers que Louis reçoit de toutes les
provinces – il bute sur le mot de département – du royaume.
    « Où la Constitution est-elle appliquée ? s’interroge
Mallet du Pan.
    « Est-ce à Toulon au milieu des morts et des blessés
qui se sont fusillés à la face de la municipalité ébahie ? Est-ce à
Marseille où deux particuliers ont été assommés et massacrés comme aristocrates,
sous prétexte qu’ils vendaient aux petits enfants des dragées empoisonnées pour
commencer la contre-révolution ?… Est-ce à Arles, à Toulouse, à Nîmes, en
Dauphiné, où rixes et émeutes sont fréquentes ? Ou à Avignon ? Là, à
la nouvelle du décret d’annexion à la France, les “aristocrates”, dans l’église
des Cordeliers, en présence d’une foule immense, persuadée qu’un miracle s’accomplit,
que la Madone pleure, massacrent sur l’autel le maire patriote après l’avoir
mutilé. En représailles, les “patriotes” remplirent d’aristocrates le Palais
des Papes, et en tueront au moins une soixantaine. »
    Et partout en France les émeutes dans les marchés n’ont pas
cessé. Les fermes sont envahies par des bandes de vagabonds.
    À Rochefort, à Lille, violences, refus de changer son argent
en assignats, cette monnaie de fait qui chaque jour perd de sa valeur.
    Impossibilité pour les municipalités de déployer le drapeau
rouge de la loi martiale.
    À Paris, sur six cent mille habitants, on compte cent mille
pauvres, des dizaines de milliers d’indigents, qu’on a renvoyés des ateliers
nationaux.
    Partout l’on désobéit. On pille. On demande la taxation des
denrées.
    Louis n’a pas répondu à Marie-Antoinette quand elle a dit :
    « Il n’y a que le prix du pain qui les occupe. »
    C’est bien plus que cela dont il s’agit ! Louis le
pressent.
    Il a décidé de se promener souvent à cheval dans les divers
quartiers de Paris.
    N’a-t-il pas accepté d’être le roi des Français, et monarque
constitutionnel ?
    Il veut savoir quel accueil le peuple lui réserve.
    Et il a durement ressenti l’indifférence, presque méprisante,
de ce peuple qui lève à peine la tête lorsque passe le roi.
    Et rue Montmartre les marchandes d’herbes et de marée ont
crié « Le gros sot ! », « Le gros sot ! ».
    On dit que les Jacobins avaient payé ces harengères.
    Elles ont insulté le roi, voilà ce que Louis retient.
    Et il comprend, sans l’approuver, Marie-Antoinette lorsqu’elle
dit : « Tous les dangers possibles plutôt que de vivre plus longtemps
dans l’état d’avilissement et de malheur où je suis. »
    Mais Louis craint cette « guerre civile » qui
conduit comme à Avignon, à Rouen ou à Caen à des

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