Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
d’assignats en circulation seront
retirés, remplacés par des « mandats territoriaux ». Mais pourquoi
les citoyens feraient-ils confiance à cette nouvelle monnaie-papier ?
    Pourquoi souscriraient-ils l’emprunt de six cents millions
que lance le Directoire ?
    Le libraire Ruault, observateur toujours lucide, ne s’étonne
pas de cet insuccès.
    « Le Directoire répand de temps en temps, écrit-il, des
homélies très civiques pour réchauffer les cœurs et leur redonner du ton en
patriotisme, mais c’est la voix qui crie dans le désert. Elles n’ont pas plus
de succès que l’emprunt de six cents millions en numéraire. Le Directoire ne
dissimule son embarras ni aux jeunes [le Conseil des Cinq-Cents] ni aux vieux [Conseil
des Anciens] ni à personne au monde !
    « La machine des finances crèvera dans les mains de ses
directeurs avec un fracas épouvantable. On ne voit point de remède à ce mal. »
    Et plein d’une amertume désespérée, Ruault conclut :
    « La France n’est qu’une plaie, pas un endroit sain
dans tout le corps politique, ses gouverneurs marchent à tâtons comme dans une
cave et n’ont de lumière que derrière eux. »
     
    En fait, les Directeurs à l’exception de l’austère et
rigoureux Carnot, sauvé le 9 Thermidor de l’arrestation parce qu’il a été
reconnu comme l’organisateur de la victoire, et de son « double »
Letourneur, se soucient d’abord d’eux-mêmes.
    Lorsqu’ils apparaissent en grand costume de satin, avec
leurs dentelles, leurs écharpes, leurs glaives, leurs bas de soie, les souliers
à bouffettes et le chapeau rouge à panache, ils suscitent les moqueries, car
personne n’est dupe de cette « mascarade luxembourgeoise », comme on
dit dès le premier jour.
    Personne ne les respecte.
    Barras, roi de la République, est un noble corrompu, régicide
et terroriste enrichi. Il place ses maîtresses, Joséphine de Beauharnais, Thérésa
Tallien – l’une dans le lit de Bonaparte, l’autre dans celui de l’agioteur
munitionnaire Ouvrard. Ainsi, il accroît son influence.
    Barras est un cynique « flibustier », qu’attirent
encore les Jacobins, comme si le régicide qu’il est ne voulait pas couper tout
lien avec la Révolution, car il craint toujours une restauration monarchique
qui ferait pendre haut et court les régicides.
    Mais en dehors de cette inquiétude – et peut-être a-t-il
sollicité de Louis XVIII une absolution –, chacun sait que « Barras jetterait
par la fenêtre la République dès demain si elle n’entretenait ses chiens, ses
chevaux, ses maîtresses, sa table, sa salle de jeu ».
     
    Les autres Directeurs sont des inconnus.
    Reubell, avocat alsacien colérique, est l’un des artisans de
l’annexion de la Belgique et de la rive gauche du Rhin. Il parle avec arrogance,
jure qu’il faudrait « mettre les députés contre-révolutionnaires dans un
sac et les jeter à la rivière ».
    La Révellière-Lépeaux, ancien Girondin, s’occupe des
questions religieuses. Il veut fonder une « religion naturelle ». Il
voudrait détruire la papauté tout en étant hostile à l’unification de l’Italie.
    Ces Directeurs ont en commun de vouloir combattre les « factions
extrêmes », à la réserve près qu’étant tous régicides, ils sont de « farouches
républicains ». Ils l’affirment dans la Proclamation au Peuple français datée du 14 brumaire an IV (5 novembre 1795).
    « Le Directoire, écrivent-ils, a la ferme volonté de
livrer une guerre active au royalisme, de raviver le patriotisme, de réprimer
toutes les factions, d’éteindre tout esprit de parti, d’anéantir tout désir de
vengeance, de faire régner la concorde, de ramener la paix, de régénérer les
mœurs, de rouvrir les sources de la production, de ranimer l’industrie et le
commerce, d’étouffer l’agiotage, de donner une nouvelle vie aux arts et aux
sciences, de rétablir l’abondance et le crédit public, de remettre de l’ordre social
à la place du chaos inséparable des révolutions, de procurer enfin à la République
française le bonheur et la gloire qu’elle attend. »
     
    Les Directeurs désirent en finir avec la Révolution et ses
désordres.
    Ils veulent être les arbitres au-dessus des factions.
    « Il y a trois partis bien prononcés, écrit l’un des
commissaires du Directoire, les royalistes avec les fanatiques, les anarchistes
et les vrais républicains. Le troisième a combattu et contenu

Weitere Kostenlose Bücher